De quoi ça parle ?
Lorsque le célèbre aviateur Charles Lindbergh battit le Président Roosevelt aux élections présidentielles de 1940, la peur s'empara des Juifs américains. Non seulement Lindbergh avait, dans son discours radiophonique à la nation, reproché aux Juifs de pousser l'Amérique à entreprendre une guerre inutile avec l'Allemagne nazie, mais, en devenant trente-troisième Président des Etats-Unis, il s'empressa de signer un pacte de non-agression avec Hitler. Alors la terreur pénétra dans les foyers...
The Plot Against America, une série créée par David Simon et Ed Burns d'après le roman de Philip Roth, avec Winona Ryder, Zoe Kazan, Morgan Spector, John Turturro, Anthony Boyle, Azhy Robertson.
Diffusée à partir du 17 mars sur OCS. 6 épisodes vus sur 6.
Ca ressemble à quoi ?
Ca vaut le coup d'oeil ?
Douze ans après la fin de The Wire, qu'ils ont créée ensemble et que beaucoup considèrent comme l'une des meilleures séries de l'histoire de la télévision, David Simon et Ed Burns font de nouveau équipe pour la mini-série The Plot Against America. Créée et écrite par Simon et Burns, la mini-série en six épisodes est adaptée du roman de Philip Roth Le complot contre l'Amérique, une uchronie dans laquelle l'écrivain imagine une histoire alternative de l'Amérique où l'aviateur Charles Lindbergh, héros national xénophobe et populiste, aurait été élu président des Etats-Unis en 1940, plongeant le pays dans le fascisme.
La série suit ces bouleversements politiques de juin 1940 à novembre 1942 à travers le destin d'une famille juive du New Jersey : Herman et Bess Levin (Morgan Spector et Zoe Kazan), leurs deux enfants Philp et Sandy (Azhy Robertson et Caleb Malis) et leur entourage proche. Le terreur monte progressivement, au rythme des inquiétudes de la famille Levin, qui se concrétisent dangereusement à mesure que monte l'antisémitisme. Au-delà de l'interprétation des acteurs, qui sont tous absolument formidables, Zoe Kazan et Morgan Spector en tête, Simon et Bruns font montre, une fois de plus, d'un immense talent d'écriture.
Contrairement au roman, raconté du point de vue du plus jeune fils, Philip, la mini-série prend le parti de mêler les points de vue de chacun des membres de cette petite communauté. Aucun n'est laissé pour compte et c'est au noyau familial tout entier que l'on s'attache, aussi grâce à la mise en scène orchestrée par Minkie Spiro, qui réalise les trois premiers épisodes. Sa caméra, proche des personnages, nous embarque dans le sillage de chacun. Vibrante, elle nous immerge en plein coeur du foyer des Levin, dont on finit par connaître la maison par coeur.
On est avec eux, notre empathie est totale et bien que la série refuse obstinément la tentation du spectaculaire, l'uchronie fait si souvent écho à l'Amérique de Trump qu'au fil des épisodes, la tension devient de plus en plus insoutenable. On craint pour les Levin, car on sait parfaitement le sort que les nazis ont réservé aux Juifs d'Europe au même moment et dans les années qui ont suivi, et dans le même temps, on est profondément ébranlé par le sentiment que l'Histoire n'est qu'un éternel recommencement et qu'il suffit parfois d'un rien pour basculer à nouveau dans la haine de l'autre et dans la violence.