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    40 ans de la mort d'Hitchcock : 50 secrets de tournage sur les plus grands films du maître
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Il nous a quittés le 29 avril 1980, mais son influence est toujours aussi grande. Retour sur les dix plus grands films d'Alfred Hitchcock selon vos notes à travers des anecdotes et ses caméos, à l'occasion des 40 ans de sa disparition.

    Ciné Sorbonne

    Le 29 avril 1980, le monde du cinéma perdait l'un de ses réalisateurs majeurs en la personne d'Alfred Hitchcock. Du muet au parlant, du noir et blanc à la couleur, le cinéaste britannique s'est imposé comme le maître du suspense, le roi du film policier et du thriller, dont il a signé une poignée de classiques auxquels beaucoup se réfèrent encore aujourd'hui, comme quand la scène de l'opéra de Mission : Impossible - Rogue Nation rend hommage à une séquence de L'Homme qui en savait trop. A l'occasion des 40 ans de la mort du metteur en scène, replongeons-nous dans ses dix plus grands films selon vos notes, à travers quelques anecdotes et ses traditionnels caméos.

    10 - REBECCA (1940)

    Alfie Goes to Hollywood - Rebecca est le premier long métrage réalisé, à Hollywood, par Alfred Hitchcock. Un coup d'essai qui relève du coup de maître car il termine l'année 1940 au sommet du box-office américain avant de s'adjuger l'Oscar du Meilleur Film. Une statuette dorée qu'il est le seul à décrocher dans toute la filmographie du cinéaste, battu par John Ford (Les Raisins de la colère) dans la catégorie Meilleur Réalisateur au cours de la cérémonie.

    • Clash spécial - En débarquant à Hollywood, Alfred Hitchcock ne s'est pas fait que des amis puisqu'il a aussi fait connaissance avec son nouveau producteur : le redoutable David O. Selznick, responsable du chaos qui a régné dans les coulisses d'Autant en emporte le vent, sorti en 1939. Et l'ambiance n'a pas mis longtemps à être houleuse entre eux puisque le cinéaste, qui avait co-écrit un premier traitement de l'histoire du film, est exclu du processus scénaristique pour la première et unique fois de sa carrière et n'est pas crédité au générique. Pour se venger, il interdit l'accès du plateau à Selznick. Une collaboration difficile qui s'achève lorsque Les Enchaînés est revendu à un autre studio en 1947, et dont naissent quatre longs métrages. Parmi eux, La Maison du Docteur Edwardes (1945) et son asile dont le bâtiment ressemble étrangement à la maison sur laquelle est inscrit "Selznick International Pictures" dans le générique de début. Coïncidence ?

    • Alfred et Daphné : épisode 2 - Après La Taverne de la Jamaïque (1939) et avant Les Oiseaux (1963), Rebecca marque la seconde adaptation de Daphné du Maurier par Alfred Hitchcock. Parmi les ajouts notables se trouve cette scène au cours de laquelle Maximilien de Winter (Laurence Olivier) projette à l'héroïne (Joan Fontaine) le film de leur lune de miel, moment-charnière où le cinéaste nous fait comprendre que les apparences sont trompeuses et qu'il ne faut pas se fier aux images lorsque l'époux se révèle incapable de dévoiler ses sentiments.

    • Malheureuse élue - Plus de vingt actrices ont auditionné pour le rôle principal, finalement attribué à Joan Fontaine, relativement inconnue à l'époque. Un choix qui a grandement déplu à son partenaire Laurence Olivier, qui avait tenté d'imposer Vivien Leigh, sa compagne de l'époque, et s'est révélé désagréable sur le plateau avec la comédienne. Au grand dam de celle-ci… mais pas d'Alfred Hitchcock, qui a décidé de capitaliser sur cette animosité pour lui faire croire que personne ne l'aimait et ainsi la rendre aussi timide et mal à l'aise que son personnage.

    Rebecca
    Rebecca
    De Alfred Hitchcock
    Avec Joan Fontaine, Judith Anderson, Melville Cooper
    Sortie le 22 mai 1947

    • Clin-d'œil - Avez-vous remarqué que Judith Anderson, interprète de Mrs. Danvers, ne cligne quasiment jamais des yeux ? Il s'agissait là d'une demande du réalisateur, pour accentuer son côté inquiétant.

    • Où est Alfred ? - Alfred Hitchcock fait un caméo, comme dans tous ses films. Et on peut ici l'apercevoir dans le dernier acte, avec un chapeau, passant derrière Jack Favell (George Sanders) alors que celui-ci parle d'une place de parking avec un policier. Un cliché pris sur le tournage laissait entendre que le cinéaste se tenait près de la cabine dans laquelle le personnage téléphone, sauf que la scène se compose d'un gros plan de l'acteur et ne permet pas d'y voir le réalisateur.

