D’origine syrienne, Nora Hamzawi naît à Cannes et grandit à Paris. Après des études avortées de droit, elle suit une formation de communication au Celsa tout en étant inscrite au Cours Florent. Cherchant sa voie et sur les conseils d’une amie, elle décide de se lancer dans l’écriture de son premier spectacle en 2009 qu’elle autoproduit et joue lors de sa dernière année d’études. Malgré ce nouvel élan donné à sa vie, la jeune femme continue d’être dans un entre-deux, enchaînant les CDI tout en arpentant les scènes des petits cafés théâtres : « Je voulais toujours être comédienne, mais avec une sorte de volonté molle. Je rêvais qu’un jour un pygmalion me découvre et croie en moi. Mais évidemment, rien ne se passait ».
Ses cinq passages dans l’émission de Laurent Ruquier, On n’demande qu’à en rire, où elle essuie les vives critiques de Jean Benguigui (« Il m’a vraiment humiliée, en disant que je ne savais rien faire, même pas porter une robe »), lui ouvre les yeux. Elle décide de ne plus dépendre du désir des autres et abandonne son CDI pour se consacrer pleinement à l’écriture. Un choix payant puisque son spectacle, Harmonie hormonale, affiche complet. Elle est repérée à la fois par Yann Chouquet, le directeur des programmes de France Inter, et son producteur actuel, Jean-Philippe Bouchard. Grâce à lui, elle accède à des salles plus grandes et part en tournée.
En 2013, elle fait ses débuts à la télévision avec la pastille « Le Oh Oh de Nora » dans Le Before du Grand Journal sur Canal+, tout en démarrant une carrière à la radio sur France Inter dans On va tous y passer puis La Bande originale. Une expérience qu’elle adore et qui lui permet d’élargir son public mais qu’elle abandonne pour se consacrer à son spectacle suivant : « France Inter a beaucoup aidé à guérir mon complexe intellectuel de mauvaise élève qui n’a rien lu et manque de culture ». Elle acquiert une notoriété de plus en plus grande en rejoignant en 2014 Le Grand Journal en tant que chroniqueuse puis Quotidien de 2016 à 2019.
Tout en enchaînant les spectacles seule sur scène où elle épingle les névroses de notre époque, Nora Hamzawi part à la conquête du grand écran, tout d’abord en évoluant dans les univers barrés de Benoît Forgeard et Antonin Peretjatko. Elle apparaît ensuite dans des comédies populaires (Pension complète, Boule & Bill 2) mais elle peine à trouver des projets qui lui plaisent et dans lesquels elle se sent légitime. Sa rencontre avec Olivier Assayas pour Doubles vies change la donne : « Ce film là, ce rôle-là, m’a retiré certains complexes et aussi certaines idées reçues que j’avais sur le « cinéma d’auteur ». Je me suis sentie plus légitime et je me suis aperçue que les choses pouvaient se passer simplement, sans douleur sans forcer quoique ce soit ».
Cette expérience lui permet d’aborder plus sereinement le tournage d’Éléonore, en salles depuis mercredi, qui dresse le portrait d’une jeune femme en pleine crise existentielle. Il s’agit son premier grand rôle au cinéma, qui lui permet par ailleurs de tourner sous la direction de son frère, Amro Hamzawi : « le tournage a été très intense émotionnellement. A la fois c’était fluide, joyeux et naturel de jouer pour son grand frère et à la fois je me disais si je fais mal je vais lui gâcher son projet. »
On retrouvera bientôt l’actrice à l’affiche d’Un hiver en été de Laetitia Masson et CE2 de Jacques Doillon.