Drive (2011)
Adaptation du roman éponyme de James Sallis, Drive est sans aucun doute le film le plus grand public de Nicolas Winding Refn mais aussi le plus abouti. Le réalisateur danois propose un long-métrage nerveux et sublime mêlant une romance douce et un trip ultra violent porté par un Ryan Gosling transcendant. Ce dernier incarne un homme solitaire, un "driver" cascadeur le jour et chauffeur pour des truands la nuit. L’arrivée d’Irene (Carey Mulligan) et de son fils dans sa vie va bouleverser son existence. Bercé par une bande son pop et moderne aux rythmes eighties ("Nightcall" de Kavinsky pour ne citer qu'un morceau), Drive est un film efficace, truffé de cascades impressionnantes et sublimée par une esthétique crépusculaire. Le film, inspiré du classique Bullit selon Nicolas Winding Refn mais aussi d'American Gigolo, a été récompensé du Prix de la mise en scène au Festival de Cannes.
Disponible sur Canal VOD
Mulholland Drive (2001)
Dans la veine de la série culte Twin Peaks, Mulholland Drive, qui devait être un pilote de série à l’origine, est l’une des oeuvres majeures de David Lynch. Le cinéaste américain nous plonge dans un univers hollywoodien paranoïaque, effrayant et attirant où Rita (Laura Harring), une jeune femme amnésique, tente de retrouver la mémoire avec l’aide de Betty (Naomi Watts), une actrice en devenir. Entre le fantastique et le thriller, Mulholland Drive est un voyage expérimental et onirique sujet à de multiples interprétations. Sa mise en scène délirante et son casting impeccable font de Mulholland Drive un film aussi fascinant que déroutant. Ce film de David Lynch a obtenu le Prix de la mise en scène au Festival de Cannes, ex aequo avec The Barber de Joel et Ethan Coen. Il a également été récompensé du César du meilleur film étranger.
Disponible sur Amazon Prime Video et sur Canal VOD
A Beautiful Day (2017)
Joe, un vétéran de l'armée américaine devenu tueur à gages interprété par un Joaquin Phoenix au sommet de son art, est engagé pour retrouver Nina, la petite fille d'un sénateur, enlevée et retenue par un réseau de prostitution. Très vite, ce Travis Bickle du 21e siècle se retrouve plongé malgré lui dans une spirale de violence. Âpre, ultra-violent et brutal à souhait, d'une modernité d'une implacabilité qui forcent le respect, A Beautiful Day avait pourtant l'étoffe d'une Palme d'or, mais c'est à The Square que le jury présidé par Pedro Almodovar a préféré remettre la récompense ultime lors de l'édition cannoise de 2017. Le film de la cinéaste écossaise Lynne Ramsay, qui s'était illustrée en 2011 avec le non moins violent We Need To Talk About Kevin, n'est toutefois pas reparti bredouille de la Croisette, puisqu'il a remporté le prix du scénario et le prix d'interprétation masculine.
Disponible sur myCANAL et en VOD
Un Prophète (2009)
"Je remercie Michael Haneke de ne pas avoir fait de film cette année" : au moment de recevoir, enfin, la Palme d'Or avec Dheepan en 2015, Jacques Audiard ne manquait ni d'humour, ni de lucidité. Car cette année là, le réalisateur autrichien était absent de la compétition cannoise, où il restait sur deux victoires d'affilée face à son homologue tricolore. La plus importante étant bien sûr en 2009, lorsque son glaçant Ruban blanc a triomphé devant la claque Un prophète. Quatre ans après De battre mon cœur s'est arrêté, le cinéaste frappait encore plus fort avec cette fresque criminelle doublée d'une plongée réaliste dans l'univers carcéral, qui a révélé un vrai diamant brut en la personne de Tahar Rahim. Récompensé par le Grand Prix puis par neuf César, le long métrage fait partie de ceux dont il n'y a rien à retirer tant ses éléments se marient parfaitement pendant plus de 2h30, et dont on ressortait avec la sentiment d'avoir découvert un futur classique. Une décennie plus tard, sa puissance intacte et l'influence qu'il a eu sur une série comme The Night Of ne font que le confirmer.
Disponible en VOD
Inside Llewyn Davis (2013)
Inside Llewyn Davis raconte une semaine de la vie d'un jeune chanteur de folk qui tente de vivre de sa musique en 1961. Alors qu'un hiver rigoureux sévit sur New York, sa guitare à la main, il ne survit que grâce à l'aide que lui apportent des amis ou des inconnus, des cafés de Greenwich Village à un club désert de Chicago. Doux-amer, porté par une bande-originale magnifique composée essentiellement de chansons folk interprétées par Oscar Isaac et les autres acteurs du film, Inside Llewyn Davis est une sublime histoire de loser comme seuls les frères Coen savent les imaginer. En compétition avec La Vie d'Adèle, qui a séduit le jury de Steven Spielberg a l'unanimité cette année-là et gagné la Palme d'or, ce petit chef-d'oeuvre a tout de même décroché le Grand Prix. La BO, produite par T-Bone Burnett - qui avait travaillé avec les Coen sur O'Brother et Ladykillers - s'est par ailleurs très bien vendue.
