Attention, spoilers ! Cet article révèle des éléments de l'intrigue de la saison 3 de The Handmaid's Tale. Si vous ne voulez pas savoir, ne lisez pas ce qui suit.
Après une saison inaugurale magistrale, The Handmaid's Tale s'est malheureusement peu à peu essoufflée en saisons deux et trois. Toujours capable de fulgurances et de scènes inoubliables – telles que l'excision d'Emily, la punition de Janine ou encore l'accouchement de June –, la série dystopique a pourtant tendance à traîner en longueur et à faire du remplissage pour atteindre ses treize épisodes. La saison 3 de The Handmaid's Tale, qui s'est achevée le 15 août dernier, pourtant au-dessus de la deuxième saison, prouve une nouvelle fois que la série, sortant du matériau de base, à savoir le livre de Margaret Atwood, risque de tomber dans le piège de la "série qui ne sait pas s'arrêter à temps".
Contre toute attente, le problème majeur de la série réside dans le traitement de son personnage principal, qui était le pilier de The Handmaid's Tale : June, incarnée par Elisabeth Moss. Dans la première saison, l'actrice, déjà incroyable dans Mad Men et Top of the Lake, a été une véritable révélation, sa performance lui valant d'ailleurs un Emmy Award et un Golden Globe. Mais dans cette troisième saison, l'interprète de June est presque devenue une parodie d'elle-même, s'enlisant dans des mimiques robotiques et dont le regard filmé en gros plan à chaque fin d'épisode rend son personnage extrêmement agaçant.
UNE SÉRIE QUI SE REPOSE SUR SES LAURIERS
Malheureusement, The Handmaid's Tale se repose trop sur June. La meneuse de la rébellion prend beaucoup la lumière, voire trop, alors que la série a d'autres personnages intéressants et complexes à creuser. Surtout dans cette saison 3, où le régime dictatorial et conservateur de Gilead est enfin en train de sombrer, on aurait aimé en savoir bien plus sur celles qui l'aident dans son plan, les autres Servantes et les Marthas qui se la jouent mafia. Mais aussi en apprendre davantage sur Nick (Max Minghella), qui devrait être un élément clé dans le renversement du pouvoir en place, et accompagner Emily (Alexis Bledel) dans sa transition et sa reconstruction au Canada. On est même resté sur notre faim en découvrant un petit bout du passé de tante Lydia (Ann Dowd).
Même la mise en scène, pointue et esthétique, tourne en rond. Avec un rythme trop lent, les mécanismes, déjà vus et revus dans les saisons précédentes, deviennent insupportables. Certains plans contemplatifs nous sortent de cette révolte qui se met en place trop doucement. On atteint même le summum de l'ennui avec le neuvième épisode que June passe dans une chambre d'hôpital. Point positif : la saison 3 tente d'afficher plus de pudeur quant aux scènes de violences sexuelles : le coït forcé entre le commandant Lawrence et June n'est que suggéré et une scène de viol a été coupée à la demande de l'acteur Joseph Fiennes. C'est dire !
Si la troisième saison nous a un peu épargné l'aspect "torture inutile", c'est du côté du scénario que nous avons été lâchement abandonnés. Le manque de cohérence de certaines situations est assez risible et nous extrait parfois de l'histoire. Comment se fait-il que June n'ait pas été exécutée après tout ce qu'elle a fait à Gilead ? D'autres ont perdu un œil pour moins que ça. Comment autant d'enfants ont pu être sauvés sans problème ? Pourquoi Serena change-t-elle d'avis comme de chemise ? Si Yvonne Strahovski reste impeccable dans son rôle, plus complexe qu'il n'y paraît, son côté girouette nous prend souvent au dépourvu.
QU'ATTENDRE DE LA SUITE ?
Annoncé comme un cliffhanger incroyable, le final de la saison 3 s'est révélé dans l'ensemble bien décevant et paresseux, malgré le sauvetage émouvant d'une centaine d'enfants. Les dernières minutes laissent le sort de June en suspens mais on comprend très vite qu'il s'agit d'une pirouette scénaristique pour nous faire revenir en saison 4, d'ores et déjà commandée par Hulu. Le showrunner Bruce Miller ne s'en cache pas et a même confié à Vanity Fair que June était indispensable à la série : "Je pense que June est notre guide. Si June meurt, la guide meurt et la série meurt."
Seulement voilà, le showrunner a tellement mis June sur un piédestal dans The Handmaid's Tale que la série en pâtit. D'autres séries avant elle ont réussi à se défaire de l'aura intouchable de leur personnage principal, comme Jenji Kohan avec Piper dans Orange Is the New Black afin d'offrir plus de place aux autres personnages féminins. Si June est la pierre angulaire de la série il n'en reste pas moins que la mythologie qui l'entoure reste le décor central de The Handmaid's Tale qui traite d'un régime ultra patriarcal et violent pour les femmes.
À force de tourner autour du pot, une certaine lassitude se fait ressentir lorsqu'on regarde The Handmaid's Tale. Pour éviter de renier une série qui a déjà marqué son époque, on espère que la saison 4 sera la dernière et saura terminer le show en beauté, après avoir tâtonné pendant deux saisons. Les prochains épisodes gagneraient à intensifier l'action et à lâcher du leste sur la stylisation, tout en gardant en ligne de mire le message plus profond de la série.
Par ailleurs, on aimerait que la série s'attarde plus sur les autres personnages, avec de nouveaux flashbacks s'il le faut, mais aussi et surtout que l'on quitte un peu plus Gilead. La guerre à Chicago avec Nick, les Colonies et le sauvetage des migrants au Canada sont des terrains intéressants à explorer, comme le régime à Washington qui a été très bien traité dans cette saison. Et pourquoi ne pas terminer avec la mort de June en sacrifice ultime ?