2 novembre 1975. Au beau milieu de la nuit, sur la plage d'Ostie, près de Rome, le cinéaste Pier Paolo Pasolini est assassiné : tué à coups de barre de métal, puis écrasé à plusieurs reprises par sa propre voiture. Ses os sont brisés et son corps a été partiellement brûlé à l'essence. Rapidement, ce crime odieux est attribué à Giuseppe Pelosi, dit "Pino la grenouille".
Le jeune homme de 17 ans, qui se prostitue, est surpris au volant de l'Alpha Romeo Giulia du réalisateur italien et il avoue le meurtre, pour lequel il est condamné à neuf ans et sept mois de prison en 1976 par le tribunal des mineurs de Rome, qui le déclare "coupable du crime d'homicide volontaire avec le concours d'inconnus". En 1977, la cour d'appel confirme le verdict, mais indique que "la preuve que le crime d'homicide ait été commis en concours avec d'autres" est manquante.
Trente ans après la disparition de Pasolini, en 2005, Giuseppe Pelosi retire ses aveux, précisant qu'il n'aurait avoué que sous la contrainte et la menace de violences à l'égard de sa famille. D'après lui, trois personnes "avec un accent du Sud", qui pourraient donc appartenir à la mafia, auraient tué Pasolini, le traitant de "sale pédé" et de "sale communiste".
D'autres preuves découvertes à ce moment-là par son ami Sergio Citti suggèrent que Pasolini aurait été assassiné par des voleurs ayant subtilisé des bobines de Salò ou les 120 journées de Sodome, et que le cinéaste avait prévu de rencontrer les voleurs qui réclamaient de l'argent le 2 novembre 1975. Les juges chargés de l'enquête, après la réouverture du dossier par la police romaine suite à la rétractation de Pelosi ont finalement estimé que les nouveaux éléments étaient insuffisants.
Si le mystère reste entier, les théories vont bon train et celle d'un assassinat politique est assez populaire. C'est celle que développe le film de David Grieco qui sort ce mercredi, L'Affaire Pasolini. Si l'on en croit cette hypothèse, le meurtre de Pasolini aurait pu être commandité par Eugenio Cefis, président d'une société italienne d'hydrocarbure qui aurait planifié avec l'aide de la mafia une vague d'attaques terroristes pour attiser les tensions entre l'extrême droite et l'extrême gauche afin de faciliter l'avènement d'une nouvelle dictature.
Cefis étant dans le viseur de Pasolini, qui aurait raconté ses malversations dans un chapitre de son roman Pétrole - chapitre qui n'a jamais été retrouvé -, l'entrepreneur mafieux l'aurait fait exécuter.
La bande-annonce de L'Affaire Pasolini, en salle dès aujourd'hui :