Malgré l'annulation du festival de Cannes en raison de l'épidémie de coronavirus, l'inclusion et la diversité ont fait l'objet d'une conversation vurtuelle, à laquelle étaient conviées Anna Serner, présidente du Swedish Film Institute, Zanele Mthembu, présidente du collectif sud-africain SWIFT (Sisters Working in Film and TV) et Delphyne Besse, coprésidente du collectif 50/50. La rencontre était modérée par Melissa Silverstein du collectif Girls Club et les participants pouvaient prendre part à la discussion en posant des questions dans le chat.
Après un bref tour d'horizon de l'état de l'industrie cinématographique dans chacun des pays d'origine des trois intervenantes - la Suède, l'Afrique du Sud et la France - la conversation a rapidement tourné autour de l'impact de la pandémie sur les débats engagés au niveau international sur la parité et la diversité. Les participantes le déplorent à l'unanimité, la question de l'inclusion a été freinée par la crise actuelle. Il faut s'assurer que le sujet ne devienne pas secondaire, mais Delphyne Besse craint qu’il faille repartir de zéro, alors qu’on arrivait à un moment où le public se sentait de plus en plus concerné.
Cannes 2020 : un label, une alliance avec Venise... Les pistes pour sauver le FestivalC'est tout le secteur qui doit être restructuré en France. Autour des César, par exemple, les discussions sont toujours en cours, mais la nécessité de réformer le système ne semble plus du tout être une priorité. Pour que le combat autour des disparités le reste, Anna Serner estime qu'il faut rester visible à tout prix. Zanele Mthembu insiste quant à elle sur le fait qu'il faut impérativement garder en tête l'intersectionnalité des luttes et sur la nécessité absolue de s'organiser pour travailler ensemble. Elle rappelle par ailleurs l'existence du WIFTI (Women In Film and Television International), une sorte d'immense base de donnée mondiale des femmes de l'industrie, vouée notamment à faciliter les connexions entre les femmes pour qu'elles puissent développer des projets en collaboration les unes avec les autres.
Pour Anna Serner, il faut également continuer dès que possible à organiser des événements, même virtuels, autour du harcèlement sexuel, pour maintenir le débat en vie. La possibilité, également, de mener des actions virtuelles, est évoquée. C'est un fait, l'objectif de "50/50 by 2020", la parité d'ici 2020 - une initiative lancée en février 2018 - n'a pas été atteint et ce n'est pas uniquement à cause du COVID-19. Delphyne Besse le souligne, dans les conférences virtuelles qui se sont tenues sur l'état de l'industrie pendant la crise sanitaire, 90% des intervenants étaient des hommes. Il faut tenter de comprendre pourquoi l'objectif de parité est encore loin d'être atteint et pourquoi on a encore l’impression de parler entre soi, mais pas encore aux gens qui font partie du problème.
L'intégralité de la rencontre est disponible par ici en replay.