    Capture d'écran

    9 - LA CORDE (1948)

    • Idée reçue - La Corde est souvent présenté comme un film composé d'un seul long plan, ce qui est faux. Car deux coupes sont parfaitement distinctes : au tout début, lorsqu'un fondu enchaîné nous permet de passer de l'extérieur à l'intérieur de l'appartement dans lequel se déroule l'intrigue ; et à l'aube de la dernière partie, lorsque Rupert Cadell (James Stewart) comprend ce qui se trame autour de lui. En-dehors de ces moments, Alfred Hitchcock n'a pu créer qu'une illusion de continuité, car l'usage des bobines de pellicule empêchaient de tourner plus de dix minutes d'affilée. Il lui a donc fallu trouver des astuces pour masquer des raccords, en faisant passer la caméra derrière un personnage ou un objet de façon opportune. "Un truc absolument idiot" selon le réalisateur lui-même, dans sa célèbre série d'entretiens avec François Truffaut, car il l'empêchait d'appliquer ses "propres théories sur le montage et son utilité dans la narration de l'histoire."

    • Tournage minutieux - L'illusion de continuité recherchée par Hitchcock a demandé au cinéaste et à son équipe des trésors d'inventivité ainsi qu'une connaissance parfaite de chaque scène pour ne pas avoir à refaire l'une de ces prises pouvant durer jusqu'à dix minutes. Construit en studio, le décor se composait ainsi de murs amovibles afin laisser passer les caméras, dont les mouvements étaient inscrits sur le sol. Et les répétitions ont été particulièrement intenses.

    La Corde
    La Corde
    Sortie : 22 février 1950 | 1h 23min
    De Alfred Hitchcock
    Avec James Stewart, John Dall, Farley Granger
    Presse
    3,8
    Spectateurs
    4,0
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    • Drôle de bande-annonce - Les bandes-annonces des films d'Alfred Hitchcock ont souvent été réputées pour leur originalité, et celle de La Corde ne fait pas exception, puisqu'elle montre Janet Walker (Joan Chandler) faisant des projets d'avenir avec David Kentley (Dick Hogan). Or ce dernier meurt assassiné dans la scène d'ouverture du film, donc les images destinées à le promouvoir font office de prequel et ne révèlent rien de l'intrigue à venir.

    • Et la couleur fût… - Tourné en 1948, La Corde est le premier long métrage en couleurs d'Alfred Hitchcock, qui alterne régulièrement avec le noir et blanc pendant les années qui suivent, selon l'ambiance qu'il souhaite créer. C'est notamment le cas pour Psychose, au même titre que Rebecca, filmé en noir en blanc à la fin des années 30 pour coller à l'atmosphère sombre du livre de Daphné du Maurier.

    • Où est Alfred ? - Comment faire un caméo dans un huis-clos avec très peu de personnages ? Il a longtemps été question qu'il soit l'homme que l'on aperçoit dans la rue pendant le générique de début, mais le cinéaste apparaît en réalité après cinquante-six minutes grâce à un néon rouge représentant sa silhouette dont il fît sa signature. Un logo qui a été envisagé comme celui de Reduco, compagnie qui vendait un produit amincissant appelé "Tueur d'obésité" dans une publicité visible sur un journal dans Lifeboat (1944) et sur laquelle on voyait… Alfred Hitchcock.

    Capture d'écran

    8 - L'HOMME QUI EN SAVAIT TROP (1956)

    • On refait le film - L'Homme qui en savait trop est le remake du film homonyme réalisé, déjà, par Alfred Hitchcock, en Angleterre en 1934. Envisagée dès 1940, alors que le cinéaste était sous contrat avec David O. Selznick, cette nouvelle version voit le jour au cœur des années 50 avec une grosse différence : la première était "un travail d'amateur, la seconde a été faite par une professionnel", expliquait le réalisateur à François Truffaut. Il préférérait cependant le premier film car moins élégant que le second, porté par James Stewart et Doris Day, ainsi que Daniel Gélin, qui reprend le rôle que tenait Pierre Fresnay dans le précédent, et intègre la liste des Français dirigés par le Britannique, aux côtés de Louis Jourdan (Le Procès Paradine - 1947) ou Michel Piccoli et Philippe Noiret (L'Étau - 1969).

