L'actrice Sean Young règle ses comptes, à grands coups de sulfateuse. Icône des années 80, révélée au grand public dans son inoubliable rôle de Rachel dans le film culte Blade Runner, tête d'affiche chez David Lynch dans Dune ou chez Oliver Stone dans Wall Street, la comédienne décoche ses flèches dans une interview fleuve accordée au site Daily Beast. Elle accuse nommément des talents hollywoodiens de renom, une poignée "d'hommes puissants et terriblement vindicatifs" comme elle le dit, d'avoir sabordé sa carrière et même de l'avoir blacklistée, parce que réputée - entre autres - ingérable.
Précisant au journaliste du Daily Beast qu'elle "rendait les hommes nerveux et sans raison particulière" dans les années 1980, Sean Young dit qu'elle a toujours été franche avec les gens, jusqu'à ce qu'elle découvre que cette même franchise a pu être largement interprétée comme offensante ou agressive. "Ça n'était pas mon intention. Je le suis seulement devenue plus tard, quand j'ai commencé à être en colère. Il s'agissait de ma carrière. Vous ne pouvez pas me blacklister comme ça ! C'est terrible !"
Et l'intéressée de revenir sur le tournage de Blade Runner. Le scénario prévoyait plusieurs scènes d’amour avec Harrison Ford. Mais en refusant les avances de Ridley Scott, Young se serait retrouvée dans une situation difficile sur le tournage.
"Ridley Scott voulait sortir avec moi. Il a essayé à plusieurs reprises, de manière insistante, mais je n’ai jamais voulu. Puis il a commencé à fréquenter Joanna Cassidy, l’interprète de Zhora. Je me suis sentie libérée. Mais le moment des scènes d’amour est arrivé. Ridley me lance ce qui ressemble à un grand doigt d’honneur, en demandant à ce que ces scènes soient agressives. Je me suis demandée pourquoi faut-il qu’il agisse comme ça? C’était une revanche puérile et lamentable".
Young explique que Ridley Scott ne l'a plus jamais engagée. Et lorsque son personnage est revenu dans Blade Runner 2049, ce fut un caméo hologramme de 30 secondes à l'écran. "C'était vraiment merdique" lâche-t-elle. "Mais je n’ai rien pu faire. Ils savaient que le public serait frustré si je n’apparaissais pas. Et je devais me taire. J’ai signé un contrat juteux et ils ont offert 30 secondes à mon personnage. Ils ont même donné un job à mon fils Quinn dans les effets visuels. Et moi j’ai accepté".
Souvenirs acrimonieux
La comédienne, âgée de 61 ans, égrène comme un chapelet d'autres souvenirs acrimonieux, comme celui d'Etat de Choc en 1988. Peu après le tournage, son partenaire à l'écran, James Woods, déposa une plainte contre elle, pour harcèlement. Mais l'acteur fut débouté de sa plainte, et condamné à rembourser à l'actrice ses frais d'avocats. Lorsque le journaliste lui demande pourquoi Woods était si vindicatif à son encontre, elle répond "qu'elle a appris qu'une personne rationnelle ne pourra jamais comprendre une personne irrationnelle. C'était tellement fou et stupide, et une perte de temps non seulement pour moi, mais pour lui. Pourquoi avoir détourné toute l'attention du film là-dessus ?"
Le Daily Beast cite également une interview donnée en 2009, entre l'acteur Carl Reiner et elle, dans laquelle Reiner explique que la réputation de l'actrice a été injustement salie par un fameux réalisateur. Quand il lui est demandé s'il s'agit de Warren Beatty, qui aurait coupé son rôle dans Dick Tracy après qu'elle a refusé ses avances (ce que l'intéressé a démenti), elle répond : "Warren était définitivement l'un d'entre eux. Steven Spielberg en était un autre".
Sean Young décrocha presque le rôle de Marion Ravenwood sur le tournage des Aventuriers de l'Arche perdue, finalement endossé par Karen Allen. Young explique qu'elle aurait offensé et énervé Spielberg au cours d'une soirée de nouvel an, en lui demandant pourquoi elle n'avait pas eu le rôle. "Il était comme "Je ne vous ai jamais fait croire cela ! C'est faux ! Et moi j'ai répondu quelque chose du style : "Wow, calmez-vous ! Je n'ai pas dit que vous étiez quelqu'un de méchant ou quoi que ce soit d'autre, je pensais juste que j'allais avoir le rôle. Vous m'avez fait venir deux fois en Californie". Il est très susceptible".
Le souvenir du tournage de Wall Street est aussi douloureux. "Charlie Sheen prenait beaucoup de cocaïne et était affreux", évoquant alors la fois où ce dernier avait écrit le mot "salope" sur un bout de papier qu'il avait attaché dans le dos de la comédienne. Oliver Stone ? "Un salopard", qui aurait raboté son rôle après qu'elle a pris la défense de Daryl Hannah, qui ne sentait pas à l'aise du tout avec une jupe inconfortable. "J'ai regardé Oliver et je lui ai demandé : "pourquoi veux-tu qu'elle porte une robe dans laquelle elle n'est pas du tout à l'aise pour tourner ? Il m'a répondu : "peux-tu nous laisser une minute ? Je me suis levé et j'ai quitté la caravane [de tournage]. Puis nous faisons les répétitions, et là il prend ma seule réplique dans la scène, celle où Bud parle des courses de chevaux, pour la donner à Daryl".
Ajouté à cela le fait que l'actrice refusa les avances d'Harvey Weinstein en 1992 alors qu'elle tournait un film du nom de Love Crimes qu'il produisait pour le compte de sa société Miramax, et qu'il lui aurait fait payer son refus d'avoir une relation sexuelle avec lui.
Sean Young dresse un triste tableau d'une carrière qui s'est mise selon elle à dérailler très tôt, même si elle ne tarit pas d'éloges concernant par exemple Jim Carrey, qui s'était battu selon elle pour qu'elle joue à ses côtés dans Ace Ventura, détective chiens et chats, alors même que la société de production, Morgan Creek, voulait quelqu'un d'autre. "C'est le seul à avoir jamais fait ça pour moi" dit la comédienne.