Sorti en 1997, Lucie Aubrac retrace la vie de la célèbre résistante française et revient sur son organisation de l'opération commando qui a permis de faire évader son mari, prisonnier des allemands. Porté par Carole Bouquet, le rôle-titre était à l'origine tenu par Juliette Binoche. Seulement, trois mois après la première partie du tournage, la comédienne s'est vue renvoyée de la production et remplacée.
En cause, un différend artistique avec le réalisateur, Claude Berri. C'est en tout cas ce qu'écrit Libération à l'époque : "Juliette Binoche se voyait en héroïne de la Résistance, Claude Berri veut raconter une histoire d'amour sur fond de Résistance." Un an plus tard, la comédienne confirmait : "Je connaissais Lucie Aubrac et pour moi il était impératif que la vérité lui soit rendue. Or je ne me sentais pas en phase avec le personnage subjectif vu par Claude Berri. Lui, ça ne le gênait pas? Aujourd'hui, je remercie ces épreuves, elles m'ont rendue humble."
Ce souvenir, Juliette Binoche en garde un goût amer, en témoigne son interview donnée au Parisien en août 2014 dans lequel elle confie : "[En 1997] Claude Berri venait de me virer de Lucie Aubrac. Ce n'est pas tant le fait qu'il change d'avis que la façon dont cela s'est fait qui m'a blessée." En 2016, elle déclare à Paris Match : "J’ai vécu le tournage de “Lucie Aubrac” comme une profonde trahison, parce que personne de l’équipe, à part l’habilleuse et la coiffeuse, ne m’avait prévenue que j’allais être renvoyée. C’est vrai qu’il y a eu vingt personnes qui ont connu le même sort que moi pendant le tournage, mais j’ai eu l’impression de traverser une guerre avec ses résistants et ses collabos…" Quelques mois seulement après s'être fait renvoyer, l'actrice recevait l'Oscar du Meilleur second rôle féminin pour Le Patient anglais. "Comme quoi tout peut basculer du jour au lendemain".