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    PEN15 sur Canal+ : une série tendre et crue sur l'amitié face aux déboires de l'adolescence
    Julia Fernandez
    Julia Fernandez
    -Journaliste Séries TV
    Elevée à « La Trilogie du samedi », accro aux séries HBO, aux sitcoms et aux dramas britanniques, elle suit avec curiosité et enthousiasme l’évolution des séries françaises. Peu importe le genre et le format, tant que les fictions sortent des sentiers battus et aident la société à se raconter.

    A partir du 19 juin, Canal+ diffuse la série "Pen15", chronique naturaliste et nostalgique de l'âge ingrat écrite par deux amies à la ville comme à l'écran, qui jouent leur propres rôles. Une bouffée d'air frais parmi les séries ado contemporaines.

    Hulu

    De quoi ça parle ?

    Maya et Anna, meilleures amies depuis toujours, entrent dans la puberté et l’adolescence bourgeonnante avec leurs premières expériences et leurs contrariétés dans le monde cruel du collège : les garçons, les soirées dansantes et les parents autoritaires.

    10 x 26 minutes - à partir du 19 juin sur Canal+ et Canal+ séries et en intégralité sur myCANAL 

    Ça ressemble à quoi ?

    Ça vaut le coup d'oeil ?

    Créée, écrite et produite par Maya Erskine et Anna Konkle avec la collaboration de Sam ZviblemanPen15 est une série Hulu Originals mettant en scène l'adolescence de ces deux trentenaires qui ont grandi dans les années 2000 avec un parti pris détonnant : celui d'incarner elles-mêmes leurs alter egos de 13 ans ! Appareils dentaires, premiers émois amoureux, première gorgée de bière, rembourrage de soutien-gorge et tentative de maquillage, mais aussi premières désillusions face aux discriminations et au harcèlement scolaire, Anna et Maya vont mettre leur amitié de longue date à rude épreuve en faisant la transition difficile entre l'enfance et l'adolescence.

    Sur une bande-son nostalgique à souhait mélangeant des hits pop, R'n'B et rock du début de la décennie (de Des'ree à Mandy Moore et TLC en passant bien évidemment par les Spice Girls et *NSYNC), on suit le quotidien de Maya et Anna depuis leur rentrée en quatrième, où elles sont immédiatement étiquetées comme les "UGIS"  - pour "Ugliest Girls In School", les filles les plus moches du collège - jusqu'au traditionnel bal de promo de fin d'année.

    Les teen movies des années 2000 ont été un domaine de prédilection pour explorer les atermoiements de la puberté masculine (American Pie, Supergrave, Les Beaux gosses) ou bien les viser directement à travers l'hypersexualisation de leus personnages féminins (Pen15 y fait d'ailleurs allusion lorsque les ados se réunissent un après-midi pour regarder Sex Crimes en cachette.) Et si les filles ont eu leur lot de représentations en la matière, elles ont bien plus souvent été glamourisées, y compris lorsque des thématiques sombres étaient abordées (Thirteen, Lolita Malgré moi...) Mais Pen15 a beau plonger dans une décennie révolue, elle est écrite en 2020. Nous voyons ainsi les deux héroïnes découvrir les joies de la masturbation, avoir leurs règles (avec un plan sur le sang menstruel montré dans toute sa banalité), mais aussi se confronter au racisme ordinaire de leurs camarades qui rejettent la différence, à travers le vécu de Maya et de ses origines japonaises.

    Si le ressort humoristique de mettre des adultes dans la peau de collégiennes rappelle les comédies américaines populaires des années 2000 comme Freaky Friday ou 30 ans sinon rien (et dans une certaine mesure Camille Redouble côté français), il prend ici une toute autre ampleur, car c'est de leur propre vécu que s'inspirent les deux créatrices pour explorer l'âge ingrat et les bouleversements de l'adolescence. La sincérité avec laquelle elles s'investissent dans leur moi de treize ans, tout en donnant lieu à des séquences hilarantes, fait atteindre une profondeur inattendue à la série (et si vous vous posiez la question, la production a eu recours à des doublures adultes afin de réaliser certaines scènes intimes entre les "ados".)

    Férocement drôle, Pen15 parvient à atteindre des sommets de comédie à partir d'éléments d'intrigue en apparence anodins, comme un string rose qui devient un objet de convoitise ou un épisode entier consacré au chat AOL Messenger. Enfin, l'abattage comique de Maya Erskine, digne héritière de Jim Carrey dont elle reproduit les mimiques de Ace Ventura à la perfection, donne lieu à des séquences hilarantes, dont un solo de tambours mémorable lors du gala de musique du collège.

    Mais Pen15 est avant tout et surtout la chronique tendre et touchante d'une amitié indéfectible, regardant avec affection cette époque où le moindre petit événement pouvait autant vous rendre ivre de joie que vous terrasser de chagrin. Et elle montre que s'il y a bien une personne capable de vous soutenir alors que tout semble se dresser contre vous comme le font Maya et Anna, alors vous êtes armés pour y survivre. Si à l'issue de votre visionnage des dix épisodes de Pen15 le temps vou a semblé filer trop vite, réjouissez-vous : la série a déjà été renouvelée pour une saison 2 par Hulu, et comptera 14 épisodes !

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