Conseillé à partir de 10 ans
• Il était une fois : Fin des années cinquante, la France est scindée en deux parties : la première est un monde bourgeois, froid, fait de maisons géométriques et dernier cri. De l'autre côté, se trouve la France rurale, avec ses quartiers populaires, ses cafés et ses marchés en plein air. C'est ici que vit Monsieur Hulot, un homme discret, apprécié de tous, toujours vêtu de son long manteau beige et de ses chaussettes apparentes. Loin d'appartenir à la haute société, il navigue pourtant entre les deux univers grâce à neveu, Gérard, avec qui il partage une grande complicité. Les parents du garçon, le couple Arpel, tentent tant bien que mal d'intégrer l'oncle dans leur quotidien étriqué et leur cercle social, où seule l'apparence a de l'importance. Très vite, malgré les efforts de chacun, la maladresse et l'humanité de Monsieur Hulot vont vite se montrer incompatibles avec leur mode de vie.
• Ce qu'ils vont adorer : Si le film, sorti en 1958, voyage à travers les époques et les frontières, c'est grâce au style authentique et visionnaire de Jacques Tati. Dans ce chef-d'œuvre culte, l'acteur et réalisateur - qui cosigne aussi le scénario - dépeint un univers loufoque pour mieux dénoncer le fossé qui se creuse entre les classes sociales. Bien sûr, ce message parlera plus aux adultes qu'aux jeunes cinéphiles, mais ces derniers comprendront l'essence du film à travers le contraste des images et des ambiances. Dans Mon oncle, le futur affronte le passé. Le couple Arpel utilise leur maison moderne et leurs appareils révolutionnaires pour épater leurs amis et créer l'illusion d'une vie accomplie. Pourtant, le jeune Gérard (Alain Bécourt) ne semble pas s'épanouir dans ce décor clinique et sans saveur. Lorsqu'il rejoint son oncle, il découvre, au contraire, un monde tout en couleurs et sans fioriture. Et si le véritable épanouissement se trouvait dans la simplicité ?
Pour faire le lien entre ces sphères qui ne communiquent pas, Jacques Tati incarne Monsieur Hulot. Ce personnage, à l'allure iconique, n'est pas sans rappeler Charlot, le célèbre alter ego de Charlie Chaplin. Sa naïveté et sa maladresse provoquent, à de nombreuses reprises, le rire des spectateurs grâce à des séquences comiques et brillamment réalisées, comme celle du jet d'eau. Au lieu de tourner son héros au ridicule, le réalisateur choisit au contraire d'utiliser ses numéros burlesques pour mieux démontrer l'absurdité du monde futuriste dans lequel il n'est pas le bienvenu.
Capture d'écran
• Ce qui peut les inquiéter : Hormis son message social destiné à une audience plus mature, Mon oncle reste une comédie pour tous les âges, qui ne contient aucune séquence pouvant heurter la sensibilité des plus jeunes. Certains pourraient, néanmoins, être dérangés par les dialogues minimalistes. Si l'œuvre de Jacques Tati n'est pas muette, elle ne contient que très peu de répliques. Les conversations entretenues entre les personnages sont d'ailleurs souvent inaudibles. Le héros, Monsieur Hulot, se fait lui-même très peu entendre durant tout le film. Avec ce choix artistique, le réalisateur souligne le pouvoir des images, capables de raconter des histoires aussi bien qu'avec des mots.
• Ce qu'ils vont garder au fond d'eux : De Mon oncle, les jeunes spectateurs retiendront l'humour, la poésie et la beauté esthétique d'un film à la créativité sans pareille. Des costumes des personnages à l'architecture des décors confectionnés par Henri Schmitt, Jacques Tati entraîne avec lui son audience dans un monde unique, capable de nous faire oublier les soucis du quotidien pendant deux heures. Omniprésente, la musique composée par Franck Barcellini s'associe avec l'univers visuel du cinéaste pour raconter une fable sur l'importance de rester soi-même et de ne pas se conformer aux règles. Auréolé de l'Oscar du meilleur film étranger en 1959, Mon oncle est l'une des plus belles œuvres du cinéma de patrimoine français. Les premières minutes du film suffisent pour s'en convaincre.
Disponible en DVD, Blu-ray et VOD.
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