Les films de cette liste sont majoritairement (plus de la moitié de leur durée) en plan séquence. Cette technique cinématographique est une prise de vue continue et unique, en d'autres termes, un plan que l'on ne coupe pas et qui ne nécessite aucun montage car tout y est filmé en une fois. Rares sont les films dans cette liste qui sont de véritables plans séquences (sans coupes), mais tous ont eu recours à ce procédé. Sont exclus de cette liste les films contenant un seul ou plusieurs plans séquences au sein d'un film autrement monté et tourné à plusieurs caméras pour une même scène.
Macbeth (1h12)
Ce téléfilm de Bela Tarr est tourné en 1982 et divisé en deux parties. La première dure 5 minutes avec le générique et une partie dialoguée avec Macbeth et Banquo, puis un long travelling de 57 minutes avec une caméra en perpétuel mouvement. On pourra saluer l'effort technique de Bela Tarr, dont les travellings deviendront la marque de fabrique.
La Corde (1h20)
En 1948, Alfred Hitchcock tourne La Corde, un faux plan séquence composé de 11 scènes mises bout-à-bout. Limité techniquement par le fait qu'il faut changer les réservoirs à bobines des caméra toutes les 10 minutes, le réalisateur opte pour des astuces visuelles pour marquer les raccords (personnages passant devant la caméra, décor au premier plan). Ceci dit, ses 11 plans contrastent avec les 400 à 600 plans habituellement nécessaires pour un film de cette durée. Des années plus tard, face à François Truffaut, Hitchcock jugera son essai "absolument idiot", précisant que "l'idée était absurde car cela m'empêchait d'appliquer mes propres théories sur le montage et son utilité dans la narration de l'histoire."
La casa muda (1h26)
Ce film uruguyen a été tourné avec la volonté d'être le premier film d'horreur à présenter des événements se déroulant en temps réel et par conséquence, cela justifiait l'emploi du plan séquence. La Casa muda a fait l'objet d'un remake américain (The Silent House) avec Elizabeth Olsen. Les deux versions sont un faux plan séquence, composés de plusieurs séquences d'une dizaine de minutes assemblées avec trucages pour se rapprocher d'une unité de temps et d'action. Les trucages reposent sur le fait que le film est sombre, et les zones de noir permettent des coupes habiles.
Utøya, 22 juillet (1h33)
Utøya, 22 juillet raconte l'attentat du 22 juillet 2011 survenu en Norvège dans un camp de jeunes organisé par la Ligue des jeunes travaillistes. Il est réalisé en un seul plan-séquence et se déroule en temps réel. Le réalisateur explique son choix de mise en scène : "L’idée était d’essayer de voir s’il serait possible de dépeindre les sentiments des jeunes présents, pour essayer de comprendre cette histoire et de la ressentir à partir d’un autre point de vue que celui qu’on a l’habitude de voir dans les films. J’espérais qu’après toutes les spéculations et les récits qui ont été faits sur la tuerie, nous pourrions rendre la propriété de leur histoire aux victimes du 22 juillet".
9mm (1h36)
Taylan Barman a utilisé la steadycam pour tourner une succession de plans séquences et raconter cette histoire où l'on suit les trois membres d'une même famille afin de découvrir pourquoi un coup de feu a résonné derrière la porte de leur appartement. On retrouve au casting le Belge Morgan Marinne, révélé par les frères Dardenne avec Le Fils, il déclarait à propos de 9mm : "La difficulté ici provient du fait que c'est très long. Il y a beaucoup de répétitions. Pour moi, plus on répète, plus il est difficile de rentrer dans le personnage. Mais on y est obligé pour le placement de la caméra, pour la lumière et plein de choses. Il y a des plans-séquences qui durent plus de 4 minutes et pour moi c'est tout nouveau."
Timecode (1h37)
Le réalisateur indépendant de Leaving Las Vegas décide de tourner pour l'an 2000 un drame romantique en split-screen. On y suit quatre histoire (toutes tournées en plan séquence) et diffusées en parallèles à l'écran. Mike Figgis a tourné 15 fois le film sur 2 semaines, chaque fois en plan séquence. Chaque acteur portait un costume et des coiffures différentes lors des 15 tentatives, l'obligeant à ne pas pouvoir faire de montage (car cela aurait créé des faux raccords). On retrouve au générique Jeanne Tripplehorn, Stellan Skarsgård ou Salma Hayek.
Blindsone (1h38)
Premier long métrage de la réalisatrice suédoise Tuva Novotny, Blind Spot traite de la façon dont un couple et ses deux enfants vont être frappés par une catastrophe. Cet événement va les diviser avec virulence, et la caméra va les suivre en apparence sans couper la caméra, mais en réalité en montant des longues prises (10 minutes) bout-à-bout. Un film qui garde le spectateur en apnée.
L'Arche russe (1h35)
En 2002, Aleksandr Sokurov veut raconter l'histoire de son pays et choisit de le faire en plan séquence. Mais cette fois, contrairement, à plusieurs des films précités, le cinéaste russe ne coupe pas son film. Il répète le film pendant des mois et tourne une seule journée dans le musée de l'Ermitage. Après trois tentatives, les 1000 acteurs et les techniciens du film (dont 22 assistants réalisateurs) réussissent ce tour de force, pour une Arche russe qui est un film magistral.
The Body Remembers When The World Broke Open (1h43)
Ce film produit en 2019 n'est pas encore sorti mais est passé par quelques festivals. C'est une co-réalisation entre Kathleen Hepburn et Elle-Máijá Tailfeathers centrées sur la rencontre entre deux femmes de classes sociales opposées mais originaires des Premières Nations, la première aidant la seconde à gérer des violences conjugales. Après un prologue de 12 minutes, le reste du film est un plan séquence.
Birdman (1h59)
Le réalisateur mexicain Alejandro G. Iñárritu a opté pour de longues séquences assemblées en un film. Selon Edward Norton, cette technique a permis "aux acteurs de s’exprimer comme seul le théâtre le permet, et c’est quelque chose de très fort. Je trouve également que cela confère inconsciemment une certaine énergie au jeu des acteurs". Le scénario prit des mois à s'écrire afin que toute l'action puisse se concentrer en un seul endroit, pour les besoins de l'aspect technique du film.
1917 (1h59)
Le film est fait de plusieurs séquences longues montées avec le moins d'artifice possible pour faire croire à un unique plan séquence. La caméra a parfois dû être attachée à des câbles, sur des voitures, sur des motos ou des grues pour assurer une mobilité complète. Une petite caméra a même été inventée pour l'occasion afin de pouvoirs s'immiscer dans les tranchées. Plus d'informations sur ce plan séquence par ici.
Victoria (2h18)
Le metteur en scène allemand Sebastian Schipper a tourné l'ensemble du film en un seul plan séquence, en temps réel, un matin à l'aube. Afin que les lieux de tournage soient proches les uns des autres, le décor de la boîte de nuit fut spécialement construit pour les besoins du film. Comme si cela ne suffisait pas à rendre l'exercice périlleux, l'acteur a laissé une grande part des dialogues à l'improvisation de ses comédiens.