De quoi ça parle ?
Retour sur les combats menés par le colonel et futur général de brigade Felix L. Sparks et le 157ème régiment d'infanterie d'Oklahoma lors de la Seconde Guerre mondiale jusqu'à la libération du camp de Dachau, régiment composé à majorité de cow-boys texans, d'amérindiens et de mexicano-américains.
Ca ressemble à quoi ?
Hommage aux disparus
Si en France, le 11 novembre est un jour férié, dédié depuis 1922 au souvenir des combattants de la Grande Guerre de 14-18, c'est également cette même date, mais quatre ans plus tard, que les Etats-Unis ont retenu pour commémorer le Veterans Day, rendu férié en 1938. Et c'est précisément cette date qu'a choisi Netflix pour rendre disponible sur sa plateforme cette mini série The Liberator.
Réalisée par Jeb Stuart (scénariste, entre-autre, de Piège de cristal, 48h de plus et du Fugitif), elle devait initialement prendre la forme de huit épisodes tournés en Live Action, avant de devenir in fine une mini-série de quatre épisodes (respectivement de 46, 48, 45 et 56 minutes). Basée sur l'ouvrage historique écrit par Alex Kershaw, The Liberator: One World II Soldier's 500-Day Odyssey, elle suit donc le périple authentique de ce régiment d'infanterie sur les théâtres d'opérations de la Seconde guerre mondiale, depuis le débarquement en Sicile en 1943 jusqu'à l'horreur des camps d'extermination, en passant par la terrible bataille d'Anzio, l'une des plus dures du conflit, qui devait créer une brèche dans la ligne fortifiée allemande du nom de "Gustav". Sans oublier l'engagement du régiment dans la glaciale bataille des Ardennes, où la Werhmacht jetait toutes ses dernières forces dans une ultime tentative de retourner l'issue de la guerre.
En fait, le périple douloureux et héroïque de ces soldats rappelle, à bien des égards, celui qui était au coeur de la fantastique série Band of Brothers, diffusée à l'époque sur HBO et OCS; mais qui tenait quant à elle sur dix épisodes. Ici, outre un format plus court, c'est surtout la forme qui retient l'attention. Cette série animée a en effet été réalisée grâce à un procédé baptisé Trioscope Enhanced Hybrid Animation, qui donne à l'ensemble un aspect très Comic Book.
Sous cette appellation un brin barbare et très technique se cache en réalité un procédé très avancé qui fut ce que l'on a désigné autrefois sous le terme de Rotoscoping. Un Procédé employé pour la première fois par Ralph Bakshi dans son film Heroic Fantasy culte pour adulte Tygra : la glace et le feu, en 1983, ainsi que dans sa version animée du Seigneur des Anneaux. Plus récemment (enfin, 2006 tout de même), ce procédé fut utilisé par Richard Linklater pour A Scanner Darkly, adaptation d'une fameuse nouvelle de Philipp K. Dick, Substance mort.
Le choix de cette technique est avant tout pour des raisons économiques, tant la production de The Liberator, qui fut au départ destinée à la chaîne History Channel, a été chaotique, avec notamment le décès en mars 2019 de Michael Lynne, producteur délégué de The Liberator. La version live de huit épisodes, initialement prévue et présentée à la chaîne dès 2013, avait un coût exhorbitant : 15 millions $ par épisode d'une heure, et une production de 14 mois.
Mise en sommeil durant plusieurs années, suite notamment au départ du PDG de la chaîne, Dirk Hoogstra, et parce que History Channel n'aimait pas la nouvelle approche animée, elle doit son salut au travail acharné de A+E Studios, et à Netflix, qui a accepté de produire The Liberator pour la diffuser sur sa plateforme. Tournée en Pologne et emmenée notamment par Bradley James sous les traits du colonel Félix L. Sparks, The Liberator est à découvrir.
Tant qu'à parler de cet homme illustre, on complètera un peu le propos en ajoutant cette vidéo : il s'agit d'une poignante (et très longue !) interview réalisée en 1994 par la USC Shoah Foundation, créée par Steven Spielberg peu après la sortie de La Liste de Schindler, dont le travail consistait notamment à recueillir la parole de victimes et témoins sur l'Holocauste. Ce qu'il raconte sur Dachau commence à environ 1h d'interview.