    Maquillage ingrat -Pour la scène où le maquillage de Daniel Gélin s'étale sur les mains de James Stewart, les maquilleurs n'avaient pas trouvé de fond de teint noir pouvant partir aussi facilement. Ils peignirent donc les doigts de James Stewart en blanc afin qu'il laisse des traces sur le visage de son partenaire.

    • A la baguette - L'interprète du chef-d'orchestre dans la scène qui se déroule au Royal Albert Hall de Londres est l'un des collaborateurs les plus importants de la carrière d'Alfred Hitchcock : le compositeur Bernard Herrmann, qui a notamment signé les bandes-originales de La Mort aux trousses ou Pyschose. Il joue d'ailleurs son propre rôle comme le confirme, non pas le générique dont il est absent, mais l'affiche devant laquelle passe Doris Day en arrivant sur le lieu.

    • On connaît la chanson - L'Homme qui en savait trop a reçu le seul Oscar pour lequel il était nommé : celui de la Meilleure Chanson pour "Whatever Will Be, Will Be (Que Sera, Sera)", remis à ses auteurs Jay Livingston et Ray Evans. Mais pas son interprète, Doris Day, qui était chanteuse avant d'être actrice.

    L'Homme qui en savait trop
    L'Homme qui en savait trop
    Sortie : 5 octobre 1956 | 2h 00min
    De Alfred Hitchcock
    Avec James Stewart, Doris Day, Brenda De Banzie
    Presse
    4,3
    Spectateurs
    4,0
    louer ou acheter

    • "L'Homme…" invisible - Alfred Hitchcock a racheté les droits du film pour les léguer à sa fille, et celui-ci a donc disparu des salles pendant plusieurs décennies, au même titre que La Corde, Fenêtre sur courMais qui a tué Harry ? (1955) et Sueurs froides. Ils ne réapparaissent qu'en 1984, quatre ans après la mort du réalisateur.

    • Où est Alfred ? - Il est facile de le rater car il n'aparaît que brièvement, dans la scène où les héros assistent à un spectacle d'acrobates, juste avant le meurtre qui va faire basculer l'histoire. Comme nous, Alfred Hitchcock semble avoir le regard attiré par les acrobaties, car on le voit de dos, tout à gauche.

    Capture d'écran

    7 - LES ENCHAÎNÉS (1946)

    • Baiser longue durée - Considéré par François Truffaut comme le meilleur film d'Alfred Hitchcock parmi ceux qu'il a réalisés en noir et blanc, Les Enchaînés reste célèbre pour sa très longue scène de baiser entrecoupée de dialogues. Contraint de se plier aux directives du Code Hays, la censure de l'époque, qui minutait très exactement la durée des scènes jugées osées, le réalisateur est parvenu à les contourner en imaginant ces interruptions pour mieux faire durer le moment. Et passer entre les mailles du filet, ce dont il deviendra un spécialiste, en multipliant, par exemples, les symboles et sous-entendus dans L'Inconnu du Nord-Express au début des années 50.

    • Sous surveillance - Une partie de l'intrigue tournant autour de l'uranium 235, Alfred Hitchcock et son co-scénariste Ben Hecht ont rencontré en 1944 le physicien Robert Millikan, Prix Nobel de physique en 1923 (et l'un des artisans du "Projet Manhattan" qui visait à doter les États-Unis de l'arme atomique), et lui ont demandé comment l'on pouvait fabriquer... une bombe atomique. Le scientifique s'est bien entendu abstenu de le leur révéler, se contentant de dire que l'uranium pouvait être contenu dans une bouteille de vin. Le cinéaste a toutefois prétendu avoir fait l'objet d'une surveillance étroite de la part du FBI pendant trois mois, en raison de la simple évocation de l'uranium 235 dans le film.

    • Problème de taille - Six centimètres séparaient Ingrid Bergman (1m75) de Claude Rains (1m69), l'homme que son personnage épouse pour l'espionner. Une différence de taille… à plus d'un titre : "C'était un bon couple mais, dans les plans rapprochés, la différence de taille était si forte que, si on voulait les voir tous les deux dans le cadre, il fallait monter Claude Rains sur des cales", explique Hitchcock à Truffaut. "A un certain moment, on les voyait tous deux arriver de loin, et comme ils se rapprochaient de nous à la faveur d'un panoramique, il était impossible de faire monter Claude Rains brusquement sur une cale. Il a donc fallu construire une espèce de faux plancher qui s'élevait progressivement."

