Contrairement aux sections parallèles du Festival de Cannes qui ont annoncé hier l'annulation de leur édition 2020, il n'est pas question pour le moment d'annuler la sélection officielle de Cannes. Un communiqué a été diffusé mardi soir, dans lequel l'équipe du Festival expliquait réfléchir à de nouvelles "formes" pour maintenir un événement. Les précédentes dates envisagées pour un report fin juin ne sont plus possibles (l'idée d'un marché du film virtuel est en revanche maintenu), mais le Festival ne jette pas l'éponge et continue de réfléchir à des solutions pour sauver son édition d'une façon ou d'une autre.
Dans des entretiens accordés à Variety et au Figaro, Thierry Frémaux, délégué général du Festival, a donné quelques précisions sur les réflexions actuellement en cours.
"Depuis lundi soir, nous avons pris acte de l’impossibilité d’organiser Cannes en juillet. Nous y croyions, ce n’est pas de l’obstination, ça n’est pas pour le Festival lui-même mais pour ce à quoi il est utile: les œuvres, les artistes, les professionnels de cette industrie, les salles, le public. Pour le redémarrage économique de tout un secteur. Et pour le tourisme cannois qui a fait preuve d’énormément de compréhension. L’avenir est plus incertain que jamais. Il peut être sombre: tous les festivals peuvent être annulés, y compris ceux du début d’automne. Il peut s’éclaircir à l’approche de l’été et permettre qu’on dessine d’autres perspectives pour les mois suivants. Cela va sans dire que la santé publique demeure prioritaire", explique Thierry Frémaux dans les colonnes du Figaro.
L'idée d'un label identifiant les films retenus pour cette édition est à l'étude : "On peut l’imaginer, disons un label «Cannes2020» plutôt que Sélection officielle puisque cette dénomination implique que le Festival soit organisé «normalement». Et que nous souhaitons y associer les sections parallèles. Ce label permettrait de valoriser les films qu’on a vus et de s’y retrouver dans le dédale que sera l’organisation de leur sortie à l’automne. On nous envoie de partout des films magnifiques et il est de notre devoir - et notre envie! - de les aider à exister et à retrouver le public. Car la Sélection ne s’est jamais arrêtée, les films sont là, nous en verrons jusqu’à fin juin! On est en train de bâtir notre projet à partir de consultations que nous menons avec le CNC, avec les professionnels, avec la Mairie de Cannes. Nous ne voulions pas déserter le terrain au 15 avril en passant directement à l’année prochaine, pas abandonner les films et ceux qui les rendent possibles. Nous voulons être présents à l’automne pour contribuer au vaste chantier de la reconquête du cinéma. Ce métier, comme les autres, affronte le risque de devenir un champ de ruines, il faudra qu’on fasse tous preuve d’énergie et d’unité. Le Festival de Cannes veut y apporter sa part", poursuit-il
Interrogé par Variety sur la possibilité d'une alliance avec le Festival de Venise qui se tient à la rentrée, Thierry Frémaux n'en rejette pas l'idée, au contraire : "Comme chaque année, je parle beaucoup avec le directeur du Festival de Venise, Alberto Barbera, qui est lui-même inquiet, évidemment. Depuis le début de la crise, nous avons émis la possibilité de faire quelque chose ensemble si Cannes devait être annulé. Nous continuons à en discuter. D'autres festivals nous ont invité : Locarno, San Sebastian, Deauville. Il y a des gestes qui nous ont beaucoup touché. Et à Lyon, au Festival Lumière (en octobre), nous avons prévu d'accueillir un certain nombre de premières mondiales dans notre programme."
Rappelons que Thierry Frémaux et Pierre Lescure avaient d'abord prévu un report de la 73ème édition fin juin - début juillet, mais l'annonce du Président Emmanuel Macron, lundi soir, lors de son allocution, d'interdire l'organisation d'événements, type festivals ou concerts, à "au moins mi-juillet 2020", a rendu ce projet impossible. Pour mémoire, le Festival de Cannes devait initialement se tenir du 12 au 23 mai 2020 et la majeure partie de la sélection officielle devait être annoncée ce jeudi 16 avril.