C'est l'un des évènements cinéma de cette année particulière. Mank, le onzième long métrage de David Fincher, est disponible sur Netflix, six ans après la sortie en salles de Gone Girl. Ce biopic en noir et blanc, centré sur Herman J. Mankiewicz, ressuscite l'âge d'or hollywoodien pour revisiter les frictions entre le scénariste et Orson Welles, qui prépare son chef-d'œuvre, Citizen Kane. En projet depuis de nombreuses années, le film est une œuvre spéciale pour le réalisateur de Seven puisqu'elle honore la mémoire de son père, Jack Fincher.
Ce dernier, journaliste de profession, décide, début des années quatre-vingt-dix, d'écrire un scénario. C'est son propre fils qui lui souffle l'idée d'un script sur Herman J. Mankiewicz. Depuis sa tendre enfance, le metteur en scène partage de longues conversations avec son père sur l'art du cinéma. L'histoire de Mank, qui raconte, entre autres, la difficulté pour un écrivain d'exister à côté d'un mégalomane, s'inscrit dans cette passion commune.
Apprendre des difficultés
Les conflits derrière la caméra, David Fincher ne les connaît que trop bien après sa douloureuse expérience sur son premier long métrage, Alien³ - dont il renie aujourd'hui la version définitive. Depuis cette situation chaotique, il admet avoir "une vision différente des rapports de travail entre les scénaristes et les réalisateurs", comme il l'explique dans un entretien accordé au média américain Vulture.
Quelques années passent et Mank prend forme. Le scénario de Jack Fincher est prêt et les équipes tentent de lancer la production aux alentours de 1997 et 1998, avec Kevin Spacey et Jodie Foster au casting. Finalement, le projet tombe à l'eau. David Fincher tourne bien avec Jodie Foster, mais dans Panic Room, sorti en 2002. Le scénario de Mank est mis de côté et Jack Fincher tombe gravement malade. "Il a passé la dernière année de sa vie en chimiothérapie et à parler du film, se remémore le cinéaste. Mais c'était certain à ce moment-là qu'il ne serait plus là pour le voir."
Le bon moment
Après deux saisons de Mindhunter, série à succès sur Netflix, les dirigeants de la plateforme veulent en savoir plus sur les prochaines idées de David Fincher. C'est en relisant le scénario qu'il prend conscience de son écho avec le monde d'aujourd'hui : "C'était posé là depuis tout ce temps et c'est devenu tellement plus urgent maintenant." Pour le réalisateur, Mank n'aurait pas été compris de la même manière s'il avait été fait il y a vingt ans, en particulier sur le thème des fake news, sujet important de ce nouveau film et qui fait sens avec l'actualité politique. C'est grâce à cette carte blanche que ce projet familial voit le jour, dix-sept ans après la mort de son père.
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