Disponible sur OCS et en VOD
Une Grande fille (2019)
Pour son deuxième film, sélectionné dans la section Un Certain Regard lors du Festival de Cannes 2019, le jeune prodige du cinéma russe Kantemir Balagov était attendu au tournant. Après Tesnota, qui racontait le désir d'émancipation d'une jeune femme juive dans le Caucause de la fin des années 1990, il nous emmène avec Une Grande fille en 1945, dans la Léningrad ravagée de l'après Seconde Guerre mondiale. Au milieu des ruines, deux jeunes femmes tentent de se reconstruire et de donner un sens à leur vie. Une fois de plus, cet ancien élève d'Alexandre Sokourov âgé de seulement 28 ans impressionne, faisant montre d'une maturité ahurissante et d'une virtuosité totale en matière de maîtrise du cadre et de la composition - le travail sur les couleurs, notamment, est somptueux. Avec ce film bouleversant, qui aurait mérité sa place en Compétition, il obtient le prix de la mise en scène et prouve qu'il a tout d'un grand cinéaste.
Disponible sur MyCanal et en VOD
Old Boy (2004)
Véritable électrochoc de la Croisette en 2004, Old Boy n'est guère passé loin de devenir cette année-là la Palme d'Or; le président du jury de cette édition, un certain Quentin Tarantino, n'a en effet jamais caché que le long métrage de Park Chan-wook était selon lui le meilleur film de la Sélection, mais la verve et l'enthousiasme du réalisateur de Pulp Fiction ne lui ont guère permis de convaincre son jury, plus disposé à sacrer le documentaire Fahrenheit 9/11 de Michael Moore, sur la forte insistance du producteur Harvey Weinstein, tandis que Old Boy s'est toute de même vu remettre le non moins prestigieux Grand Prix.
Disponible en VOD et sur myCANAL.
Les quatre cents coups (1959)
Pour son premier long métrage, qui marquera au passage la naissance du mouvement dit de la Nouvelle Vague (avec les autres films réalisés par la bande des Cahiers : Godard, Truffaut, Rivette...) François Truffaut puise largement dans sa propre enfance pour signer avec ce portrait doux-amer un film autobiographique troublant de réalisme, mélange de saynettes et d'authentiques souvenirs servis par une admirable prestation de Jean-Pierre Leaud dont il s'agissait également du tout premier film. Récompensé par le Prix de la mise en scène au Festival de Cannes 1959, Les quatre cents coups offrit au jeune François Truffaut (âgé alors d'à peine 26 ans) le coup d'envoi d'une carrière extraordinaire, mais également d'un cycle anthologique autour du personnage d'Antoine Doinel (4 films et un court métrage), véritable alter-ego cinématographique du cinéaste qui l'aura accompagné tout au long de son oeuvre.
Disponible en VOD et sur Netflix
Harakiri (1962)
Prix du jury en 1962 au Festival de Cannes, Harakiri de Masaki Kobayashi marque l'un des avènements de l'Âge d'or du cinéma japonais. Ce chanbara porté par Tatsuya Nakadai voit un rônin se présenter auprès d'un seigneur pour lui demander d'accueillir son sepuku, nom donné au rite consistant aux samouraïs de se donner la mort avec honneur en s'ouvrant de leur épée leur propre ventre. Sous ses airs de film d'époque, Harakiri est pourtant un film résolument moderne, qui aura grandement marqué de son empreinte les chanbara produits au cours des années 60 et 70, notamment les longs métrages d'Hideo Gosha eux aussi marqués par leur vision désabusée du mythe du samouraï. En 2011, soit quarante-neuf ans après le sacre d'Harakiri, le remake Hara-Kiri : Mort d'un samouraï signé Takashi Miike a été projeté Hors-Compétition à Cannes, une admirable façon pour le de boucler la boucle avec un film demeuré légendaire dans l'esprit des cinéphiles.
Disponible en VOD
Fargo (1996)
En 1991, leur film Barton Fink avait entraîné l'instauration de nouvelles règles interdisant à un même film de remporter plus de deux récompenses après qu'il se soit vu remettre la Palme d'or, le Prix de la mise en scène et celui du meilleur interprète masculin (John Turturro). De retour sur la Croisette en 1996, les frères Coen triomphent de nouveau avec Fargo, pastiche des films noirs tirée d'un fait divers totalement fictif, en décrochant le prix de la meilleure Mise en scène par le jury présidé lors de cette édition par Francis Ford Coppola. Mené par une Frances McDormand époustouflante (elle sera d'ailleurs sacrée Oscar de la Meilleure actrice quelques mois plus tard), Fargo fait par ailleurs office de pont entre les comédies noires réalisés par Ethan et Joel Coen (O'Brothers, The Big Lebowski) et leurs polars beaucoup plus sérieux (Miller's Crossing, No Country for Old Men...).
