AlloCiné : Comment avez-vous obtenu le rôle de Perrier LaPadite ?
Denis Ménochet : J'ai passé un casting classique. J'avais rencontré le directeur de casting, Olivier Carbone, sur La Môme. Il m'a fait passer une audition, il a montré ma photo… On a lu la scène avec Tarantino, dans une cuisine rue de Rivoli, avec Lawrence Bender le producteur. Je ne pensais vraiment pas être pris, pour moi c'était juste génial de lire avec ce gars-là, qui avait écrit un texte que je trouvais magnifique : la partition, les silences et ce qui est dit, c'est une musique particulière. Pour moi, c'était déjà Noël, je suis sorti ravi et je n'ai pas du tout imaginé la suite.
Comment vous êtes-vous préparé pour cette audition ?
Je fais beaucoup de respiration. Pour le casting d'Inglourious Basterds, je crois que j'ai bossé tout seul chez moi au moins onze heures d'affilée. J'ai oublié qui j'étais, j'ai imaginé toute la vie de ce personnage : les mecs en-dessous, les parties de pêche avec les Dreyfus… Le jour J, tu vois un peu tout Paris qui défile, les acteurs qui se connaissent… Moi, je ne connaissais personne. Je me suis assis et j'ai respiré profondément en attendant que ce soit mon tour, pendant une vingtaine de minutes. J'ai respiré. Mais lui [Tarantino], il est super cool. Quand on le voit, c'est impressionnant, mais ça passe tout de suite dans les yeux, il détend très vite.
Et quand on vous a dit que vous étiez choisi, comment ça s'est passé ?
J'étais en Bretagne, je suis tombé par terre en larmes. Et après, ça a été très rapide. On est partis tourner en Allemagne, dans les studios de Babelsberg et les extérieurs de la ferme étaient tournés près de la frontière Tchèque, toujours en Allemagne. Je suis passé dans les premiers, j'ai fait le premier jour de tournage et là j'ai vraiment eu très peur. J'étais tout seul à taper sur ma bûche et là, il ne faut pas penser au CV de tous les gens de tous les corps de métier du cinéma qui sont autour. Quand on est un geek, c'est complètement dingue !
Comment s'est passée la collaboration avec Christoph Waltz, l'inénarrable Hans Landa ?
Avec Christoph, c'est comme tous les grands sportifs qui maîtrisent vraiment leur discipline, comme les tennismen : ça a l'air facile, comme un Nadal ou un Federer. Là, c'est pareil, ça a l'air facile, mais ça part dans tous les sens. On ne peut pas être fan du mec avec qui on joue, donc il faut garder la tête froide, mais il est incroyable, c'est un jazzman.
Jouer en anglais, c'était particulier ?
En anglais, on peut mettre plus d'émotion dans les mots, car en français on a beaucoup plus de mots pour exprimer et décortiquer ce qu'on ressent donc le rythme est forcément différent. Je n'aime pas les traductions de films américains ou anglais, car il y a souvent des "hmm", des petites intonations qu'on perd tout de suite en français car on est très précis. Jouer en anglais, ça nécessite peut-être de surjouer un peu du point de vue des Français, mais eux, ils ne surjouent pas : c'est de l'émotion, ça sort comme ça.
La bande-annonce d'Inglourious Basterds, disponible sur Netflix :