Sorti ce mercredi 21 août sur nos écrans, Les Baronnes, est le premier long métrage réalisé par Andrea Berloff, nommée aux Oscars en 2016 pour le scénario de N.W.A. qu'elle a co-écrit. C'est un thriller porté par Melissa McCarthy, Elisabeth Moss et Tiffany Haddish, dans lequel trois épouses de gangsters reprennent en main les affaires de leurs maris respectifs lorsque ceux-ci sont envoyés en prison, dans le New York de 1978. Et c'est aussi l'adaptation du roman graphique "The Kitchen", publié en décembre 2015 chez Vertigo, branche plus adulte de DC Comics.
"The Kitchen", comme le quartier d'Hell's Kitchen à New York, plus généralement associé à Marvel grâce à Daredevil notamment, où se déroule l'action ; et la cuisine dans laquelle Kathy (Melissa McCarthy), Ruby (Tiffany Haddish) et Claire (Elisabeth Moss) sont cantonnées par les hommes lorsque le récit commence, aussi bien dans le roman graphique d'Ollie Masters ("All New X-Men"), Ming Doyle et Jordie Bellaire ("Captain Marvel", "X-Files"), toujours inédit en France, que dans son adaptation cinématographique. Laquelle n'est pas sans rappeler Les Veuves de Steve McQueen, autre histoire d'émancipation féminine sur fond de criminalité qui évoquait également la question du racisme à travers l'un de ses personnages.
Un thème que Les Baronnes a rajouté par rapport à son modèle, qui suit trois femmes blanches (Kath, Raven et Angie) là où l'une d'elles, Ruby, est noire dans le long métrage d'Andrea Berloff dont le propos résonne à une époque marquée par les luttes pour la diversité et les mouvements tels que #MeToo, ou lorsqu'il parle de violences conjugales en se focalisant sur les rapports entre Claire et son mari joué par Jeremy Bobb. Des libertés que l'on retrouve également sur le plan des rebondissements, puisque le film ne suit pas à la lettre les événements du comic book, mais lui reste fidèle dans l'esprit et dans la forme, entre la violence graphique, la reconstitution et la représentation du côté mal famé d'Hell's Kitchen, où le danger et la mort semblaient guetter à chaque coin de rue.
Il n'y a, en revanche, pas la moindre once de fantastique, sur papier comme à l'écran. Car si Vertigo était initialement spécialisé dans le surnaturel et l'horreur, c'est bien à un thriller sec que nous avons ici affaire. Et c'est maintenant à vous de jouer au jeu des différences entre l'adaptation et le matériau d'origine, que l'on peut facilement se procurer en langue anglaise, en attendant une éventuelle publication hexagonale.