De quoi ça parle ?
Claude a tout réussi dans sa vie : son mariage, sa carrière… Maire de sa ville, il se destine à devenir sénateur. Pour Lucas, son petit-fils adoré, la vie est bien moins souriante : ses parents divorcent, il n'est pas bien dans sa peau, et il accuse un jour son grand-père de viol. Leurs deux vies basculent alors jusqu'à ce que la vérité éclate enfin, quinze ans plus tard...
Ecrite et réalisée par Vincent Garenq d'après l'Affaire Iacono. Diffusée dès le lundi 5 octobre sur France 2. 4 épisodes vus sur 4.
à quoi ça ressemble ?
C'est avec qui ?
Quatre ans après Au nom de ma fille, inspiré de l'affaire Kalinka, le réalisateur Vincent Garenq retrouve l'acteur star Daniel Auteuil pour une nouvelle fiction judiciaire basée sur une histoire vraie, qui est aussi la première série depuis 40 ans de celui que l'on connaît pour ses prestations inoubliables dans L'Adversaire, Caché ou Le Huitième Jour. Face à lui, le public aura le plaisir de retrouver le jeune comédien Victor Meutelet, récemment à l'affiche de la série TF1 Grand Hotel, vu auparavant dans Le Bazar de la charité et Plan Coeur. Les fans des séries d'avant-soirée de M6 pourront également compter sur Charlie Bruneau et Grégoire Bonnet des programmes En famille et Scènes de Ménages dans des rôles plus sérieux.
ça vaut le coup d'oeil ?
Bien avant le mouvement #MeToo et la libération de la parole sur le harcèlement sexuel et le viol, l'Affaire Iacono, très médiatisée dans les années 2010, a passionné les Français et fait figure, encore aujourd'hui, d'exception tant elle est unique en son genre. C'est sans doute pour son originalité que France 2 a dit oui à ce projet de version fictionnelle, sobre et rigoureux, librement inspiré du livre de Christian Iacono sorti en 2016 après une longue bataille judiciaire qui a abouti à son acquittement. En avril 2009, l’ex-maire de Vence avait été condamné à neuf ans de prison "pour viol et agressions sexuelles" sur son petit-fils, lequel s'était ensuite rétracté à la surprise générale. On peut toutefois s'interroger sur l'envie de raconter cette histoire aujourd'hui, qui plus est sur le service public, alors que la parole des victimes est encore trop souvent remise en question et recueillie avec méfiance par les autorités et la société selon plusieurs enquêtes.
Si cette mini-série remarquable, développée avant #MeToo, a parfaitement sa raison d'être et qu'il ne s'agit pas de dire que certaines histoires ne devraient pas être racontées, il ne faudrait pas qu'elle fasse oublier que 165 000 enfants sont victimes de viols et de violences sexuelles chaque année en France et que leurs histoires à eux sont bien moins souvent entendues à l'heure actuelle, particulièrement dans le format sériel. Il ne faudrait pas non plus qu'elle contribue, bien malgré elle, à décrédibiliser cette parole si précieuse. On note toutefois que France 2 vient d'achever la diffusion d'une autre mini-série exemplaire, Laetitia, qui creuse en profondeur la domination masculine et les violences et le silence qu'elle engendre dans notre société. Elles se révèlent finalement très complètementaires et essentielles.
Le Mensonge parvient, avec la même humanité et la même justesse, à faire de cette affaire si complexe et ambigüe un récit sur la famille, l'héritage traumatique, le manque d'amour, la froideur de la mécanique judiciaire, le poids de la pression médiatique aussi, en équilibrant toujours les points de vue. Son format, particulièrement malin, se concentre lors des deux premiers épisodes sur la période des accusations, alors que Lucas est enfant, et les deux derniers sur l'époque du procès alors qu'il est devenu adulte. Sans surprise, Daniel Auteil est impeccable dans la peau de cet homme qui sait rester digne malgré la vindicte populaire, tandis que Victor Meutelet obtient là le rôle le plus fort de sa jeune carrière, qu'il incarne avec beaucoup de sensibilité. Le dernier épisode, absolument bouleversant, offre également à Charlie Bruneau une partition puissante. Le Mensonge est une des propositions les plus fortes de cette année télé.