Des jouets qui prennent vie, une famille de super-héros, un petit poisson-clown et son papa... A priori, rien dans les pitchs des films réalisés par les mythiques studios Pixar ne laisse présager qu'ils sont en quelque sorte tirés d'"histoires vraies". Et pourtant...
Souvent portées comme des projets très personnels, les productions Pixar (qu'il s'agisse de longs ou de courts métrages) trouvent leur origine dans la propre vie de leurs réalisateurs, qui transforment régulièrement leurs expériences individuelles en épopées universelles.
C'est notamment le cas pour Dan Scanlon (réalisateur du nouveau long métrage En avant, en salles depuis mercredi), qui est allé puiser dans ses souvenirs les plus intimes pour raconter l'histoire de Ian et de Barley, deux jeunes frères elfes qui rêvent de retrouver leur père disparu l'espace d'une unique journée.
Comme En avant, retour sur ces films Pixar qui ont en partie été inspirés par la vie de leurs réalisateurs...
EN AVANT
"Cette histoire s’inspire de ma relation avec mon propre frère et de notre lien avec notre père, qui est décédé quand j’avais un an. Il a toujours été un mystère pour nous", raconte le réalisateur Dan Scanlon, également connu pour avoir signé Monstres Academy. En salles depuis mercredi, En avant prend place dans un monde où régnaient autrefois magie et féérie, mais désormais régi par la technologie. On y suit le voyage de Ian et de Barley, deux jeunes frères elfes lancés dans une quête pour faire réapparaître leur père décédé le temps d'une unique journée.
Mais sous son vernis fun et déjanté, En avant est peut-être bien le projet le plus intime et personnel jamais mené par un réalisateur des studios Pixar. Il revêt même parfois (à en juger par les propos de Scanlon) un aspect quasi-autobiographique : "Un membre de notre famille nous a fait parvenir un enregistrement de [mon père] ne disant que deux mots : "bonjour" et "au revoir". Deux mots seulement. Mais pour mon frère et moi, c’était magique", ajoute le cinéaste.
LE MONDE DE NEMO
C'est pendant la production du premier Toy Story, lors d'une visite en famille dans un parc aquatique qu'Andrew Stanton, vétéran des studios Pixar, envisage de consacrer son tout premier long métrage au monde sous-marin, un univers que l'animation en images de synthèse ne demandait qu'à partir explorer.
Quant à la relation père-fils entre Marin et Nemo, Stanton l'élabore quelques années plus tard. Retenu par son travail pendant de longues périodes (dédiées à la production des premiers longs métrages Pixar), il décide alors de consacrer davantage de temps à sa famille, et notamment à son jeune fils. Lors d'une sortie seul avec lui, il se rend compte qu'il a tendance à le surprotéger, ce qui lui donne l'inspiration nécessaire pour créer le lien si authentique qui unira ses deux poissons-clown.
TOY STORY 2
Dans le making of du film, John Lasseter (fondateur de Pixar et réalisateur de Toy Story 2) explique que l'intrigue de ce second opus est née de sa passion pour les vieux jouets, qu'il a l'habitude de collectionner dans son bureau. Ses jeunes fils ayant tendance à s'amuser avec ces précieux objets lorsqu'ils lui rendent visite au travail, Lasseter leur recommande d'y faire bien attention, voire même de ne pas y toucher du tout. Selon l'excellent site Chroniques Disney, il interdit ainsi à l'un de ses garçons de jouer avec un Woody dédicacé par Tom Hanks, réalisant alors que le jouet en question perd du même coup sa fonction première pour devenir un vulgaire objet de collection.
Il n'en faut pas davantage pour que le réalisateur commence à se demander ce que deviendrait le cow-boy de Toy Story derrière une vitrine, élaborant ainsi le scénario de son deuxième long métrage.
SANJAY'S SUPER TEAM
Projeté dans les salles avant Le Voyage d'Arlo, ce joli court métrage s'inspire directement de l'enfance de son réalisateur, Sanjay Patel. Ce dernier, qui a poussé la démarche autobiographique jusqu'à donner son propre prénom au jeune héros de son film, a souhaité raconter ses premières années, lorsqu'il restait devant la télévision à regarder G.I. Joe et Transformers tandis que son père, immigré indien installé aux Etats-Unis, priait juste à côté de lui.
"C'était ma réalité pendant près de 12 ans", a-t-il confié au micro de Collider, racontant dans son film comment il avait finalement réussi à concilier ses centres d'intérêt et la culture de ses parents.
