8 ans après la comédie romantique Populaire, le réalisateur Régis Roinsard revient dans un genre totalement différent avec Les Traducteurs. Ce huis clos met en scène neuf personnes réunies pour traduire le dernier tome d'un des plus grands succès de la littérature mondiale. Bien qu'elles soient enfermées dans un bunker sans moyen de communication, les dix premières pages du livre sont publiées sur internet. Tandis qu'un pirate réclame une somme colossale à l'éditeur - incarné par Lambert Wilson - pour ne pas dévoiler la suite, une question devient obsédante : d'où vient la fuite ?
Ce thriller à tiroirs est porté par un casting venu des 4 coins d'europe, le Britannique Alex Lawther vu dans The End of the F***ing World, l'Ukrainienne Olga Kurylenko, l'Italien Riccardo Scamarcio, la Danoise Sidse Babett Knudsen, l'Espagnol Eduardo Noriega ou encore le Français Frédéric Chau qui incarne le traducteur chinois.
Sur le metteur en scène
Nous nous sommes entretenus avec Lambert Wilson et Alex Lawther. Les deux comédiens, aussi à l'aise en français qu'en anglais (Alex Lawther a appris à parler français pour les besoins du film), se sont confiés sur ce film de genre français, deuxième réalisation de Régis Roinsard. Pour Lambert Wilson le metteur en scène est "extrêmement méticuleux, il passe un temps fou à préparer son sujet". Le comédien enchaîne : "On le voit très bien avec son précédent film, Populaire, sur un concours de sténo-dactylo. La description des machines est très précise, tout comme l'entraînement du personnage incarné par Déborah François. C'est presque un film sportif. Pour Les Traducteurs il ne fallait rien laisser au hasard, c'est une mécanique huilée où chaque petit ressort doit être à sa place et il faut pour ça des esprits un peu obsessionnel." Alex Lawther poursuit "c'est quelqu'un de très précis et de très chaleureux. Quand il était sur le plateau c'est comme si on avait un 10ème traducteur, il jouait avec nous. C'est amusant mais c'est également assez touchant parce qu'on a l'impression qu'il passe par les mêmes émotions que nous."
"Il est fondamental pour un comédien de refuser la facilité."
Tour à tour acteur, chanteur, à l'affiche de comédies, de drames ou de thriller, sur les planches ou devant la caméra, Lambert Wilson nous a confié choisir scrupuleusement les rôles qu'on lui propose afin de ne pas lasser le public et se lasser lui-même. "Je cherche à surprendre et à faire des choses très variées pour ne pas créer l'ennui. Je pense que les acteurs peuvent très rapidement se faire enfermer dans ce qu'ils font le mieux parce qu'on va leur demander uniquement ce qu'ils viennent de faire. Il est donc fondamental pour un comédien de refuser la facilité, de chercher d'autres emplois en les suscitant."
Le comédien, aussi à l'aise grimé en Céline Dion (dans Sur la piste du Marsupilami) qu'en chef d'entreprise impitoyable, ajoute : "C'est très compliqué parce qu'à un moment donné il faut aussi gagner sa vie, c'est notre métier, on fait avec ce qu'on nous propose. Alors soit il faut être doué du talent de l'écriture et s'écrire des rôles à soi-même, soit il faut convaincre les réalisateurs et les directeurs de casting qu'on n'est pas fait pour ce rôle mais qu'on aimerait prendre le risque de faire le rôle d'à côté, même si il est moins important. Parce qu'il est une promesse de transformation à venir dans d'autres rôles, c'est une sorte d'investissement. Il faut passer par une case intermédiaire. Si on ne se renouvelle pas, qu'on est trop associé à une mode, une époque ou un genre de film, à un moment donné on crée une lassitude et c'est pour cela qu'il faut anticiper, changer d'emploi. Il faut sans arrêt bousculer son image."
Un bon conseil pour les jeunes comédiens...
Propos recueillis le 13 janvier 2020 à Paris par Laëtitia Forhan