20 ans après sont tout premier long-métrage, le français Olivier Megaton s'est fait une place de choix sur la scène internationale avec des productions de grande ampleur. Celui à qui on a confié les rênes du Transporteur III et de Taken 2 et 3 vient tout juste de faire une entrée fracassante sur Netflix avec sa dernière réalisation The Last Days of American Crime. Focus sur ce metteur en scène discret au parcours atypique.
Tout commence le 6 août 1965 lorsqu'un médecin fait remarquer à une jeune femme dont le fils vient de naître que le bombardement d'Hiroshima s'est déroulé 20 ans plus tôt jour pour jour. Une douzaine d'années plus tard, le petit Olivier Fontana se choisit un surnom de circonstance : il s'appellera désormais Olivier Megaton, en référence à l'unité utilisée pour mesurer l'énergie dégagée par une explosion nucléaire. "A l'époque j'étais terrorisé par une menace de conflit nucléaire. [...] Je ne sais pas si c'était pour exorciser cette peur, mais j'ai décidé de prendre cette obsession à bras le corps en choisissant ce nom" confie-t-il dans une interview.
Diplômé de psychologie et auteur d'une thèse sur l'évolution de la reconnaissance de l'icône, Olivier Megaton change de voie à partir des années 1980 pour devenir graffeur sur les murs de Paris puis dans les galeries de la capitale. Repéré et encouragé par le célèbre réalisateur de clips et photographe Jean-Baptiste Mondino, Megaton met en scène son premier court-métrage en 1991 : No Way ou le coeur du Phoenix. Pendant 10 ans, il enchaînera les tournages de courts-métrages, clips et autres publicités jusqu'en 2000, année où il accouche de son premier long-métrage, Exit.
Après avoir peiné pour parvenir à rassembler le budget nécessaire et alors qu'il pense que son film ne sortira pas dans les salles, il est approché par Luc Besson qui propose de le produire. Malgré un échec commercial, Megaton poursuit sur sa lancée avec La Sirène rouge, projet qu'il développe déjà depuis plusieurs années et qui a connu de nombreuses déconvenues. Ce thriller SF porté par Jean-Marc Barr et Asia Argento sera également une déception critique et commerciale.
S'il délaisse un temps le cinéma pour se consacrer à nouveau aux vidéos plus courtes, Megaton revient en forme en 2007 sous la bannière EuropaCorp - société de production de Luc Besson - pour réaliser les scènes d'action du Hitman de Xavier Gens. Une expérience déterminante qui le propulse, un an après, à la tête du Transporteur III. Plus gros succès de la trilogie portée par Jason Statham, le film est également son premier gros succès et lui ouvre des portes comme jamais auparavant.
En 2011, son parrain de cinéma lui confie la direction de Colombiana puis, un an après, de Taken 2. Avec 117 millions de dollars de recette le premier week-end et une place de choix au box office annuel, Megaton accepte de rempiler pour le troisième volet, sorti en 2015. Depuis, le réalisateur s'est éloigné des plateaux pour revenir à ses premières amours, le graff et la peinture, et expose régulièrement tout en assurant de temps en temps des masterclass sur son cinéma. Il revient sur le devant de la scène en 2020 avec sa première collaboration netflixienne, The Last Days of American Crime, un thriller futuriste dans lequel il dirige Édgar Ramírez, Michael Pitt et Anna Brewster.