Josep (2020)
L'histoire
Février 1939. Submergé par le flot de Républicains fuyant la dictature franquiste, le gouvernement français les parque dans des camps. Deux hommes séparés par les barbelés vont se lier d’amitié. L’un est gendarme, l’autre est dessinateur. De Barcelone à New York, l'histoire vraie de Josep Bartolí, combattant antifranquiste et artiste d'exception.
Ce qu'il faut savoir...
Figurant dans la prestigieuse liste Label cannes 2020, Josep est un premier long métrage réussi, qui mêle l'intime et le politique avec délicatesse et un coup de crayon gracieux. Ce qui rend le film particulièrement intéressant est la façon dont l’ambiance et le style graphiques du film évoluent en fonction des étapes de la vie de Josep, qu'il s'agisse du traitement du trait du dessin (dessin à la plume, au crayon ou au feutre, voire l’absence de trait) que celui de la couleur (matières, palette de couleurs). Le film nous invite ainsi à traverser les époques, multipliant les allers-retours chronologiques (en l'occurrence 5 époques en tout) et de s'approcher de l’esprit du travail de Josep Bartolí pour chaque époque. Le réalisateur s'en explique : "si Bartolí a dessiné au crayon dans les camps, sans une once de couleur, il s’est par la suite révélé à la couleur à Mexico aux côtés de Frida Kahlo. Puis il s’est peu à peu libéré d’un traitement dessiné pur pour aller, l’âge avançant, vers des œuvres peintes sans « trait », privant ses sujets de contour, ne gardant plus que les masses et les couleurs..." Précisons qu'Aurel, réalisateur de Josep, est dessinateur de presse (Le Monde, Le Canard Enchaîné). Il a publié une vingtaine d’ouvrages dont deux BD documentaires, Clandestino et La Menuiserie, et réalisé de nombreux reportages graphiques pour divers titres de la presse française.
Les Hirondelles de Kaboul (2019)
L'histoire
Été 1998, Kaboul en ruines est occupée par les talibans. Mohsen et Zunaira sont jeunes, ils s’aiment profondément. En dépit de la violence et de la misère quotidienne, ils veulent croire en l’avenir. Un geste insensé de Mohsen va faire basculer leurs vies.
Ce qu'il faut savoir...
Pour les réalisatrices des Hirondelles de Kaboul, le choix de l'animation permettait une abstraction qui adoucit le propos et apporte une distance, rendant ainsi les images supportables. Par ailleurs, "elle nous rendait légitimes : de quel droit, sinon, aurait-on pris la parole en tournant un film en prises de vues réelles à Kaboul ?" s'interroge Zabou Breitman. Éléa Gobbé-Mévellec renchérit : "Cela nous donnait la liberté de choisir ce qu’on allait montrer, d’aller chercher une symbolisation, une synthétisation : un détail qui dit l’essentiel, un bidon coloré au milieu de charrettes".
Persépolis (2007)
L'histoire
Téhéran 1978 : Marjane, huit ans, songe à l'avenir et se rêve en prophète sauvant le monde. Choyée par des parents modernes et cultivés, particulièrement liée à sa grand-mère, elle suit avec exaltation les évènements qui vont mener à la révolution et provoquer la chute du régime du Chah. Avec l'instauration de la République islamique débute le temps des "commissaires de la révolution" qui contrôlent tenues et comportements. Marjane qui doit porter le voile, se rêve désormais en révolutionnaire.
Ce qu'il faut savoir...
Dès la parution des albums Persepolis, et suite à leur incroyable succès, Marjane Satrapi a reçu plusieurs propositions d'adaptation dont deux venues des Etats-Unis, après la sortie des albums outre-Atlantique. Ainsi, la dessinatrice affirme : "On m'a proposé d'en faire une série à la Beverly Hills ou un film avec Jennifer Lopez dans le rôle de ma mère et Brad Pitt dans celui de mon père, ou quelque chose comme ça ! C'était tout et n'importe quoi."
Pour la réalisatrice, il a tout de suite été question de faire un film d'animation. Selon elle, un film en images réelles aurait fait perdre l'universalité de l'histoire. "Avec les images réelles, ça devient tout de suite l'histoire de gens qui vivent loin, dans un pays étranger, qui ne sont pas comme nous. C'est au mieux une histoire exotique, et au pire une histoire de " tiers-mondiste" ! Si les albums ont aussi bien marché partout, c'est que l'abstraction du dessin - qui plus est, du dessin en noir et blanc - a permis à chacun de s'identifier totalement. Que ce soit en Chine, en Israël, au Chili, en Corée... Cette histoire est universelle. Il ne faut pas oublier non plus qu'il y a aussi dans Persépolis des moments oniriques, et qu'on n'allait pas faire tout à coup un film de science-fiction ! Le dessin nous permet de garder une cohérence, une unité. Le noir et blanc – j'ai toujours peur du côté vulgaire que peut avoir la couleur – participe à cela également."
Valse avec Bachir (2008)
L'histoire
24 ans après les faits, un homme se souvient de l'opération "Paix en Galilée" qui s'est déroulée en 1982, durant la guerre du Liban...
Pour aller plus loin...
Ari Folman est à la fois le réalisateur et le narrateur de Valse avec Bachir, cette histoire qu'il raconte par flashback. Le souvenir de la guerre le hante et il cherche à savoir pour quelle raison. Le film a d'abord été tourné en vidéo, monté comme un film de 90 minutes, puis Ari Folman et ses animateurs ont développé un storyboard de 2300 dessins qu'ils ont, par la suite, animés. Le film mélange des animations flash, des animations classiques, de la 3D et une petite partie documentaire à la fin du film. Valse avec Bachir est à ce jour le plus bel exemple de documentaire animé, salué par la critique.
Couleur de peau : miel (2012)
L'histoire
Depuis les années 50, au lendemain de la guerre de Corée, 200 000 enfants coréens ont été adoptés dans le monde. Le gouvernement sud-coréen ayant en effet encouragé l'adoption par des couples étrangers. Jung, auteur et co-réalisateur du film, est l'un de ses enfants. Il parle de son histoire, son adoption dans une famille en Belgique.
Ce qu'il faut savoir...
Le projet du film Couleur de peau : miel est né lorsque le réalisateur Laurent Boileau a découvert l'histoire de Jung dans le premier tome du roman graphique Couleur de peau : miel. Jung y raconte son enfance complexe du fait de son adoption et indique en fin d'ouvrage qu'un jour il retournera en Corée pour la première fois. Laurent Boileau souhaitait à l'origine faire un documentaire dans lequel il suivrait Jung lors de son retour. Il a finalement été décidé d'en faire un long métrage hybride, avec une majorité de séquences animées, mais aussi des images d'archives et des scènes en prise de vues réelles, tournées en Corée. A travers l'itinéraire personnel de Jung, raconté avec beaucoup de sincérité, on découvre une histoire plus universelle, sur la quête d'identité, l'acceptation de soi, la vie de famille...