    Les Enchaînés
    Les Enchaînés
    De Alfred Hitchcock
    Avec Cary Grant, Ingrid Bergman, Claude Rains
    Sortie le 19 mars 1948

    • On refait le film - Les Enchaînés a fait l'objet d'un remake réalisé pour la télévision en 1992. Parmi les rares visages connus du casting, on retrouve Jean-Pierre Cassel, qui reprend le rôle tenu par Claude Rains à l'époque.

    • Où est Alfred ? - Difficile de rater le réalisateur que l'on aperçoit, au premier plan, en train de se faire servir du champagne dans la scène de la fête.

    Capture d'écran

    6 - LES OISEAUX (1962)

    • Inspirations diverses - Les Oiseaux s'inspire autant d'une nouvelle publiée par Daphné du Maurier en 1952 (et déjà adaptée à deux reprises à la radio avant que le cinéaste ne s'en empare) que d'un fait divers survenu dans une ville de Californie, en 1961 : le 18 août, ses habitants ont été réveillés par des volatiles qui fonçaient sur les toits, tandis que les cadavres d'autres jonchaient les rues. Après avoir entendu parler de cette histoire, Alfred Hitchcock a demandé qu'on lui fasse parvenir un exemplaire du journal revenant sur cette histoire pour s'en inspirer.

    • Quand Hitchcock rencontre Disney - Afin de rendre crédibles les attaques d'oiseaux, le réalisateur a fait appel à l'animateur Ub Iwerks. Alors employé par les studios Disney, celui-ci a donné naissance à des effets spéciaux novateurs pour l'époque, en utilisant de la vapeur de sodium pour reproduire une image précise du battement d'ailes des oiseaux. Il n'avait en revanche rien à avoir avec la surprise prévue pour les spectateurs de l'avant-première anglaise, accueillis à la sortie du cinéma Odeon de Leicester Square à Londres par des crissements d'oiseaux furieux venant de haut-parleurs cachés dans les arbres.

    • Effets très très spéciaux - Dans l'une des scènes du film, Melanie Daniels se fait attaquer par des oiseaux dans le grenier d'une maison. Les volatiles devaient être mécaniques mais, le jour des prises de vues, l'actrice Tippi Hedren découvrent qu'ils sont bel et bien réels. Et, pour ne rien arranger, le réalisateur demande à faire de nombreuses prises, laissant la comédienne traumatisée après plusieurs jours de souffrance.

    • Les Oiseaux font le pont - Plusieurs fins alternatives avaient été envisagées. Parmi elles, une ultime attaque, ou un plan-séquence sur le Golden Gate Bridge de San Francisco recouvert d'oiseaux. Une idée à laquelle Alfred Hitchcock, qui en était l'auteur, a dû renoncer car il aurait fallu nettoyer les milliers d'excréments laissés par les volatiles après leur passage.

    Les Oiseaux
    Les Oiseaux
    Sortie : 6 septembre 1963 | 2h 00min
    De Alfred Hitchcock
    Avec Tippi Hedren, Rod Taylor, Suzanne Pleshette
    Spectateurs
    4,2
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    • De la suite dans les idées - Il existe un film appelé Les Oiseaux 2 (The Birds II : Land's End), réalisé pour la télévision américaine en 1994. Non content de n'avoir aucun lien tangible avec l'original à l'exception de Tippi Hedren, qui joue un autre personnage, le film est également très mauvais, au point que son metteur en scène Rick Rosenthal (Halloween 2) a demandé à ce que son nom soit retiré du générique et remplacé par Alan Smithee, pseudonyme utilisé par les réalisateurs déboutés ou mécontents de leur film. Quelques années plus tard, une relecture du classique d'Hitchcock voit le jour sous la forme d'un téléfilm en quatre épisodes sur TF1 : Les Corbeaux (2009), avec Astrid Veillon.

    • Où est Alfred ? - Au tout début du film : c'est lui que l'on voit, sortant de l'animalerie de Davidson avec deux chiens, qui n'étaient autres que les siens, appelés Geoffrey et Stanley.

    Capture d'écran

    5 - LE CRIME ÉTAIT PRESQUE PARFAIT (1953)

    • Hitchcock… in 3D ! - Pendant les années 50, la Warner a produit plusieurs films en 3D. Dont Le Crime était presque parfait, tourné avec deux caméras synchrones : l'une pour l'œil gauche, l'autre pour le droit. Les images étaient ensuite superposées et projetées sur un même écran, devant des spectateurs munis de lunettes spéciales. Mais lorsque le long métrage d'Alfred Hitchcock est sorti, le 29 mai 1954 aux États-Unis, le procédé était déjà passé de mode et a été exploité en version "plate" (sauf dans la ville de Saint-Louis), ce qui atténue l'impact de certaines scènes, à commencer par celle qui voit Grace Kelly se défendre avec des ciseaux contre son agresseur. Il faudra attendre 1980 pour qu'il soit de nouveau exploité en relief.

