Médecin-psychiatre à l'AP-HP, Jean-Victor Blanc est fan de pop-culture. Auteur du livre Pop & Psy aux éditions Plon et créateur du podcast "Psycho Pop" sur la plateforme Majelan, il interroge les représentations souvent erronées des différents troubles psychiques et pathologies mentales à l'écran et dans la culture populaire.
A l'occasion de la journée mondiale de sensibilisation sur les troubles bipolaires, Pop & Psy permet de poser un regard différent sur la représentation de ce trouble psychique à l'écran. A travers la fascination qu'il exerce dû à la difficulté de son diagnostic, le trouble bipolaire a souvent été montré de manière maladroite, parfois glamourisé, ou même utilisé comme un trait caractéristique de personnages malveillants : on pense ainsi au film d'horreur Misery dans lequel un écrivain est séquestré par une fan obsessionnelle (Kathy Bates).
Anciennement appelé psychose maniaco-dépressive, le trouble bipolaire est une maladie chronique caractérisée par une alternance de phases d’expansion de l’humeur, appelées phase de manie ou d'hypomanie, suivie par une baisse de l’humeur appelée phase de dépression.
Dans sa définition clinique, on en distingue deux types : le type I, caractérisé par la présence d’au moins un épisode maniaque, et le type II, caractérisé par la présence d’au moins un épisode hypomaniaque avec au moins un épisode dépressif majeur.
Si des séries à succès s'en sont emparées très tôt, à l'instar d'Homeland et de son héroïne Carrie Mathison en 2011, le film Happiness Therapy, sorti en 2012, permet à son tour de poser un regard plus juste sur les troubles bipolaires. Dans cette comédie romantique réalisée par David O. Russell, le héros, incarné par Bradley Cooper, entame un processus de reconstruction après un diagnostice de trouble bipolaire. Il fait alors la rencontre d'une jeune femme (Jennifer Lawrence), également atteinte d'un trouble psychique suite à un deuil.
Même si le film utilise la maladie mentale des deux personnages comme des ressorts caractéristiques propres à servir l'intrigue amoureuse, Jean-Victor Blanc juge le film plutôt juste dans sa représentation, notamment lorsqu'il montre les réactions des proches des deux héros lorsqu'ils traversent des phases de crise, et en interrogant l'accompagnement des personnes bipolaires à la sortie de l'hôpital psychiatrique lorsqu'ils reviennent dans un cadre familial.
"Pour les proches, accompagner un patient atteint de trouble bipolaire n’est pas toujours évident. Comprendre qu’il s’agit d’une maladie et que certains comportements en phase d’excitation ou de dépression en sont des symptômes, et non du « cinéma », est déjà un premier pas" souligne-t-il.
Une manière de sensibiliser et d'éduquer les accompagnants et proches de personnes atteintes de troubles bipolaires, grâce à une représentation plus optimiste et proche de la réalité, que le film parvient à décrire à travers un genre populaire du cinéma hollywoodien.
Plus récemment sur le petit écran, la très réussie saison 3 de la série ado SKAM France aborde le trouble bipolaire à travers le personnage d'Eliott (Maxence Danet-Fauvel), en prenant le point de vue d'un autre personnage, Lucas (Axel Auriant) qui tombe amoureux de lui sans avoir connaissance de son trouble psychique. Une manière d'appréhender cette pathologie de façon juste et empathique par le biais d'une relation amoureuse mise à l'épreuve par les épisodes maniaques et dépressifs du jeune homme.
Pop & Psy est disponible en librairie aux éditions Plon
Le podcast "Psycho Pop" est à découvrir sur l'application Majelan, disponible sur iOS ou Android (49,99€ par an ou 6,99€ par mois, avec 7 jours d'essai offerts)