Le meilleur, c'est Kill Bill 1... (Maximilien Pierrette)
"Devoir faire un choix entre les deux opus de Kill Bill est un crève-cœur, un vrai, surtout que Quentin Tarantino lui-même considère qu’il s’agit là d’un seul très long film. Donc vivement que sorte cette légendaire version longue qu’il a présentée à Cannes en 2004, pour enfin clore ce débat où l’on en vient à se contredire soi-même. En attendant, je pencherai plutôt pour la claque initiale, avec laquelle tout a commencé : le Volume 1. Dès le teaser, un modèle du genre sans la moindre parole, je sentais qu’il y avait quelque chose, sans me douter un instant du niveau stratosphérique du résultat, que j’ai récemment revu en salle, ce qui me permet de réaffirmer à quel point la maîtrise de QT est folle et totale. Comme la suite le confirmera, ce dyptique raconte avant tout une histoire d’amour. Devant comme derrière la caméra, le réalisateur déclare, plus encore que dans ses précédents films, sa flamme au cinéma. A tous les cinémas, et notamment ceux qui sont trop souvent pris de haut car jugés trop divertissants.
Arts martiaux, films de sabre, blaxploitation… En couleurs ou en noir et blanc, en prises de vues réelles ou en animation, le film redonne leurs lettres de noblesse à tous ces genres avec une grande bienveillance dans un tourbillon sanglant et vengeur, bourré de références impeccablement digérées, dont Uma Thurman constitue le cœur, avec un rôle instantanément iconique. Certaines des images de Kill Bill 1 ne m’ont toujours pas quitté aujourd’hui, pas plus que sa bande-originale parfaite ou les frissons que me collent son twist final. Et si le Volume 2 est venu apporter un peu plus de profondeur et d’émotion à ce que certains considéraient, à tort, comme une coquille vide, le premier reste l’un des moments majeurs de ma cinéphilie, et le type de film que j’aurais rêvé pouvoir faire."
Non, le meilleur c'est Kill Bill 2... (Clément Cusseau)
"Tout d'abord que les choses soient claires : le diptyque Kill Bill est pour moi un même et seul film, chacun des deux volumes rendant le long métrage de Quentin Tarantino parfait tant pour leur complémentarité que pour l’homogénéité de leur propos. A la fois suites et miroir donc, les deux segments de Kill Bill ont pour fonction de nous présenter la quête de vengeance de la Mariée incarnée par Uma Thurman : récit de vengeance aux intonations de chanbara et wu-xia pan, puis série de faux-semblant dans un épilogue aux élans de western spaghetti crépusculaire.
Pourtant, s'il me faut choisir, Kill Bill 2 aura ma préférence. Tout d'abord, pour la richesse de ses personnages : certes Vernica Green et Oren-Ishii étaient deux excellentes adversaires pour la Mariée, mais que dire des trois qui complètent sa liste ? Tout d'abord, Budd, cowboy désabusé et minable, qui restera pourtant le seul adversaire à avoir triomphé de la Mariée ; Elle Driver, la rivale qui souffre de son statut de double, elle qui n'aura pas réussi à faire oublier à son cher "charmeur de serpents" son amour passé avec Beatrix Kiddo ; et enfin last but not least, le fameux Bill, fantasmé durant tout le premier film, et montré ici comme un homme fragile, abîmé, lui aussi dans une quête de vengeance face à celle qui lui aura brisé le coeur... symboliquement, puis littéralement grâce à la technique enseignée par Pai Mei.
Empruntant à la fois aux westerns américains et italiens, aux films d'arts martiaux de la Shaw Brothers, et même aux films de la Nouvelle Vague, Kill Bill volume 2 marque pour moi l'apogée de la carrière de Quentin Tarantino, moment où sa géniale folie est parvenue le mieux à faire corps avec sa sagesse. Souvent, le cinéaste a cité la scène entre Dennis Hopper et Christopher Walken dans True Romance comme la mieux jouée de toute l’histoire du cinéma ; en ce qui me concerne, le dialogue entre Uma Thurman et le regretté David Carradine peu avant l'épilogue de Kill Bill volume 2 mérite autant ce titre.