    • Juste un doigt… - Le tournage en 3D explique que l'on retrouve certains objets (des lampes notamment) en amorce de plans, quasi-exclusivement larges, l'usage des caméras nécessaires pour ce procédé ne permettant pas de faire des gros plans. Mais Alfred Hitchcock tenait à ce qu'il y en ait un dans son film, lorsqu'un personnage compose le "M" du titre original (Dial M for Murder), et a donc fait construire un doigt et un cadran géants pour parvenir à ses fins.

    • Hitchcock annonce la couleur - Le Crime était presque parfait marque la première collaboration d'Alfred Hitchcock avec Grace Kelly, qu'il retrouvera pour les besoins de Fenêtre sur cour puis La Main au collet (1955) peu de temps après, faisant d'elle l'une de ses actrices fétiches et l'incarnation de la blonde hitchcockienne. Pour ce baptême du feu, le réalisateur a tenu à choisir lui-même les tenues de sa comédienne avec une idée bien précise en tête : faire en sorte que les couleurs de ses vêtements soient de plus en plus sombres au fur et à mesure que le récit avance.

    • Objet fétiche - Si l'une des chaises du décor vous paraît familière, c'est normal et la preuve que vous êtes observateurs. Car c'est la même que celle sur laquelle Mrs. de Winter (Joan Fontaine) s'asseoit au moment d'aider Mr. Crawley (Reginald Denny) dans une scène de Rebecca. Et on la retrouve également dans Soupçons (1941).

    Le Crime était presque parfait
    Le Crime était presque parfait
    Sortie : 2 février 1955 | 1h 45min
    De Alfred Hitchcock
    Avec Ray Milland, Grace Kelly, Robert Cummings
    Presse
    4,4
    Spectateurs
    4,3
    louer ou acheter

    • On refait le film ? - Sorti en 1998, Meurtre parfait a été présenté comme un remake du Crime était presque parfait. Ce qui n'est pas tout à fait exact, car il s'agit plutôt d'une nouvelle adaptation de la pièce dont le long métrage est tiré. C'est d'ailleurs son auteur Frederick Knott qui a signé le scénario de la version d'Alfred Hitchcock, alors que John Williams (aucun rapport avec le compositeur) y a repris le rôle du Commissaire Hubbard qu'il tenait sur les planches et lui a valu un Tony Award en 1953.

    • Où est Alfred ? - Comme La Corde, Le Crime était presque parfait est un huis-clos, ce qui limite les possibilités de caméo. Alfred Hitchcock arrive quand même à apparaître, durant le premier quart-d'heure, sur la gauche de la photo de la réunion de classe. Ce film est le dernier dans lequel le réalisateur n'est pas physiquement présent.

    Capture d'écran

    4 - LA MORT AUX TROUSSES (1959)

    • Manigances - Lorsqu'Alfred Hitchcock lui a parlé de l'intrigue sur le tournage de Sueurs froides, James Stewart a cru que le cinéaste voulait lui confier le rôle principal et a vite fait part de son intérêt… alors que le réalisateur avait en tête Cary Grant (qui a d'abord hésité car bien plus âgé que le héros, du haut de ses 55 ans). Réalisant la méprise, et pour ne pas décevoir son acteur, le metteur en scène a sciemment décalé le tournage pour qu'il soit engagé sur Autopsie d'un meurtre avant de lui offrir officiellement le personnage de Roger Thornhill, en sachant qu'il n'aurait pas d'autre choix que de le refuser. L'inverse s'était produit une décennie plus tôt : le réalisateur voulait Cary Grant pour La Corde, mais celui-ci était sous contrat avec un autre studio. Il s'est donc tourné vers James Stewart, qui est ensuite devenu l'un des ses interprètes fétiches.

    • Caméra cachée - Malgré la renommée qui était la sienne, Alfred Hitchcock n'a pas eu l'autorisation de tourner à l'intérieur des Nations Unies. Le cinéaste a donc dû ruser : en dissimulant une caméra et, pour le plan de Cary Grant qui rentre dans le bâtiment, en se tenant de l'autre côté de la rue avec son équipe. On peut d'ailleurs y apercevoir un homme qui se retourne au passage du comédien, après l'avoir reconnu en haut des marches.

