S’il y a bien une série de jeux vidéo à laquelle nous avons cru de prime abord lors de son adaptation au cinéma, c’est bien celle de Capcom, Resident Evil. Mais si l'exploitation de la cultissime franchise vidéoludique reste à ce jour l'une des plus lucratives en ce qui concerne les adaptations de licences vidéoludiques au cinéma, on est pas non plus totalement obligé de souscrire, loin s'en faut, à cette proposition artistique. Du coté de Capcom, les coups de canifs de ces adaptations dans le matériau de base n'ont pas franchement affolé l'éditeur, préférant se concentrer sur ce qu'il sait faire de mieux : des jeux.
Le 3 avril, l'éditeur sortait ainsi de sa besace Resident Evil 3 remake. Avec son moteur graphique hérité de RE 7, mais encore peaufiné par rapport au remake de Resident Evil 2 sorti en janvier 2019, cet opus est une démonstration technique et une pure merveille visuelle qui profite, en plus, d’effet spéciaux améliorés pour plusieurs séquences souvent impressionnantes. Un régal pour les fans d’action, mais qu’en est-il de ceux qui apprécient les ambiances plus pesantes ?
Nemesis mon amour
Si le scénario de ce RE3 conserve l’essentiel du titre d’origine, l’arrivée du Nemesis nous plonge finalement dans une course poursuite qui ne laisse que peu de place à l’ambiance stressante et bien plus lente de RE 2. C’est un choix qui plaira à certains et moins à d’autres. Pour autant, le plaisir est au rendez-vous, mais vraiment différemment. Avec un début d’aventure au mileu d’une ville de Raccoon City merveilleusement délabrée, innondée de zombies, les trois premières heures sont réellement savoureuses pour les fans de la franchise. Mais avec seulement six heures trente de jeu pour compléter l’aventure en mode normal (en poussant un peu et prenant son temps, rajoutez une heure au compteur), il faut bien avouer que la fin du périple est plus une fuite en avant. Un autre style donc pour cet opus qui profite, notamment, d’un gameplay un peu différent, mais qui a largement fait ses preuves pendant nos parties.
Oubliez le couteau ou les grenades pour éviter une morsure, dans Resident Evil 3 tout contact avec un zombie se soldera inévitablement par un gourmand câlin. Un constat étrange au début qui se révèle rapidement compensé par l’apparition d’un nouveau talent, l’esquive. Jill Valentine, héroïne de ce volet, est désormais capable de faire une roulade qui, si elle est exécutée au bon moment, lui donne même le temps de se retourner pour tirer, au ralenti, dans la tête de ses ennemis. Une technique carrément jouissive une fois maitrisée qui autorise, par ailleurs, de faire tomber temporaiement le Nemesis pour lui soutirer des objets qui facilitent grandement votre voyage. Merci les S.T.A.R.S, toujours aussi efficaces donc !
La trahison originelle ?
Oui, cette aventure de Jill Valentine est toujours aussi bonne et oui, vous pouvez jouer un autre personnage comme dans celle d’origine. La trame est bien la même et les scènes clés sont, pour la plupart, présentes. Pour la plupart car, vous l’aurez compris, il en manquent certaines. Adieu le beffroi, véritable mine à énigmes qui ralentissait un peu la fuite effrénée dans l’opus d’origine. Clairement, ça fait mal, d’autant que, du coup, les puzzles traditionnels sont quasiment inexistants de ce volet. Là encore, c’est un choix pour se concentrer sur l’action, mais qui coûte cher en termes de durée de vie. Le laps de temps, très court, entre RE 2 remake et cet opus pourrait l’expliquer, mais certains fans ne le pardonneront pas. Et c’est sans doute pour cela que Capcom a ajouté à ce RE3 un mode multijoueurs, Resistance.
Resident Evil à plusieurs en mode «survivors», ça fait toujours rêver. Et pourtant, peu de titres ayant le même objectif sont parvenus à convaincre. Sans décevoir, mais sans forcément briller non plus, ce Resident Evil Resistance, livré avec RE 3 remake, est amusant et pourra sans doute plaire à certains. Avec son gameplay asymétrique, quatre survivants d’un côté et un mastermind, prêt à tout pour les anéantir de l’autre, s’affrontent… En plaçant des pièges, des zombies et autres monstruosités, le cerveau de l’affaire tente d’abattre ses proies, toutes capables de prouesses propres à leur rôle : tank pour encaisser les dégâts, soigneur, spécialiste des dommages, hacker, etc. Une bonne idée sur le papier qui souffre malheureusement d’un gameplay assez imprécis et de problèmes de collisions (surtout du côté des survivants) agaçants. Pour autant, avouons que nous avons plus qu’apprécié d’incarner le mastermind avec son gameplay stratégique. Pour un peu, ca rappellerait presque les souvenirs émus du jeu culte Dungeon Keeper, créé par Peter Molyneux et sorti en 1997.
Ré-interprétation du titre original qui démarre 24h avant RE2 et se termine 24h après, ce Resident Evil 3 remake tient in fine partiellement ses promesses de par son gameplay, son rythme haletant et ses scènes spectaculaires, largement alimentées par les rencontres parfois tendues à craquer / stressantes avec le Nemesis. Si l'ajout de Resident Evil Resistance est appréciable, la durée de vie assez courte de l’aventure principale, ainsi que la mise de côté regrettable de passages du jeu de 1999 tempèrent notre enthousiasme, même si le jeu devrait logiquement séduire sans mal les amateurs de jeux d’action horrifiques. On attend / espère désormais un remake de Resident Evil : Code Veronica, la future série Resident Evil en cours de développement du coté de Netflix, et l'annonce d'un Resident Evil 8, qui pourrait être effective, aux dires des rumeurs, en 2021.
NB : Notez que le dernier mode de difficulté, disponible après avoir terminé une fois l’aventure, offre le même scénario avec pas mal d’éléments aléatoires, dont des ennemis placés différemment. De quoi avoir de belles frayeurs si vous retournez à Raccon City avec Jill. A bon entendeur…
Ci-dessous, la bande-annonce du jeu...