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    Treme, The Wire, The Deuce... Pourquoi il faut découvrir les séries de David Simon sur OCS

    De "Treme", qui fête ses 10 ans, à "The Plot Against America", dont la diffusion est encore en cours, les sept séries de David Simon sont disponibles sur OCS : un univers à découvrir absolument. Voilà pourquoi.

    Blown Deadline Productions

    Aujourd'hui, Treme, la brillante série créée par David Simon qui raconte le quotidien de musiciens tentant de reconstruire leurs vies dans la Nouvelle-Orléans post Katrina fête ses dix ans. L'occasion de se replonger dans l'univers ultra-réaliste et percutant de Simon, génie de l'écriture à qui l'on doit aussi l'un des chefs-d'oeuvre de l'histoire de la télévision : The Wire. Cet ancien journaliste devenu écrivain puis scénariste, créateur et producteur de séries est à l'origine de quelques unes des plus grandes pépites programmées par HBO du début des années 2000 à ce jour et toutes ses séries, de The Corner à The Plot Against America, actuellement en cours de diffusion, sont désormais disponibles en France sur OCS. 

    The Corner (2000)

    A la fin des années 1980, après douze ans de bons et loyaux services à la rédaction du Baltimore Sun, David Simon décide de prendre un congé sans solde pour écrire son premier livre. En janvier 1988, il rejoint la brigade criminelle de Baltimore, qu'il va intégrer comme observateur pendant un an. Il écoute, prend des notes à n'en plus finir, suivant au quotidien les enquêtes et la vie de la brigade. En immersion totale, il apprend les ficelles du métier et assiste à des scènes d'anthologies. Il en tire un livre, Homicide: One Year on the Killing Streets (Baltimore en français), qui inspirera la série Homicide créée par Paul Attanasio et coécrite par Simon en 1993. 

    Ensuite, avec Ed Burns, ancien flic - qui lui servait de source quand il écrivait au Baltimore Sun - devenu instituteur, il se lance dans une enquête de trois ans sur une communauté des quartiers ouest de Baltimore dominée par le marché de la drogue. Ils en tirent un ouvrage intitulé The Corner: A Year in the Life of an Inner-City Neighborhood. En 2000, Simon s'associe à David Mills pour créer la mini-série en six épisodes The Corner, qui marque le début d'une longue collaboration avec HBO. 

    HBO

    La série trouve donc directement sa source dans le livre de Simon et Burns, racontant la vie quotidienne des habitants de La Fayette Street à Baltimore, un quartier défavorisé rongé par la drogue que l'on y vend en plein jour et dans la violence. Mise en scène avec un style proche du documentaire, elle rend compte de la réalité sans concession, sans compromis. Forte de l'écriture intelligente et de l'humanité qui caractériseront par la suite tout l'univers télévisuel créé par Simon, elle rencontre un grand succès critique et remporte trois Emmy Awards. 

    The Wire (2002-2008)

    Après l'essai transformé de The Corner, David Simon retrouve Ed Burns et les deux hommes s'attèlent à l'écriture d'une nouvelle série, plus ambitieuse. The Wire, Sur écoute en français, n'est rien de moins qu'un chef-d'oeuvre : pendant cinq saisons, cette fresque sociale dresse le portait en profondeur de Baltimore et de ses souffrances. Simon et Burns en explorent les différentes instances et leurs rouages, portant un regard acéré sur chaque couche de la société, à travers les expériences croisées d'une pléiade de personnages magnifiquement écrits. Pour cela, ils s'inspirent évidemment de leur expérience sur le terrain et montrent l'incapacité des politiques et des institutions à mener à bien leur combat perdu d'avance contre la drogue. 

    Chaque saison aborde une nouvelle facette institutionnelle de la ville, la drogue étant le fil conducteur : la police, les docks (le port étant le coeur névralgique de la ville et une plaque tournante du trafic), la politique, l'école et enfin les médias. "Je ne suis pas très doué pour imaginer des choses", confiait David Simon il y a quelques années. "Pour The Wire, lorsqu'on se conformait à des faits réels, il y avait de la triche, car on se trouvait dans le drama, mais même là, notre règle était : c'est arrivé, ça aurait sans aucun doute pu arriver ou il y a des rumeurs selon lesquelles c'est arrivé mais on ne peut pas tout à fait le prouver. Si ça n'aurait pas pu se produire, nous n'en voulions pas dans l'épisode. Cette rigueur a permis de modeler une série différente. C'est devenu autre chose qu'un simple divertissement."

