AlloCiné : À la fin de la première saison de Balthazar, les choses étaient un peu compliquées pour votre personnage, qui apprenait que son mari la trompait. Qu'est-ce que vous pouvez dire sur ce qui attend Hélène Bach en saison 2 ?
Hélène de Fougerolles : Il y a un petit pétage de plomb en début de saison et peut-être une redécouverte de l'adolescence (rires). Elle est un peu perdue, elle se retrouve seule et elle finit par perdre un peu ses repères. J'aime bien l'idée de cette flic qui était bien dans des cases et assez autoritaire parte finalement un peu sur le côté. Et puis en parallèle l'enquête autour du meurtre de la femme de Balthazar va être rouverte. Il va y avoir de plus en plus d'indices, jusqu'au 10ème et dernier épisode. Il va y avoir de plus en plus de pistes et le personnage de Lise, la femme de Balthazar, revient beaucoup elle aussi. Donc cette histoire qui n'en est pas une, cette espèce d'histoire fantôme, existe encore en saison 2. Et Balthazar est de plus en plus déstabilisé. Il commence à avoir du mal à tenir tous les liens, il part aussi pas mal en vrille. Et vous le verrez, la fin de saison est complètement dingue.
C'était une bonne surprise pour vous de voir le personnage aller dans une direction plus fragile et de pouvoir explorer un registre différent ?
Oui car c'est ce dans quoi je me sens le mieux. Je ne me sens pas du tout à l'aise dans l'autorité et dans le côté carré du personnage. Lors de la première saison, lorsqu'on m'a donné un flingue, j'étais terrorisée, je le posais à côté, je regardais s'il était chargé. J'avais peur de cette chose. Et aujourd'hui ça va mieux, je suis quand même beaucoup plus à l'aise avec ça. Mais je trouve que l'émotivité et le côté fissuré que peut avoir Balthazar m'intéresse beaucoup plus. Le fait de pouvoir ramener de l'humain dans tout ça. Si on avait un super-héros et une fille carrée, je ne vois pas trop l'intérêt. Là au moins on devient un peu plus accessible humainement.
Ce qui est marrant quand on regarde votre carrière et votre filmographie c'est que finalement vous n'aviez jamais incarné de flic auparavant, alors qu'on sait que les fictions policières sont légion à la télévision...
Non, c'est vrai, je ne l'avais jamais fait avant Balthazar. Enfin j'avais joué une flic dans un épisode d'une série, mais c'était vraiment une scène ou deux. Et je suis très contente de jouer dans Balthazar. Pour ne rien vous cacher j'avais un peu peur en saison 1 car je n'étais pas vraiment dans le moule du personnage qu'ils souhaitaient. J'étais extrêmement empathique et émotive, et ils n'avaient pas du tout envisagé ça. Mais je ne pouvais pas faire autrement (rires). Dès que je jouais une scène d'interrogatoire j'avais presque les larmes aux yeux. Et parfois je fondais même en larmes lorsque la personne en face de moi pleurait et jouait super bien. Et finalement je trouve que cette faille-là apporte beaucoup au personnage et je suis ravie.
Comme beaucoup de séries policières, Balthazar repose en partie sur son duo d'enquêteurs et sur la tension sexuelle qui existe entre eux. Est-ce que, personnellement, vous avez envie de les voir céder à la tentation ou est-ce que vous préférez que la série repousse cela au maximum, voire ne franchisse jamais la ligne ?
Je crois que dans cette série, avec ces personnages-là, si on devrait raconter l'histoire plan-plan d'un couple ce serait vite ennuyeux. Cette tension sexuelle, et tout ce qu'il y a autour, comme les jalousies, je trouve que c'est ça qui pimente l'intrigue. Et puis ils sont très chien et chat. Ils se détestent, ils s'énervent l'un l'autre, ils s'agacent, et en même temps tout le sous-texte est qu'ils sont attirés l'un par l'autre et qu'ils sont presque fous amoureux j'ai envie de dire, parce qu'on en est pas loin parfois (rires). Et dans cette saison 2 les choses s'accélèrent, les sentiments sont de plus en plus évidents. Pour tout le monde peut-être. Même pour eux. Tout est vraiment une histoire de sous-texte, je trouve ça super, et je ne sais pas si ça donnera quelque chose de plus concret un jour. Je ne les vois en tout cas pas se marier et faire des enfants (rires).
Tomer Sisley a réalisé le cinquième épisode de cette saison 2. Comment avez-vous vécu le fait d'être dirigée par votre partenaire de jeu ?
Tomer, quand il est acteur, c'est quelqu'un d'assez exigeant. Moi j'ai besoin de 4-5 prises pour commencer à être à l'aise alors que lui il est bon en une ou deux prises. Et il peut s'agacer un peu des gens qui ne fonctionnent pas comme lui. Il a une telle exigence envers lui-même qu'il est difficile avec ceux qui ne le suivent pas. Ce n'est pas que je ne suis pas exigeante avec moi-même, mais je ne fonctionne simplement pas de la même façon. Alors que quand il est réalisateur, comme il a besoin d'obtenir quelque chose de vous, il devient vite enrobant, doux, et presque paternaliste. Et s'il me faut dix prises il va me les donner avec un amour infini parce qu'il a besoin d'avoir son résultat. Alors qu'en tant qu'acteur il m'est arrivée d'être heurtée ou de me sentir jugée. Je peux le trouver dur parfois. Il a mis du temps à me comprendre mais maintenant ça va mieux. Parce qu'il sait que dans des domaines comme l'émotion, je peux tout donner dès les répétitions et je suis dedans tout de suite, je suis juste tout de suite. Mais quelques fois j'ai besoin de tâtonner.
