Vous avez vécu, comme le reste de l'équipe d'Un Si grand Soleil, l'arrivée des contraintes sanitaires sur le tournage.
Yvon Back : C'est presque déjà ancien maintenant ! On avait arrêté pendant le premier confinement, et quand on a repris le tournage début juin, c'était un peu curieux les deux premières semaines mais on s'habitue à tout. On a une force d'adaptation incroyable ! Même si dans les scénarios il y a encore parfois des indications de mise en scène où les personnages doivent s'approcher et s'embrasser. C'est écrit, mais on ne le fait pas ! On a des astuces après pour respecter la prophylaxie : c'est une question d'axe de caméra, on arrive à faire illusion.
Clément Becker est présent dans la quotidienne depuis début 2019. Qu'est-ce qui a changé pour lui avec du recul, par rapport à son statut initial de super-intendant du commissariat ?
Le principe même du feuilleton, vu qu'il s'écrit en même temps qu'il se tourne, c'est que les auteurs ont une vision à court terme au départ, ils attendent de voir comment est incarné ce qu'ils écrivent. Moi au début, quand je suis arrivé, je n'avais pas de parcours avec un début, un milieu et une fin, ce qui est le cas dans une fiction classique. Je ne savais pas où il allait ! Donc je le jouais de façon un peu droite, un peu rigide, et et avançant j'ai mis un peu de moi dans Becker. J'ai essayé d'apporter plus de nuance, un peu d'humour... Même si nous sommes très différents, il s'est un peu rapproché de moi.
Entre Manu, qui est plutôt sanguin, et Alex, qui est plus dans l'empathie, Becker incarne l'autorité, le respect de la procédure...
Il y a de ça, et c'est aussi propre à son rôle de commissaire, il gère des équipes. Il est très différent dans sa vie privée, dans ce qu'on a pu tourner avec Janet. C'est quelqu'un qui a pas mal de monde sous ses ordres, donc il est dans un rôle. Ce qui est le plus intéressant, c'est quand il y a un peu d'aspérités dans les séquences, de choses moins lisses... Sinon on s'ennuie et les spectateurs aussi ! Donc il y a des tensions avec Manu, comme il est un peu borderline, ça l'emmerde, Becker, parce qu'il l'aime bien ! Il a tendance à vouloir protéger ses hommes donc il est toujours un peu troublé quand ça part en vrac.
Son sens du devoir risque d'être bientôt mis à l'épreuve, alors que Manu a décidé de couvrir Elsa en la cachant chez lui, et en faisant obstruction à l'enquête en cours...
L'année dernière il me semble, on avait eu des moments comme ça entre Manu et Becker. Mais pour l'instant, de ce qu'on a tourné, Becker a des soupçons. Il se doute de quelque chose, mais pour l'instant rien de fiable. Je ne sais pas comment il va réagir s'il découvre ce qui se passe, mais sans doute mal puisqu'il n'est pas question de couvrir un truc pareil. Becker n'est pas quelqu'un qui magouille, il est très légaliste, mais son lien avec ses hommes se heurte parfois à ses principes. Or dans la police, il y a des choses qu'il faut respecter. Le droit, par exemple. Si l'on veut le faire respecter, il faut d'abord qu'on se l'impose à soi !
Avez-vous des consultants de la police qui vous conseillent pour la véracité de vos enquêtes ?
Pas pour les comédiens, mais c'est peut-être le cas pour les auteurs. En revanche, les figurants que l'on voit dans le commissariat sont souvent des vrais flics ! Ils viennent sur leur temps libre faire quelques cachets, et du coup nous parlent, ils nous racontent un peu ce qu'ils pensent de ce qu'ils voient. Et ça peut parfois nous aider. Quand je tournais sur Enquête réservée à Marseille c'était pareil, toute la figuration c'était pour la plupart des flics qui venaient en dehors de leur service. Ils pouvaient nous parler de leur vécu, de leur expérience à eux. Après dans la fiction, on s'éloigne parfois de la vérité selon les différentes histoires.
Peut-on s'attendre à une future intrigue centrée sur sa relation avec Janet (Tonya Kinzinger) ?
J'ai beaucoup tourné entre septembre et octobre sur Un Si Grand Soleil, parce qu'en plus du commissariat j'avais justement des choses à faire avec Janet car Clément n'allait pas très bien. Mais je suis là tout le temps, en fait, parce que même quand on ne s'occupe pas de lui dans sa vie extra-professionnelle, il y a toujours des enquêtes, le policier a une part très importante dans la série. J'ai beaucoup tourné dernièrement avec Franck Adrien, qui joue le procureur Garnier, sur des histoires d'indics. Becker sera plongé dans des problématiques personnelles, qui dépassent le cadre pur du commissariat et des enquêtes policières. Des choses lui sont arrivées dans le passé, qui le font culpabiliser, et donc il va beaucoup être présent dans les prochains épisodes.
Votre trio s'est agrandi l'an dernier avec l'arrivée d'Elise, jouée par Malya Roman. Qu'a-t-elle changé ?
Oui, Elise est en train de nouer une relation un peu filiale avec Becker. C'est la petite jeune qui arrive et qu'il prend sous son aile. Et c'est vrai que le commissariat était très testostéroné avant cela ! Il y a Rebecca Truffot aussi, qui joue Stéphanie, il commence à y avoir un peu plus de filles, ça rééquilibre un peu et puis ça crée des humeurs et des ambiances de plateau différentes, que j'aime bien personnellement.
Quels sont vos prochains projets, en marge d'Un Si Grand Soleil ?
J'ai tourné dans Le Diable au Coeur de Christian Faure, qui va être diffusé le 9 décembre. Je reste dans un rôle de notable puisque je joue un juge (rires), mais c'est un genre très différent. C'est un unitaire, un thriller... C'est très différent parce que ce n'est pas du tout la même approche dans le travail, mais j'étais très content de le faire. C'est le troisième film qu'on fait ensemble avec Christian Faure, Zabou Breitman avec qui j'étais ravi de travailler, et puis des gamins qui sont au coeur de l'actualité, Félix Lefebvre qui joue mon fils et qui était dans le dernier film d'Ozon, et Maxence (Danet-Fauvel). Deux garçons qu'on voit beaucoup en ce moment !