Disponible en VOD et sur Amazon Prime
Portrait de la jeune fille en feu (2019)
Un an après avoir découvert ce film, la flamme est toujours vive. Le film d'époque de Céline Sciamma, porté par le couple instantanément iconique Adèle Haenel - Noémie Merlant, est toujours présent dans nos pensées et dans nos coeurs. Parce qu'il nous montrait de nouvelles images, une nouvelle façon de filmer les femmes, et la relation entre une artiste et son modèle, sans rapport de domination. L'alliage de la beauté plastique et d'un propos intelligent, rare et documenté sur les femmes artistes à la fin du XIXe siècle. Ce n'est pas pour rien que Portrait de la jeune fille en feu a été récompensé pour son scénario (même si, nous, nous l'aurions vu plus haut au palmarès). Depuis le Festival de Cannes, Portrait de la jeune fille en feu a voyagé dans le monde entier, touchant particulièrement le public américain et sud-coréen, au point qu'une "Portrait Nation" a vu le jour, portant toujours la flamme des mois après sa sortie. Si vous n'avez pas encore regardé ce Portrait, laissez-vous embraser ! Vous ne le regretterez pas !
Disponible en VOD et sur myCANAL
Under The Silver Lake (2018)
Troisième long métrage réalisé par David Robert Mitchell (It Follows), Under the Silver Lake a connu les honneurs de la compétition cannoise en 2018, mais en est reparti bredouille après avoir joyeusement divisé. Ce qui peut se comprendre car il se reçoit très différemment selon les sensibilités de chacun et demande du temps pour être digéré, ce que la frénésie du festival ne permet pas. Ce film noir moderne qui convoque les fantômes de Los Angeles et Hollywood tout au long de l'enquête obsessionnelle menée par Andrew Garfield peut se révéler fascinant pour qui s'y abandonne. Et s'y replonge. Car sa richesse visuelle et thématique paraît encore plus grande à la seconde vision, dans la mesure où il est question de la pop culture et la façon dont chacun la vit, d'un côté comme de l'autre de l'écran. A défaut de donner des réponses claires, il laisse chacun naviguer parmi les références et y trouver ce qu'il veut et ce qui lui parle avec, à la clé, un voyage singulier en forme de portrait d'une génération, et une séquence particulièrement bluffante avec un compositeur. Le trip ne plaira pas à tout le monde, mais il mérite clairement que l'on s'y essaye.
Disponible sur OCS et en VOD
Carol (2016)
Elégant, pudique, et d'une douceur infinie... Comment résister au charme de Carol, film de Todd Haynes qui a valu à Rooney Mara, un prix d'interprétation à Cannes (ex-aequo avec Emmanuelle Bercot pour Mon Roi de Maiwenn). Cate Blanchett qui forme un couple magnétique avec Rooney Mara aurait elle aussi mérité d'être distinguée, tant leur alliance fait des étincelles. Carol, adapté du roman du même nom de Patricia Highsmith, histoire passionnelle dans le New York des années 50, raconte la rencontre entre Therese (Rooney Mara), jeune employée d'un grand magasin de Manhattan, Carol (Cate Blanchett), une cliente distinguée et femme séduisante, prisonnière d'un mariage peu heureux. À l'étincelle de la première rencontre succède rapidement un sentiment plus profond. Les deux femmes se retrouvent bientôt prises au piège entre les conventions et leur attirance mutuelle...
Do The Right Thing (1989)
Il fait chaud, cet été-là, à Brooklyn. Les jeunes n'ont rien à faire et commencent à d’échauffer. Mookie, 25 ans, est livreur de pizzas pour un Sal. Ce dernier, malgré les demandes répétées de la communauté afro-américaine, refuse de décorer son établissement avec des vedettes qui ne soit pas italo-américaines. Une peccadille qui, la chaleur aidant, va exacerber les tensions présentes dans le quartier. Pour son troisième long métrage, Spike Lee vise juste quant à la représentation des quartiers et des banlieues comme une bombe à retardement qu’un rien peut déclencher. Sa mise en scène maîtrisée appuie cette tension progressive et marquera son époque. Concourant pour la Palme d’or, Do The Right Thing perd face à Sexe, Mensonges et Vidéo de Steven Soderbergh et le jury présidé par Wim Wenders ne donnera aucune récompense au film. Spike Lee commentera dans un entretien qu’il a une batte de baseball gravée du nom de Wenders.
Disponible en replay sur Arte.tv, en DVD, Blu-Ray et sur en VOD sur Orange, MyTF1 ou FilmoTV
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