Inspiré de faits réels, Scandale met en scène l'histoire vraie de deux femmes, Gretchen Carlson, l’ancienne co-animatrice de l’influente émission matinale "Fox & Friends", et Megyn Kelly, correspondante superstar de Fox News. Ensemble, elles vont briser la loi du silence qui pèse sur cette chaîne de télévision aussi puissante que controversée et dénoncer les agissements du PDG Roger Ailes. Bien que le film injecte dans son récit des éléments inventés de toutes pièces (notamment le personnage de Margot Robbie), il tend à être le plus fidèle possible à la réalité dès qu'il retrace des faits avérés.
Cette recherche du réalisme passe notamment par la métamorphose de certains acteurs afin qu'ils ressemblent à leurs modèles. Ainsi, Charlize Theron, Nicole Kidman et John Lithgow - qui interprètent respectivement Megyn Kelly, Gretchen Carlson et Roger Ailes - sont passés entre les mains du maquilleur Kazu Hiro, lauréat d'un Oscar pour son travail dans Les Heures sombres, où Gary Oldman incarne Winston Churchill.
Le processus a commencé par des scans en 3D de leur visage et des moulages en plâtre à partir desquels Hiro a créé des prothèses en silicone qui épousaient parfaitement les contours des visages des acteurs. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, c'est Nicole Kidman qui avait le plus grand nombre de prothèses faciales, avec entre autres des paupières, le bout du nez, le menton et les mâchoires. Sa silhouette a également été modifiée avec une combinaison complète qui lui faisait des hanches plus larges et un buste plus important.
La transformation de Charlize Theron en Megyn Kelly se faisait surtout au niveau des yeux : l'actrice avait des prothèses entre les cils et les sourcils et sur le côté de l'oeil. Elle portait aussi des lentilles de contact pour obtenir une teinte bleue plus foncée des iris. Le bout de son nez a été rétréci et ses narines élargies par deux inserts en plastique. Son menton et sa mâchoire ont été redessinés et sa ligne de cheveux a été avancée pour rétrécir son visage.
Cette métamorphose, c'est la comédienne elle-même qui l'a exigée car elle en avait besoin pour entrer dans la peau de cette femme controversée. Kelly a notamment fait parler d'elle pour avoir reçu dans son émission le théoricien du complot Alex Jones et pour avoir minimisé le caractère offensant et raciste de la blackface. "[Charlize] avait besoin de se voir dans le miroir et de ne pas se reconnaître. Elle avait besoin que cette voix autre que la sienne sorte du visage de Megyn Kelly", explique le réalisateur Jay Roach.
Quant à John Lithgow, pour se glisser dans la peau du puissant Roger Ailes, il a porté des prothèses des joues, du cou, du nez et des lobes des oreilles. Il a été bluffé par le travail de Hiro : "J’ai toujours pensé qu’il était extrêmement important pour le public de voir chaque muscle du visage d’un acteur. Mais le travail de Kazu Hiro m’a convaincu. [...] Il a utilisé un matériau miraculeux qui fait en sorte que les rides de mon visage correspondaient parfaitement à celles des prothèses".
Un travail qui vaut à Kazu Hiro d'être nommé pour la quatrième fois aux Oscars, dont la prochaine cérémonie se tiendra le 9 février prochain.
Notre podcast consacré à Scandale, que l'on décrypte avec trois expertes du ciné, de la télé et du harcèlement au travail :