    • Hitchcock. Alfred Hitchcock - Sorti en 1959, La Mort aux trousses est souvent décrit comme "le premier James Bond" de l'Histoire du cinéma, car on y retrouve plusieurs éléments qui seront au cœur de la saga d'espionnage lancée trois ans plus tard : des décors pleins de couleurs, des agents secrets, un personnage principal élégant, audacieux et drôle opposé à un méchant sinistre mais néanmoins charmant. Des similitudes que la franchise 007 ne renie pas puisque Bons baisers de Russie, avec un hélicoptère, rend un gros hommage à la scène, culte et multi-analysée, au cours de laquelle Cary Grant est poursuivi par un avion dans un champ. Une séquence tournée avec vrai avion, sauf pour le crash final, réalisé avec des maquettes.

    • Futures stars - Le tournage de la scène qui se déroule dans une gare a eu lieu au célèbre Grand Central Station de New York en présence de nombreux spectateurs. Dont George A. Romero et Larry Cohen. Soient, respectivement, le futur réalisateur de La Nuit des morts-vivants, et le futur scénariste de Maniac Cop.

    La Mort aux trousses
    La Mort aux trousses
    Sortie : 21 octobre 1959 | 2h 16min
    De Alfred Hitchcock
    Avec Cary Grant, Eva Marie Saint, James Mason
    Presse
    4,6
    Spectateurs
    4,3
    Disponible sur MAX

    • Un réalisateur qui a du nez - Outre la scène de l'avion, le final qui voit les héros escalader les statues du Mont Rushmore, qui représentent quatre des présidents les plus marquants de l'Histoire des États-Unis, fait aussi partie des moments les plus iconiques de La Mort aux trousses. Mais Alfred Hitchcock voulait aller plus loin avec un gag où Cary Grant se cache dans le nez d'Abraham Lincoln et éternue. Face au refus clair et net des responsables du mémorial, le réalisateur a insisté avant de céder lorsqu'il lui a été demandé ce qu'il penserait du fait de voir Lincoln éternuer caché dans le nez de Cary Grant. Au sein de l'équipe, "L'Homme dans le nez de Lincoln" est toutefois resté comme un titre de travail en forme de private joke sur le tournage.

    • Où est Alfred ? - Le réalisateur apparaît très tôt dans le film, puisqu'il s'agit du passager qui rate son bus, dont les portes se referment devant son nez, à la troisième minute. Un caméo amusant qui préfigure le ton de cette comédie d'espionnage riche en action.

    Capture d'écran

    3 - SUEURS FROIDES (1958)

    • Merci Kim ? - Alfred Hitchcock a cherché à rendre trouble le personnage de Madeleine/Judy de manière visuelle : grâce à des filtres, qui donnent à ses apparitions un aspect moins réaliste, ou en jouant sur les couleurs de ses vêtements, comme le gris qui souligne son étrangeté, ou l'écharpe noire qui tranche avec sa veste blanche et induit la notion de dualité. Sans oublier le vert qui renvoie au passé. Des choix  régulièrement questionnés par son interprète Kim Novak, qui se plaignait aussi du manque de directives du réalisateur, dont elle n'était pas le premier choix. Le metteur en scène voulait en effet Vera Miles, qu'il venait de diriger dans Le Faux coupable (1957), mais cette dernière était enceinte et il a dû la remplacer. Ce qui, de son propre aveu, lui a fait perdre "tout interêt pour le personnage et le film en lui-même." Réponse de la comédienne : "Hitchcock espérait retrouver en moi une blonde à la Grace Kelly, ce qui n'était pas le cas, tout en croyant qu'il arriverait à changer ma nature. Du coup, on retrouve cette résistance à l'écran."

    • Pionnier - Pour illustrer la sensation de vertige de James Stewart, Alfred Hitchcock a mis au point la technique dite du "travelling compensé", qui consiste à combiner un zoom avant avec un mouvement de recul de la caméra pour créer une distorsion de l'image. Un effet que l'on retrouve notamment dans Les Dents la mer de Steven Spielberg ou Les Affranchis de Martin Scorsese.

    • Trucage architectural - La mission San Juan Batista dans laquelle se rendent les personnages principaux par deux fois existe bien, mais son clocher avait été détruit par un incendie au début du XXe siècle. Alfred Hitchcock a donc eu recours à des trucages de l'image pour la faire renaître le temps de deux scènes clés du scénario écrit par Samuel A. Taylor et Alec Coppel, crédité alors qu'il n'a jamais travaillé sur le script. Le premier en est le seul auteur, à partir d'indications du cinéaste.