    Le résultat est magistral, The Wire est plébiscitée dans le monde entier, par la critique, par le public, y compris l'ancien président Barack Obama, a signifié plusieurs fois que c'était sa série préférée. L'écriture est impeccable et prend son temps, la mise en scène est percutante, les personnages extrêmement attachants, souvent drôles, rien n'est jamais manichéen ni trop sombre, les comédiens sont remarquables, mais - et c'est tout à leur honneur - Simon et Burns refusent la facilité : le spectateur est plongé dans les rues de Baltimore sans autre explication que l'histoire qui se déroule et il est forcé de se prendre par la main.

    "Si on commence à tout expliquer, on gâche tout. Cela ne ressemble pratiquement plus à la vie", observait très justement David Simon dans une interview accordée à AlloCiné en 2012. "Quand on entre dans une pièce, on ne nous explique pas immédiatement l'histoire de toutes les personnes présentes, on ne saisit pas toutes les dynamiques du moment de manière linéaire. On entre au milieu de quelque chose et on commence à récolter quelques informations et finalement, les choses commencent à s'éclaircir. (...) J'ai réalisé qu'il y avait là-dedans quelque chose qui pouvait mettre dans une position de faiblesse, que cela pouvait désorienter les gens, mais cela pousse les gens à s'investir et j'ai trouvé plein de spectateurs intelligents."

    Generation Kill (2008)

    Dans la foulée de The Wire, David Simon collabore de nouveau avec Ed Burns et les deux hommes se mettent avec Evan Wright à écrire Generation Kill. La mini-série, qui comporte sept épisodes, est adaptée de l'essai de Wright, reporter embarqué au sein d'un bataillon du corps des Marines en 2003 pour couvrir la Guerre en Irak. 

    La série commence au Koweït, dans une base américaine où le 1er bataillon de reconnaissance des Marines passe ses dernières heures avant le début de l'invasion de l'Irak. C'est là qu'arrive un journaliste du magazine Rolling Stone, joué par Lee Tergesen et inspiré par Evan Wright lui même, qui doit suivre le bataillon en immersion, en plein cœur de la guerre. Ces jeunes soldats sont les premiers sur place et doivent alors composer avec le manque d'équipement, un commandement incompétent et une stratégie opaque. 

    Avec Generation Kill, David Simon prouve une nouvelle fois combien il est attaché à rendre compte du réel avec le plus d'acuité possible. Il s'entoure d'une nouvelle équipe de comédiens brillants : Alexander SkarsgårdJames Ransone et Lee Tergesen en tête. L'absence de musique, quant à elle, renforce l'aspect documentaire du show, qui donne une vision très sombre d'une guerre mal préparée. De nouveau, Simon fait carton plein. Très attendu après The Wire, il ne déçoit pas et la série, pourtant loin d'avoir la même notoriété publique que sa grande soeur, repart de la 61e cérémonie des Emmy Awards avec trois statuettes. 

    Treme (2010-2013)

    David Simon n'aime pas travailler seul et c'est avec l'écrivain Eric Overmyer, scénariste sur Homicide et sur la saison 4 de The Wire, qu'il crée Treme. Après Baltimore, c'est à La Nouvelle-Orléans qu'il élit domicile - le show emprunte d'ailleurs son nom à un quartier de la ville, Tremé appelé aussi parfois Faubourg Tremé. 

    La série se déroule dans une Nouvelle-Orléans en souffrance trois mois après le passage dévastateur de l'ouragan Katrina. Des musiciens de jazz, membres du même groupe, ainsi que les habitants de la ville, tentent d'y reconstruire leurs vies. Parmi eux, Antoine Batiste (Wendell Pierce, le Bunk de The Wire), tromboniste de talent et Albert Lambreaux (Clarke Peters, également vu dans The Wire), un grand chef de la White Feather Nation, fait tout pour préserver les traditions du Sud et redonner au Mardi-Gras ses lettres de noblesse. 

    L'enjeu, pour Simon, est de faire le portrait de la Nouvelle-Orléans, bien au-delà de la scène musicale et Treme aborde aussi bien la corruption politique que la controverse sur le logement public, les affrontements entre la police et les Indiens du Mardi Gras, les difficultés des systèmes judiciaires et éducatifs ou la lutte pour regagner l'industrie du tourisme après le passage de Katrina. Les personnages sont souvent inspiré de véritables habitants de la ville et la série fait appel à des musiciens issus de la scène musicale et culinaire néo-orléanaise. Comme Wendell Pierce, de nombreux acteurs sont par ailleurs originaires de Louisiane. 

