Suite des Origines (2011) et de L'Affrontement (2014), La Planète des singes - Suprématie est le dernier volet de cette nouvelle série de films adaptés du roman de Pierre Boulle. Sorti en 2017, le blockbuster voit César et les siens confrontés à une armée humaine prônant leur destruction. Cette dernière est dirigée par un chef aussi charismatique que sans pitié : le Colonel, joué par un Woody Harrelson au sommet de son art, qui n'est pas sans rappeler le colonel Kurtz du film de guerre culte de Francis Ford Coppola, Apocalypse Now.
Incarné par un Marlon Brando plus inquiétant que jamais, il s'agit d'un ex-militaire gradé qui a sombré dans la folie pendant la guerre du Vietnam. A la tête d'un groupe d'indigènes dans la jungle, à la manière d'un gourou tout-puissant, il organise des opérations sauvages contre l’ennemi...
Ces deux antagonistes possèdent plusieurs points communs, à commencer par leur crâne rasé à blanc. Mais ce sont surtout deux soldats dissidents : de par les actes barbares qu'ils ont commis, leur mode de vie marginal et le danger qu'ils représentent (tous les deux sont accompagnés de nombreux adeptes...), ils sont eux-mêmes pourchassés par leurs supérieurs.
Ainsi, le Colonel de Suprématie, qui a été obligé d'abattre son fils et des soldats contaminés par la grippe simienne (ou supposés contaminés), est devenu une cible. Idem pour Kurtz puisque le personnage de Martin Sheen est chargé de l'exécuter en raison de ses méthodes malsaines. Ajoutons aussi que dans les deux cas, leur folie trouve son origine dans leurs traumatismes de guerre.
Une autre similitude entre eux réside dans leur charisme : ils sont chacun particulièrement adulés par les personnes qui les suivent et possèdent un talent d'orateur certain. Tous deux ont également une vision bien précise de la guerre (quasi mystique) qui se manifeste dans leurs différents discours (face à la foule ou en tête-à-tête avec le héros).
Lors du Comic Con de New York en 2016, Matt Reeves avait lui-même revendiqué cette source d'inspiration pour le Colonel : "Nous ne voulions pas en faire un méchant. Et en ce sens, il a quelque chose du colonel Kurtz. Il doit faire face aux horreurs de la guerre, et les circonstances de la guerre sont tellement extrêmes qu'elles le poussent à faire des choses extrêmes."
Toutefois, si les deux personnages se ressemblent, ils se différencient sur un point important : là où le bad guy du film de Matt Reeves n'a qu'un seul objectif, éliminer les singes pour préserver l'espèce humaine, celui d'Apocalypse Now n'a pas vraiment de but de ce genre (si ce n'est recréer une communauté marginale et en être une sorte de Dieu).
La Planète des Singes : un nouveau film par le réalisateur du LabyrintheLes références à Apocalypse Now se situent également ailleurs que dans le personnage du Colonel. Ainsi, la charge des hélicoptères rappelle clairement cette scène mythique au début du film de Francis Ford Coppola. Il est aussi possible d'apercevoir, vers la fin de Suprématie, le graffiti "Ape-Pocalypse Now" inscrit sur un mur dans les tunnels.
Notons pour finir que si l'influence d'Apocalypse Now est évidente, Matt Reeves avait aussi d'autres références en tête. Parmi elles, Le Pont de la rivière Kwaï, La Grande évasion, Ben-Hur, Les Dix commandements, Josey Wales hors la loi, Impitoyable, Les Sentiers de la gloire, Le Cid et bien évidemment tous les anciens épisodes de La Planète des singes.