    • Tout est bien qui finit bien - Pour répondre aux demandes de certains pays européens dans lesquels une mauvaise action ne peut rester explicitement impunie, une scène finale supplémentaire a été tournée : on y en entendait une voix annoncer, à la radio, la future extradition vers les États-Unis de Gavin Elster (Tom Helmore), celui qui avait mis sur pied cette histoire de double pour maquiller un meurtre. Le long métrage s'achevait ensuite avec un plan de Scottie (James Stewart) qui rentrait chez Midge (Barbara Bel Geddes) et contemplait l'horizon par la fenêtre.

    Sueurs froides
    Sueurs froides
    Sortie : 30 janvier 1959 | 2h 09min
    De Alfred Hitchcock
    Avec James Stewart, Kim Novak, Barbara Bel Geddes
    Presse
    3,8
    Spectateurs
    4,3
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    • Influence majeure - Librement adapté du roman "D'entre les morts" de Pierre Boileau & Thomas Narcejac, Sueurs froides est encore considéré comme l'un des meilleurs films de tous les temps, et il a influencé bon nombre de cinéastes : Brian de Palma avec ObsessionBody Double et Femme fataleDavid Lynch avec Mulholland Drive et, surtout, Lost HighwayDario Argento avec les scènes de musée du Syndrome de Stendhal ; ou encore Suzhou River, que son réalisateur Lou Ye décrit lui-même comme une réadaptation.

    • Où est Alfred ? - Le réalisateur ne fait que passer, après dix minutes de film, devant l'entrée d'un chantier naval. Mais il porte un étui de clairon, ce qui est peu commun.

    Capture d'écran

    2 - FENÊTRE SUR COUR (1954)

    • Décor massif - Fenêtre sur cour peut être considéré comme un huis-clos, dans la mesure où il se déroule dans un lieu unique : un immeuble, intégralement créé dans les studios de la Paramount à Los Angeles. Il a ainsi fallu bâtir une cour entourée par trente-et-un immeubles, dont douze aménagés. Celui de Lars Thorwald (Raymond Burr) possédait par exemple l'eau et l'électricité, et était habitable, au même titre que celui de Miss Torso, jouée par Georgine Darcy, qui a vécu dedans pendant un mois. En outre, mille lampes à arc ont été utilisées pour simuler la lumière du soleil, mais la chaleur qu'elle dégageaient a un jour fini par déclencher les arroseurs du studio.

    • Ici la voix - En accord avec le point de vue de l'ensemble du long métrage, Alfred Hitchcock ne travaillait que depuis l'appartement de L.B. Jeffries (James Stewart) et les autres acteurs recevaient ses directives dans des oreillettes couleur chair. Selon Georgine Darcy, la scène pendant laquelle nous voyons un homme et une femme se disputer avec leur matelas au moment de rentrer pour éviter la pluie serait dûe à une blague du réalisateur, qui a donné des indications différentes à chacun des deux comédiens. La drôlerie et le sentiment d'authenticité qui en ont résulté ont assez plu au cinéaste pour qu'il ne demande pas de seconde prise.

    • Adaptation - Si Alfred Hitchcock a dit s'être inspiré d'un fait divers survenu en 1924 en Angleterre (le meurtre et démembrement d'une femme enceinte par son amant), Fenêtre sur cour est également une adaptation d'une nouvelle de Cornell Woolrich, de son vrai nom William Irish, dans laquelle nous n'apprenons qu'à la toute fin que Jeffries a une jambe dans le plâtre, tandis que sa romance avec Lisa est absente du récit. Encouragé par le réalisateur à passer du temps avec Grace Kelly, afin de créer le personnage, le scénariste John Michael Hayes admettra s'être basé sur l'actrice autant que sur sa propre épouse.

    • La vengeance est un plat qui se mange froid - Le réalisateur aurait choisi de confier le rôle de Lars Thorwald à Raymond Burr car il avait la possibilité de le faire ressembler au producteur David O. Selznick, avec qui Hitchcock a connu une collaboration houleuse au début des années 40, à son arrivée à Hollywood.

    Fenêtre sur cour
    Fenêtre sur cour
    Sortie : 25 avril 1955 | 1h 50min
    De Alfred Hitchcock
    Avec James Stewart, Grace Kelly, Wendell Corey
    Presse
    3,9
    Spectateurs
    4,4
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    • Flash spécial - Afin de créer l'effet visuel de la scène pendant laquelle Jeffries tente d'aveugler Thorwald avec le flash de son appareil photo, des membres de l'équipe du film se sont réunis dans une chambre noire pendant qu'une autre personne déclenchait un flash à intervalles réguliers. Ayant unanimement déclaré avoir vu des cercles oranges en expansion, qui les ont d'ailleurs désorientés, les cobayes se sont opposés à l'option consistant à donner naissance à l'effet avec des cercles blancs. Des réserves qui ont été entendues par le superviseur de la séquence, qui a donc opté pour le mélange de rouge et orange du final sous haute tension.

