Il était une fois Sergio Pablos, un jeune madrilène féru d'animation. Pendant plus de 20 ans, il contribue à la fabrication d'une quinzaine de films, tels que Le Bossu de Notre-Dame ou Tarzan, tantôt en concepteur de personnages, tantôt en superviseur de l'animation. Il crée même l'une des franchises les plus lucratives du cinéma, Moi, moche et méchant, réalisée par Pierre Coffin et Chris Renaud. Mais secrètement, Sergio a un désir inassouvi : celui de diriger son propre long-métrage.
Inspiré par Batman Begins, sorti en 2005, il lui vient à l'esprit l'idée de raconter les origines d'une figure populaire. N'écoutant que son coeur, il se lance en 2010 dans la rédaction d'une liste de personnages issus de la littérature, de l'histoire et du folklore dont il pourrait explorer la naissance. Un nom en ressort : le Père Noël. Ni une ni deux, la production se met en marche avec Sergio et son imagination débordante en capitaine de navire.
Sa vision : déconstruire le mythe et trouver la source de ce qui le caractérise dans l'imaginaire collectif. Le costume rouge, les rennes volant, les lutins... tout ce qui fait la magie de sa légende passe par la moulinette Pablos. Dans un souci de fidélité à la tradition, il situe son histoire dans le village enneigé de Smeerensburg, en référence à une vraie île fondée par des baleiniers danois et néerlandais portant un nom similaire. La structure même des habitations s'inspire de l'architecture nordique.
Très vite, le réalisateur annonce la couleur : le film aura une vraie identité esthétique et sera dessiné à la main. Les premiers tests sont concluants et des artistes du monde entier veulent rejoindre le projet. Les studios Sergio Pablos Animation basés en Espagne constituent une équipe de 250 talents. Ils sont allemands, chiliens, polonais, thaïlandais... en tout 23 nations sont représentées et dans les couloirs, on parle 15 langues différentes. "Si ça avait été sur la lune, j'aurais trouvé un moyen de m'y rendre pour faire ce film" explique le responsable des éclairages Florian Aupetit, d'origine française.
Toute cette joyeuse colonie travaille alors d'arrache-pied, mûe par une volonté commune de moderniser cette 2D, laissée pour compte depuis l'avènement de l'image de synthèse. Un acharnement payant puisque le résultat parle de lui-même : cette fable prônant l'altruisme et la fraternité se révèle riche et chaleureuse tant sur le fond que sur la forme. La touche finale est apportée par la partition du compositeur espagnol Alfonso G. Aguilar, lequel écrit entre sept et huit heures de musique pour arriver aux 66 minutes utilisées dans le film.
Et c'est ainsi que naquit Klaus, disponible sur Netflix.