    Avec Treme, Simon retrouve le ton ultra-réaliste, une floppée de personnages et toute l'humanité qui avaient fait le succès de The Wire et montre encore qu'il est capable de saisir, comme personne, l'âme d'une ville et de ses habitants. La série, plus confidentielle que The Wire, séduira tout de même la critique et HBO lui permettra de durer quatre saisons. 

    Show Me A Hero (2015)

    Le nouveau produit de l'oeuvre urbaine sans concession de David Simon sera une mini-série : Show Me A Hero, fresque politique et sociale en six épisodes coécrite avec le journaliste William F. Zorzi et réalisée par Paul Haggis. Basée sur le livre-enquête du même nom écrit par Lisa Belkin, elle s’attache à relater l’histoire vraie du politicien Nick Wasicsko. 

    À la fin des années 1980, Wasicsko, ancien officier de police devenu le plus jeune maire de la ville de Yonkers dans l’État de New York et campé par Oscar Isaac, est contraint par la justice de construire des logements sociaux dans un quartier majoritairement habité par des blancs. Alors qu’il tente de faire appliquer tant bien que mal cette décision, ses efforts vont avoir pour conséquences de déchirer la ville, divisée sur la question, et de paralyser l’ensemble du conseil municipal. Emporté dans ce conflit qui le dépasse, Wasicsko voit tous les rêves et ses idéaux partir en fumée et son avenir politique sérieusement mis en danger. 

    David Simon retrouve ici les thèmes qui lui sont chers, mêlant les histoires personnelles de ses personnages avec l'histoire institutionnelle sur laquelle ils n'ont pas de prise et pour beaucoup, Show Me A Hero est un nouveau chef-d'oeuvre de narration, intelligent, émouvant et porté par des performances d'acteurs de haute volée. 

    The Deuce (2017-2019)

    Avec l'écrivain et scénariste George PelecanosDavid Simon crée ensuite The Deuce, une série en trois saisons ayant pour thème principal l'ascension et l'essor de l’industrie pornographique du début des années 1970 au milieu des années 1980, principalement dans le quartier de Forty-Deuce, situé en plein coeur de Manhattan, qui accueillait alors une multitude de cinémas pornos. 

    Aux premières loges de cette révolution culturelle, deux frères jumeaux propriétaires de bars servant de couverture aux mafieux du coin, Vincent et Frankie Martino, joués par James Franco, et Candy, prostituée en quête de liberté, visionnaire courageuse à l’écoute des évolutions de son époque, incarnée par Maggie Gyllenhaal. Les frères Martino ont par ailleurs véritablement existé et c'est Vincent qui a donné envie à David Simon et George Pelecanos de se lancer dans l'écriture de The Deuce. 

    "Cette histoire ne sera traitée ni de façon complaisante, ni de façon puritaine", avertissait David Simon au moment du lancement de la série. "On parle simplement d’un produit et des êtres humains qui l’ont créé, vendu, en ont profité et souffert." Le contrat est rempli et The Deuce, avec sa photographie léchée et sa large palette de personnages issus de différentes cultures interprétés par des acteurs de choix, fait mouche. 

    The Plot Against America (2020)

    Douze ans après la fin de The Wire, David Simon et Ed Burns font de nouveau équipe pour The Plot Against America. Créée et écrite par le duo, toujours pour la chaîne HBO, la mini-série en six épisodes est adaptée du roman de Philip Roth Le complot contre l'Amérique, une uchronie dans laquelle l'écrivain imagine une histoire alternative de l'Amérique où l'aviateur Charles Lindbergh, héros national xénophobe et populiste, aurait été élu président des Etats-Unis en 1940, plongeant le pays dans le fascisme.

    La série suit ces bouleversements politiques de juin 1940 à novembre 1942 à travers le destin d'une famille juive du New Jersey : Herman et Bess Levin (Morgan Spector et Zoe Kazan, merveilleux), leurs deux enfants Philp et Sandy et leur entourage proche. Le terreur monte progressivement, au rythme des inquiétudes de la famille Levin, qui se concrétisent dangereusement à mesure que monte l'antisémitisme. Au-delà de l'interprétation des acteurs, qui sont tous absolument formidables, Simon et Burns font montre, une fois de plus, d'un immense talent d'écriture. Et Simon de confirmer qu'il est toujours l'un des monstres sacrés de la télévision américaine du 21e siècle. 

    The Plot Against America, comme toutes les séries de David Simon sus-citées, est disponible sur OCS :

     

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