    • Où est Alfred ? - Difficile de rater le metteur en scène, que l'on voit, après vingt-cinq minutes de film, en train de remonter l'horloge du compositeur dans l'appartement de ce dernier. Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, celui-ci n'est pas joué par Franz Waxman (qui signait là sa dernière bande-originale pour le maître du suspense), mais Ross Bagdasarian, futur créateur d'Alvin et les Chipmunks.

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    1 - PSYCHOSE (1960)

    • Douche mortelle - Peut-on parle de Psychose sans penser à sa scène la plus mythique, celle du meurtre de Marion Crane sous sa douche ? Composée de quatre-vingt-dix plans, elle reste l'une des plus analysées par les étudiants de cinéma du monde, et l'un des plus copiées, pusqu'imitée, entre autres, dans Pulsions ou Bonjour les vacances. Sans oublier Bates Motel, prequel sous forme de série, avec Rihanna dans le rôle de la victime. En aurait-il été de même si elle s'était déroulée dans un silence entrecoupé par les cris de Janet Leigh, première option envisagée avant que le compositeur Bernard Herrmann ne réussisse à convaincre Alfred Hitchcock d'y ajouter cette musique stressante devenue iconique ? Si le cinéaste avait été contraint de délaisser le noir et blanc pour des couleurs qui auraient rendu le résultat plus gore qu'angoissant ? Ou s'il n'avait pu ajouter un plan du pommeau de douche pour masquer la déglutition de la comédienne (qui avouera plus tard avoir du mal à prendre des douches depuis le film) alors que son personnage est censé être mort ? Sans doute pas.

    • Maison coûteuse - C'est le décor principal de Psychose, et les producteurs y ont mis le prix : la maison de Norman Bates (Anthony Perkins) a en effet coûté pas moins de 15 000 dollars. En partie composée à partir de matériaux récupérés sur le tournage d'Harvey, comédie de 1950 emmenée par James Stewart, acteur fétiche d'Alfred Hitchcock, elle a été conservée et fait aujourd'hui l'objet d'une attraction aux studios Universal de Los Angeles, avec le motel. Dans la bande-annonce du film, le metteur en scène nous faisait d'ailleurs visiter les lieux et dévoilait, sans que les spectateurs de l'époque ne le sachent, les pièces dans lesquelles allaient se dérouler les événements les plus sanglants.

    • Ponctualité exigée - "Le film que vous devez voir depuis le début...ou pas du tout !", pouvait-on lire sur une publicité américaine au moment de la sortie du film. Sur une autre : "Personne, absolument personne, ne sera admis après le début du programme Psychose !" Alfred Hitchcock s'est en effet inspiré de la méthode mise en place par Henri-Georges Clouzot pour Les Diaboliques, à savoir faire en sorte que les cinémas refusent l'accès aux retardataires, et notamment pendant les trente premières minutes, jusqu'au meurtre de Marion.

    • 38 ans plus tard - Alfred Hitchcock souhaitait que le film débute par un plan-séquence pendant lequel la caméra suit, pendant six kilomètres, Marion Crane jusqu'à sa chambre d'hôtel. Mais les technologies de l'époque ne le permettaient pas et il faudra attendre 1998 et l'étrange remake plan par plan (et un poil plus explicite) signé Gus van Sant, pour voir le souhait du maître devenir réalité.

    Psychose
    Psychose
    Sortie : 2 novembre 1960 | 1h 49min
    De Alfred Hitchcock
    Avec Anthony Perkins, Janet Leigh, John Gavin
    Presse
    4,5
    Spectateurs
    4,4
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    • Un air de famille - Comme dans L'Inconnu du Nord-Express et Le Grand alibi (1950), Patricia Hitchcock fait ici une apparition devant la caméra de son père. Alors âgée d'un peu plus de trente ans, elle incarne Caroline, la collègue de Marion Crane. Il s'agit là de son dernier rôle chez le réalisateur, dont elle a ensuite œuvré pour restaurer et conserver le travail.

    • Où est Alfred ? - Il n'apparaît pas avec sa fille, mais presque. Car c'est également au début de Psychose qu'Alfred Hitchcock fait son traditionnel caméo : avec un chapeau de cow-boy, à l'extérieur du bureau dans lequel Marion travaille, après six minutes de film.

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