REBELLE
Brenda Chapman (qui avait auparavant co-signé Le Prince d'Egypte pour Dreamworks) est la première femme nommée à la tête d'un long métrage Pixar en 2006. Créditée au générique du film comme coréalisatrice, elle est finalement remplacée par Mark Andrews pour différends artistiques. Mais selon ce qu'elle nous avait confié à l'occasion du 40ème festival d'Annecy en 2016, le long métrage tel qu'on le connaît n'a pas subi de modifications scénaristiques très importantes après son départ.
L'idée d'origine, celle qui l'avait motivée à lancer son projet, est en tout cas restée au coeur du produit final : "C'est grâce à ma fille que le film existe", nous expliquait-elle en effet. "(...) Je pensais à faire une sorte de conte de fées romantique, mais je n'avais pas envie de faire une histoire de princesse typique, encore une autre version d'histoire d'amour. A l'époque, j'allais travailler tous les matins après m'être disputée avec ma fille de 5 ans. Elle me poussait à bout, ça me rendait folle. Et je me suis rendue compte que j'avais besoin d'utiliser ça. Cette relation, qui était commune à de nombreuses mères et de nombreuses filles, avait besoin d'être racontée."
CARS
C'est lors d'un road-trip en famille à travers les Etats-Unis (et notamment sur l'asphalte de la fameuse route 66) que John Lasseter envisage de consacrer un premier long métrage d'animation aux voitures. Au cours de l'été 2000, le réalisateur décide en effet de prendre des vacances après avoir longtemps été accaparé par les premières productions Pixar, et d'emmener sa famille en voyage.
"J'ai soudain réalisé que je savais de quoi allait parler notre film... J'ai découvert que le parcours que l'on fait dans la vie contient sa propre récompense", a ainsi expliqué Lasseter en interview après avoir réalisé Cars. Avec un père concessionnaire automobile et une mère professeure en arts plastiques, tout semblait d'ailleurs le prédestiner à animer un jour des voitures.
TOY STORY 4
C'est dans le plus grand secret, alors que chaque artiste des studios Pixar semble avoir bouclé pour de bon la boucle Toy Story en 2010, qu'Andrew Stanton se met à écrire une quatrième aventure à Woody et à Buzz l'Eclair. Alors que chacun pense avoir fait le tour du sujet avec la magistrale conclusion de Toy Story 3, le réalisateur du Monde de Nemo et de WALL-E est quant à lui convaincu qu'il lui reste une dernière histoire à raconter : celle qu'il vient de vivre personnellement.
Lui qui vient de voir tous ses enfants partir l'un après l'autre pour l'université décide en effet de raconter l'après. Comment survivre au départ des êtres auxquels on a consacré sa vie ? Comment retrouver un nouvel objectif ? C'est au coeur de ces questionnements que naît le script de Toy Story 4.
"Toutes ces choses ont commencé à se mettre en place tout doucement, dans la durée", a raconté le réalisateur du film Josh Cooley en interview pour Comingsoon. "En parlant de cette scène où Woody marche avec Fourchette et où il parle de ce que ça fait de ne plus avoir son enfant à la maison... Quand Andrew a écrit ça, j'ai pleuré en le lisant parce que c'était écrit d'une manière incroyable. Je lui ai même dit : 'Personne d'autre n'aurait pu écrire ça. Tu l'as expérimenté et je l'ai ressenti sur le papier."
BAO
Projeté dans les salles en avant-programme des Indestructibles 2, ce court métrage poignant et original raconte l'histoire d'une femme vivant seule avec son mari jusqu'à ce que l'un de ses raviolis vienne soudain à la vie. Le film est inspiré par l'enfance de sa réalisatrice d'origine chinoise, Domee Shi.
Ainsi qu'elle nous le confiait en 2018 lors du Festival d'Annecy : "J’ai grandi en tant qu’enfant unique avec mes deux parents chinois à Toronto au Canada. Depuis que je suis toute petite, ma mère m'a toujours traitée comme son précieux petit ravioli, s’assurant que j’étais en sécurité, que je ne m’aventurais pas trop loin de la maison, que j’allais bien. Elle me surveillait toujours. J’ai voulu explorer cette relation entre un parent surprotecteur et un enfant qui a l’impression de suffoquer, qui veut être libre."
Pour la petite histoire, en chinois, le mot "bao" signifie à la fois "ravioli" et "trésor".
(Re)découvrez la bande-annonce d'"En avant", en salles cette semaine...