En fait, Tomer et moi, on est vraiment deux animaux très différents dans plein de domaines. Je suis végétarienne et il mange des protéines toute la journée. Il pilote des hélico et moi je pleure avant de monter dedans (rires). J'adore le silence et il adore écouter la musique à fond. Mais on s'adapte et il y a vraiment une profonde admiration entre nous et beaucoup de respect mutuel je crois. J'ai énormément d'admiration pour ce garçon. Il m'agace parfois, certes, mais très souvent je me dis "Wow, ce mec est dingue". Et puis tous ces moments d'agacement qui peuvent être réels dans la vie servent la série et notre duo à l'écran, donc c'est tant mieux.
Et vous-même, vous essayer à la réalisation, est-ce que vous y pensez ?
Pas du tout. J'adore être comédienne, franchement. Qu'est-ce que j'aime ça ! Et là sur Balthazar je suis vraiment aujourd'hui installée dans un personnage que j'aime beaucoup et avec lequel il ne me reste plus qu'à m'amuser. Il n'y a plus trop de tâtonnement. Je n'ai plus à courir après un personnage. Hélène Bach fait partie de moi. Et puis j'ai plein d'activités diverses et variées en dehors de ce métier qui me comblent totalement. Donc me mettre à la réalisation ça n'a aucun intérêt pour moi.
Vous avez toujours parlé très franchement et très honnêtement du fait que le cinéma vous boude un peu depuis pas mal d'années. Est-ce que vous prenez le succès de Balthazar comme une belle récompense et comme une confirmation que les beaux rôles sont de plus en plus à chercher du côté du petit écran aujourd'hui ?
Quand je vois Mention particulière, le téléfilm que j'ai fait pour TF1 il y a deux ans, c'est un des plus beaux rôles de ma carrière. Ou la Pompadour [dans Jeanne Poisson, Marquise de Pompadour, ndlr], c'était une expérience magnifique. Et je sais que je n'aurais jamais été choisie au cinéma pour jouer la Pompadour, je n'étais pas assez bankable. Mais aujourd'hui il y a beaucoup de réalisateurs qui m'ont snobée qui rêvent de faire de la télévision car ils ne travaillent plus pour le cinéma. Je trouve ça assez ironique. Et puis il y a aussi de plus en plus de comédiens de cinéma qui viennent sur le petit écran car le cinéma ça devient compliqué. Franchement, je suis ravie d'avoir pris ce virage, en partie grâce à TF1. J'ai toujours fait un téléfilm par an car j'aimais bien l'accessibilité que ça donnait. Là avec Balthazar on a fait 7 millions, alors qu'au cinéma le plus d'entrées que j'ai dû faire ça devait être avec Le Raid, qui a fait 3 ou 4 millions de spectateurs en salles. Ou peut-être Incontrôlable, je ne suis plus très sûre. Ce sont mes plus grands succès et on s'est fait détruire par tout le monde. Avec Mention particulière on touche un public hyper large avec des sujets tellement importants comme le handicap et l'accessibilité à des gens différents, pour les voir d'une autre façon que comme des handicapés mentaux. Mais plutôt comme des gens exceptionnels qui peuvent tellement nous apporter. Je suis heureuse de faire ça. Et ça me manque peut-être un peu sur Balthazar. D'ouvrir des petites portes sur des sujets de société ou des choses qui peuvent aider les gens à voir le monde de manière différente. Mais je crois que la production et les auteurs n'ont pas tellement envie de ça.
On parlait de Mention particulière. Est-ce que vous savez si la suite va se faire finalement ?
Non, je suis dégoûtée, je pense que ça ne se fera pas. Ils n'ont pas réussi à écrire une suite. C'est bien dommage car cela aurait pu donner naissance à une super série. Même avec un seul ou deux épisodes par an.
On a récemment appris que vous aviez décroché le premier rôle de Coup de foudre à l'île Maurice, le prochain volet de la collection de comédies romantiques de TF1. Qu'est-ce qui vous a plu dans le projet ?
L'île Maurice, le fait d'être amoureuse d'un mec de 25 ans, comment vous dire (rires). Et puis la comédie. J'avais vraiment envie de revenir vers ce registre. En plus c'est réalisé par Jérémy Minui, qui a réalisé trois épisodes de Balthazar et avec qui c'est un bonheur de travailler. Donc j'ai l'impression de partir en famille sur une île de rêve avec un partenaire extraordinaire. Comment refuser une proposition pareille ? Mais encore une fois je n'ai pas besoin de beaucoup tourner, je fais beaucoup de choses à côté de mon métier de comédienne, et je ne vais pas aller faire des guests dans d'autres séries. Mais un "Coup de foudre..." comme celui-ci ce n'était pas refusable (rires).
Propos recueillis le 16 octobre 2019 à Paris.
La saison 2 de Balthazar continue ce soir à 21h sur TF1 :