La plus grande force de Quentin Tarantino est d'avoir déjoué avec ce film toutes les attentes de ses spectateurs. Oubliées les effusions de sang graphiques et réjouissantes du premier volume ; ici la violence se veut plus réaliste, tandis que les méchants ne sont pas (forcément) ceux que l'on croit (« Cette femme mérite de se venger, mais elle mérite également de mourir », déclame Budd au début du film). Au final, comme dans les films de Sergio Leone, il n'y a ni héros ni méchant, juste des salauds moins pires que d'autres. En cela, Tarantino a signé avec ce Kill Bill volume 2 l'un des plus beaux hommages à l'histoire du cinéma jamais tournés, en même temps qu'il est parvenu à en écrire l'une des plus fameuses pages."
Ah non, le meilleur c'est le volume 1... (Mégane Choquet)
"Si la deuxième partie complète parfaitement le premier volet et se termine en apothéose, Kill Bill Vol. 1 reste selon moi le film majeur de ce diptyque. Il raconte avec une violence douce amère la renaissance de La Mariée alias Black Mamba, incarnée par une Uma Thurman magistrale et impliquée. Après un mariage chamboulé, des séquelles traumatisantes du coma et une sortie d'hôpital épique, elle prépare et met en oeuvre sa vengeance sanglante et appliquée contre Bill et les Vipères Assassines, les tueuses à gages responsables de ses malheurs. Le premier volet de Kill Bill regorge de scènes exceptionnelles dont le combat inoubliable contre Gogo Yubari et les 88 fous, avec la tenue mythique d’Uma Thurman.
Ma séquence préférée reste le chapitre 3, le flashback en version animée sur les origines d’O-Ren (Lucy Liu, impeccable), qui est un époustouflant chapitre qui prend aux tripes. Le premier volet de Kill Bill mélange tous les genres cinématographiques, du western spaghetti aux films d'arts martiaux et reste une formidable proposition de Quentin Tarantino, qui prouve une nouvelle fois sa maîtrise du cinéma et son mélange équilibré des styles. Kill Bill Vol. 1 est sans conteste la partie la plus complète, la plus aboutie et la plus jouissive de ce diptyque culte. Ce volet n'en reste pas moins poétique et mélancolique et c'est pour toutes ces raisons qu'il est sûrement plus ancré dans ma mémoire de cinéphile et que j'y suis plus attachée qu'au volume 2."
Non, le meilleur, c'est bien le volume 2... (Léa Bodin)
"On pourrait certainement en débattre pendant des heures sans réussir à tomber d'accord, mais si Kill Bill Vol.1 est indéniablement bluffant en matière de mise en scène de la violence, je crois que Kill Bill Vol. 2 est plus fort parce qu'il est bouleversant. C'est dans ce second volet que l'on apprend vraiment à connaître La Mariée : son nom, Beatrix Kiddo, qui était caché par un bip pendant tout le premier opus, sa tentative d'échapper à son destin de tueuse, l'enseignement de Pai Mei (moment où le film atteint des sommets d'humour) et son rapport à Bill, l'homme de sa vie.
Outre les dialogues magistraux, c'est selon moi dans ce deuxième volume que se trouvent les scènes les plus marquantes : celle du cercueil, celle du combat avec Elle Driver et celle des retrouvailles avec Bill et donc des retrouvailles, terrassantes, avec BB. Rarement on avait été aussi émus, jusqu'alors, par Tarantino. Le chemin emprunté par Black Mamba sur cette deuxième moitié du parcours me touche davantage. Je le trouve passionnant et poignant. En tuant Bill, au sens propre, Beatrix Kiddo termine son parcours de deuil de leur relation et s'en émancipe totalement, refermant le livre, sanglant, de leur histoire pour commencer une autre aventure avec sa fille.
Le personnage gagne en ampleur et Uma Thurman peut enfin explorer toute sa palette de jeu, sous le regard du cinéaste, qui n'est autre que l'un des plus grands directeurs d'acteurs de sa génération. Kill Bill 1 était une vraie leçon de mise en scène et c'est un très grand film, mais Kill Bill 2, pourtant plus en retenue, moins démonstratif, tend vers la perfection. Pour moi, c'est un chef-d'oeuvre et s'il faut les départager, c'est le second qui l'emporte, haut la main."
Résultat des courses...
Kill Bill Vol. 1 : 2
Kill Bill Vol. 2 : 2