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    Felicità de Bruno Merle, le feel good movie de l'été avec Pio Marmaï
    Mégane Choquet
    Mégane Choquet
    -Journaliste
    Journaliste spécialisée dans l'offre ciné et séries sur les plateformes quel que soit le genre. Ce qui ne l'empêche pas de rester fidèle à la petite lucarne et au grand écran.

    Feel good movie de l'été, Felicità narre le road trip d'une famille pas banale incarnée par Pio Marmaï, Camille Rutherford et Rita Merle. AlloCiné a discuté avec Bruno Merle, le réalisateur de cette comédie qui vaut le détour, en salle ce 15 juillet.

    Unité – Jack n’a qu’un œil

    AlloCiné : Comment avez-vous eu l’idée de Felicità, un film que l'on ressent très personnel ?

    Bruno Merle : Il y a quelques petites choses personnelles évidemment dans mon rapport à mes enfants. Après, c'était aussi une façon de rebondir sur Le Prince Oublié que j'ai écrit et d'aller vers quelque chose de plus simple, plus épuré, plus minimaliste. Les idées naissent d'un mélange de plein de choses, de frustrations, de désirs, c'est très inconscient. Mais j'avais envie d'écrire une histoire simple, petite, intimiste.

    Le film suit les aventures d’une famille d’apparence assez marginale et extraordinaire mais qui s’invente et se réinvente une vie en permanence. Vous jouez avec le concept de normalité pour exploser le schéma de la famillie traditionnelle...

    Je dirais qu'ls sont à la frontière entre la marginalité et la normalité. Ils ont quand même une aspiration à la normalité, ils jouent à la "famille normale", ce qui veut dire que ça compte pour eux. Je ne voulais pas faire un film sur des vagabonds complètement en marge de la société. Ce qui les rend unique, c'est cet endroit où ils sont un peu entre les deux. Ce jeu sur la normalité, c'est une question personnelle que j'abordais déjà dans Héros. Dans quelle case on a envie de se ranger ? Est-ce qu'on veut une vie avec la maison, le chien, le travail, etc, ou est-ce qu'on a envie de vivre notre liberté ?

    Unité – Jack n’a qu’un œil

    L’action du film se déroule sur 24h comme une course contre la montre avec pour objectif la rentrée des classes de la jeune Tommy (Rita Merle). Cette journée, qui marque un tournant dans la vie de cette famille, est-elle un moyen de les ramener dans la réalité ?

    Oui, parce que la rentrée au collège c'est un moment charnière pour les enfants. Ils ont envie de se fondre dans le moule, ils ont l'impression de devenir grands, de ressembler aux autres. Tommy aspire d'une certaine façon à avoir la même vie que tout le monde. Elle s'imagine en train de discuter avec ses futures copines. Elle se sent petite en taille et la taille c'est déjà un curseur de normalité quand on est enfant. Pour la famille, c'est le dernier jour avant l'entrée dans la normalité. L'idée de la course contre la montre, c'était aussi pour donner un rythme au film, pour qu'il fonce vers cette ligne droite comme un road movie un peu à cent à l'heure.

    C’était une évidence pour vous de faire jouer votre fille dans le rôle de Tommy ?

    Oui c'était une évidence, parce que je savais qu'elle serait hyper juste. Je me suis quand même inspiré un petit peu de choses personnelles. Elle joue depuis longtemps et ça aurait été compliqué pour moi de ne pas la faire jouer. Les diners auraient été particulièrement tendus si j'avais choisi une autre actrice qu’elle (rires).

    Mon film est un jeu de pistes et j'ai tout fait pour inclure le spectateur.

    Vous avez laissé planer quelques zones d’ombre dans le film, notamment sur le passé des parents. Aviez-vous des idées de base que vous avez abandonné ou cela a-t-il toujours été une volonté ?

    Il n'y a pas tant de part d'ombre que ça puisque le film finit par répondre aux questions principales. Mais je ne voulais pas donner les réponses tout de suite, comme on fait souvent dans les récits. Je laisse quelques parts d'ombre au début pour que les choses se construisent au fur et à mesure et elles concernent moins le passé que des éléments plus triviaux. Aujourd'hui, les spectateurs sont nourris de plein de films et de séries, du coup on est moins obligés de présenter des scènes d'exposition classiques, formelles et carrées. Mon film est un jeu de pistes et j'ai tout fait pour inclure le spectateur. A lui de chercher la bonne route, la bonne réponse. La plupart des réponses sont données mais c’est vrai qu’il y certaines zones de flous sur la jeunesse de la mère que l’on peut imaginer ou deviner. Ce qui compte c'est que tout sonne juste.

    Unité – Jack n’a qu’un œil

    La musique "Felicita" d’Al Bano et Romina Power apporte un vrai souffle au film. Comment avez-vous choisi ce titre pour le film ?

    On peut avoir les titres très longtemps à l'avance et on n'en démordra jamais comme pour Le Prince oublié, la première version du scénario avait déjà ce titre et ça n'a pas changé jusqu'à la sortie du film. Mais parfois, et c'est le cas pour Felicità, on n'a pas vraiment de titre en têtre ou on hésite entre plusieurs idées. Au moment où le film a été fini, on s'est rendus compte avec les monteurs, les producteurs et toutes les personnes qui m'ont accompagné sur Felicità que la sensation globale qui se dégageait du film était une espèce de fraicheur, de bonheur. C'est un vrai feel good movie. Le message du film c'est ça. C'est une façon de dire qu'il y a plusieurs recettes pour la felicità, plusieurs façons de mener sa vie pour aspirer à ce bonheur. La scène où la chanson est diffusée a ce petit arrière goût sucré de pop italienne de la grande époque. On sort d'une séquence un peu tendue et avec la chanson, on se relâche en attendant de voir la suite.

    Il y a justement un vrai travail sur le son qui accompagne Felicità. Cela passe par la musique mais aussi par le silence lorsque Tommy s’isole du chaos créé par ses parents. Comment avez-vous choisi la rythmique du film ?

    J’ai tendance à aborder les histoires par la sensation. Quand on écrit un scénario, on réfléchit au fond, à ce qu'on veut dire, à comment on veut le dire et après on réfléchit à la manière de filmer. Personnellement, je pense aussi beaucoup au son. C'est important de faire ressentir des choses au cinéma. Le silence est une expérience précieuse et rare, surtout au cinéma. J'avais envie d'un rythme équilibré entre des moments forts et des moments plus doux.


    Êtes-vous confiant pour la sortie de Felicità malgré la crise ? Quel est votre état d’esprit ?

    Personne ne sait ce qu'il va se passer aujourd'hui. Les gens qui ont un avis sont très forts. Mon film devait sortir pendant le confinement donc on l'a repoussé et je suis persuadé que mon film est un vent d'air frais qui fait du bien. Evidemment, un film ne change pas la face du monde ou l'énergie des gens, soyons réalistes. Mais la fraîcheur et la douceur de Felicità sont ses forces. Après sur l'avenir du milieu du cinéma, j'ai envie d'être optimiste par principe plus que par conviction. On verra bien mais je sais que les gens aiment le cinéma en France, on a cette chance là.

    Felicità
    Felicità
    Sortie : 15 juillet 2020 | 1h 22min
    De Bruno Merle
    Avec Pio Marmaï, Rita Merle, Camille Rutherford
    Presse
    3,2
    Spectateurs
    3,6
    Voir sur Netflix

     

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