Nous sommes en mai 2015, au Festival de Cannes. La Loi du marché de Stéphane Brizé bouleverse la Croisette et la performance de Vincent Lindon est unanimement saluée. L'acteur interprète Thierry, 51 ans. Ce dernier retrouve un travail après 20 mois de chômage et se retrouve confronté à un dilemme cornélien.
Ce rôle poignant permet à Lindon de remporter le Prix d'interprétation masculine à Cannes, la première récompense majeure de sa carrière. Jusqu'ici, le comédien avait glané plusieurs nominations au César du meilleur acteur grâce à La Crise, Ma petite entreprise, Ceux qui restent, Welcome ou Quelques heures de printemps, sans jamais remporter la statuette.
L'année 2015 a donc tout changé pour Vincent Lindon, qui a vu sa notoriété et sa popularité prendre un grand coup de jeune. La Loi du marché sort sur les écrans français dans la foulée de sa présentation cannoise et fait un carton. Le film dépasse le million d'entrées et bénéficie d'un incroyable bouche à oreille. Lindon va devenir une sorte de porte-parole des opprimés et des laissés-pour-compte dans une société de plus en plus précarisée.
Le film a une portée politique. Il raconte la vie d’un homme qui a tout donné à une entreprise avant d’être mis sur la touche parce que des patrons ont décidé d’aller fabriquer le même produit dans un autre pays à la main d’œuvre moins chère. C'est une thématique qui a touché les spectateurs, notamment grâce au traitement du personnage de Vincent Lindon par le réalisateur Stéphane Brizé.
"Thierry est la conséquence mécanique de l’enrichissement de quelques actionnaires invisibles. Il est un visage sur les chiffres du chômage que l’on entend tous les jours aux informations. C’est parfois juste une brève de deux lignes mais cela cache des drames absolus. Il ne s’agissait pas par contre de s’égarer dans le misérabilisme. Thierry est un homme normal dans une situation brutale", explique le cinéaste.
Après son succès en salles, La Loi du marché arrive grand favori à la cérémonie des Césars 2016 avec des nominations pour le meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur acteur pour Vincent Lindon. Si Fatima remporte la statuette du meilleur film, c'est Lindon qui emporte l'adhésion du public en gagnant pour la première fois de sa carrière le prix du meilleur acteur. En réussissant le doublé César / Prix d'interprétation cannois, le comédien égale Gérard Depardieu, sacré aussi lors de ces 2 cérémonies pour Cyrano de Bergerac.
Le discours émouvant de Vincent Lindon à Cannes en 2015
À noter que si le film a autant touché le public, c'est aussi grâce au choix de Stéphane Brizé de ne s'entourer que de comédiens non-professionnels à part Vincent Lindon. Coralie Amédéo, la directrice de casting, a cherché en tout premier des personnes qui occupaient la fonction du film dans la vie. Les employés de supermarchés que l'on voit à l'écran sont donc authentiques. Un tel choix a impacté le jeu de Vincent Lindon, rendant son personnage plus crédible et sincère que jamais.
Après cette expérience, l'acteur livrera encore une performance remarquable dans En guerre (2018), toujours pour Stéphane Brizé. Lindon y incarne Laurent Amédéo, porte-parole des ouvriers de l'usine Perrin Industrie, menacée de fermeture. Accord bafoué, promesses non respectées, les 1100 salariés, emmenés par Laurent, refusent cette décision brutale et vont tout tenter pour sauver leur emploi. L'artiste retrouvera d'ailleurs son réalisateur fétiche pour son prochain film, Pour le meilleur et pour le pire.
Lindon campera Philippe Lemesle, 57 ans, un homme en train de voir sa femme partir. Elle s'en va parce que l'homme qu'elle aime s'est lentement laissé engloutir par la pression de son travail. Cadre dirigeant dans un groupe industriel américain, pris entre le marteau et l'enclume, il ne sait plus comment répondre aux injonctions de ses supérieurs. Aujourd'hui, il est à bout de souffle.
Vincent Lindon acteur caméléon ? La preuve en 12 rôles
Vincent Lindon acteur caméléon ? La preuve en 12 rôles