UN PROJET FOU
Nous sommes en 2010 quand le projet À la poursuite de demain commence à germer au sein des studios Disney. La saga Pirates de Caraïbes a cartonné au box-office et la firme aux grandes oreilles a pour ambition de mettre en scène un autre blockbuster basé sur une attraction phare des parcs Disney.
Après la piraterie, c'est la science-fiction qui intéresse cette fois les producteurs. Pour mener à bien ce projet d'une ambition folle, ils vont aller chercher le scénariste le plus en vogue du moment, Damon Lindelof. Ce dernier sort tout juste du succès phénoménal de Lost et n'est pas encore le scénariste de Prometheus, World War Z ou Star Trek Into Darkness.
Deux ans plus tard, Disney cherche la bonne personne pour mettre en scène le scénario écrit Damon Lindelof et son complice Jeff Jensen. C'est là que Brad Bird entre dans la danse, fort du triomphe de son Mission Impossible Protocole Fantôme. Il a su séduire les studios Disney par son inventivité, déjà prouvée sur ses films d'animation Pixar Les Indestructibles ou Ratatouille. De plus, Bird est totalement emballé par ce projet original, sortant des sentiers balisés de la recette habituelle des blockbusters.
UN DILEMME GALACTIQUE
Dans le même temps, Disney rachète Lucasfilm et relance la franchise Star Wars. Brad Bird, alors en pleine pré-production d'À la poursuite de demain, se voit proposer de prendre la tête du 7ème film de la saga, Le Réveil de la Force. Le metteur en scène ne pourra pas mener à bien les deux projets de front... il va devoir trancher.
Après réfléxion, Brad Bird décline l'offre de Disney pour Star Wars 7 afin de se consacrer à ce projet original qui lui tient à coeur : À la poursuite de demain. Le cinéaste s'expliquera plus tard à ce sujet, déclarant que Disney n'allait pas repousser le tournage de Star Wars pour lui laisser faire son film. Bien qu'il aime la saga, il comprenait qu'il n'était pas possible pour la firme aux grandes oreilles de laisser en plan la production du 7ème volet, qui sera finalement confiée à JJ Abrams.
"Je me suis dit qu’il était possible qu'À la poursuite de demain ne se fasse finalement pas, simplement si nous rations cette fenêtre de tir. Un film est quelque chose d’étrange. Ce n’est pas tangible. Vous êtes face à ce nuage informe que vous essayez de concrétiser, et je me suis dit que celui-là méritait d’être réalisé. Vous savez, Star Wars est déjà quelque chose de robuste, et sera très bien traité", déclarait Brad Bird en 2015.
UN ÉCHEC TONITRUANT
Le film sort donc en salles en mai 2015, fort d'un budget de 190 millions de dollars (sans compter la publicité). Il en rapportera seulement 202 dans le monde, en faisant un cuisant échec pour Disney, dans la lignée de ceux de John Carter et Lone Ranger. Ces deux blockbusters ont rapporté 284 millions pour un budget de 250 pour le premier et 260 millions pour un budget de 215 pour le second. Autant dire qu'après ce 3ème échec retentissant et quelques 100 millions de dollars de perte, Disney fait la grimace.
Brad Bird, très amer, déplorera plus tard que la moitié des blockbusters produits soient des suites, s'inquiétant du manque de prises de risques par les studios, préférant se reposer sur les franchises déjà installées et qui rapportent beaucoup. "Pour des raisons qui m'échappent, le film n'a pas parlé au public. Je ne voulais pas que le studio se prenne une gifle pour avoir fait quelque chose d'original, et qu'ils aient ensuite du succès en répétant de vieilles idées. J'aimerais que notre film soit remboursé pour récompenser Disney, pour qu'ils continuent à faire des films originaux à côté de leurs franchises", déclarait le cinéaste.
Depuis, Disney s'est rattrapé avec les milliards rapportés par la saga Star Wars et le rachat de Marvel. Quand à Brad Bird, il a fini par mettre en scène une suite, Les Indestructibles 2, sorti en juillet 2018.