DE QUOI ÇA PARLE ?
Dernier d'une lignée d'élus, un chef en herbe fait équipe avec un policier de la criminelle pour élucider un mystère séculaire, stopper des assassins surnaturels et ainsi rétablir l'équilibre dans le Chinatown de San Francisco.
Wu Assassins avec Iko Uwais, Byron Mann, Katheryn Winnick... Crée par John Wirth & Tony Krantz
Disponible sur Netflix depuis le 8 août - Épisodes vus : 2
ÇA RESSEMBLE À QUOI ?
NOTRE AVIS
Un homme nous fait face, un pistolet pointé sur l'arrière de sa tête. Puis se retourne sur son agresseur dont il ne met pas longtemps à se débarrasser grâce à sa maîtrise des arts martiaux, avant de réserver le même sort aux autres assaillants qui se dressent sur son chemin et passent à tabac une personne présente sur les lieux. "Je suis chef", repond-il à cette dernière, lorsqu'elle demande qui est son sauveur. Et il faut dire que ses opposants ont bien mangé dans cette scène d'ouverture coup de poing qui donne le ton et lance avec énergie la première série d'arts martiaux produite par Netflix. Ou la seconde, si l'on prend Iron Fist en compte, même si Wu Assassins a le mérite d'être originale. Et mieux filmée lorsqu'il est question de coups de tatane.
Comme le show adapté des comic books Marvel, celui-ci se déroule également aux États-Unis et mélange aussi les arts martiaux avec un soupçon de fantastique lorsque Kai, le héros et apprenti chef cuisinier, découvre qu'il est l'Élu : l'Assassin Wu. Celui qui saura rétablir l'équilibre entre le Bien et le Mal dans le Chinatown de San Francisco où des seigneurs de guerre maîtrisant chacun un élément (eau, feu, terre, air...) s'apprêtent à se rejoindre. Et l'un d'eux se trouve être son oncle (Six, joué par Byron Mann), dont il découvre la vraie nature et les capacités surnaturelles grâce à une vision un peu trop pratique pour faire avancer l'intrigue. Laquelle se matérialise dans une version parallèle et embrumée de notre monde où le personnage principal atterrit de façon un peu aléatoire, lorsque Ying Ying (Celia Au) décide d'accélérer sa formation.
On ne pourra pas reprocher aux deux premiers épisodes de Wu Assassins d'avancer lentement : si le pilote prend la forme d'un long flashback qui nous renvoie la veille de la très réussie scène d'ouverture, pour nous présenter le futur héros malgré lui, son entourage, l'inspectrice dure à cuire qui va l'aider et celui qui sera son pire ennemi de façon classique pour qui connaît un peu les récits de cette trempe, les enjeux sont rapidement posés. Il sera en effet question de sauver la ville de San Francisco des Triades et autres gangsters russes qui la menacent, en combinant la pratique des arts martiaux que Kai maîtrise déjà aux pouvoirs de mille moines qui lui sont conférés lorsqu'un artefact lui est remis alors qu'il vient d'échapper à une poignée d'assaillants à l'intérieur de son food truck. Une scène qui n'est pas sans rappeler les grandes oeuvres de Jackie Chan, dans sa manière d'utiliser les objets les plus insolites pour se battre.
Le postulat de la série aurait d'ailleurs pu être celui d'un long métrage avec la star de Rush Hour (type Le Médaillon), qui n'aurait pas manqué d'ajouter beaucoup plus d'humour qu'ici, Iko Uwais, révélation de Merantau et The Raid vue dans 22 Miles, étant moins porté sur le gag. Surtout qu'un enjeu intéressant se dessine ici, en plus du fait que liens familiaux seront mis à mal : Kai parviendra-t-il à enfreindre ses principes moraux et tuer quelqu'un, pour devenir un vrai Assassin Wu ? Une vision en forme de teasing des événements à venir laisse entendre que oui, ce qui permettrait d'apporter un peu plus de noirceur à un show qui en est pour l'instant dénué, dans ses actes (à l'exception des exécution sadiques commises par Six) comme dans sa photo, un peu terne. Sans parler de ses rares effets numériques, ratés.
C'est pourtant dans son entre-deux que Wu Assassins se révèle la plus intéressante, partagée entre son statut américain et son influence asiatique (on aperçoit même une fresque représentant Bruce Lee sur un mur), le passé et le présent, la réalité et le fantastique qui s'immisce par petites touches, le paradis et l'enfer dont San Francisco est le point central selon le récit. Ou encore le Bien et le Mal, entre lesquels Kai devrait naviguer, lié par le sang à un grand méchant qui pourrait le pousser dans ses retranchements et le forcer à tuer. À la fin de l'épisode 2, nous n'en sommes pas encore là. Car si le héros a découvert le secret de son oncle, la réciproque n'est pas vraie, les pouvoirs dont le chef a hérité lui ayant donné la tête d'un moine (Mark Dacascos) aux yeux des agresseurs dont il s'est défait au tout début du pilote. Une façon de lui permettre d'avancer aux côtés de l'inspectrice jouée par Katheryn Winnick sans que la mort ne l'attende à chaque coin de rue.
Malgré son ouverture musclée et la présence au casting de l'acteur de The Raid et sa suite, Wu Assassins ne se présente pas comme un déluge ininterrompu d'action, et l'épisode 2 n'en comporte qu'une scène, impressionnante, vers la fin. Pour le moment, l'intrigue se met en place, efficacement mais sans grande surprise et avec quelques promesses d'embûches à même de faire trébucher le héros et de nous faire admirer les aptitudes, toujours aussi dingues, d'Iko Uwais, qui est le gros point fort de la série. Laquelle n'en demeure pas moins intrigante à l'issue de ces deux premiers rounds dont on attendait plus, mais qui ont la bonne idée de ne pas s'étirer plus que de raison (44 minutes pour le premier, 41 pour le second). Assez pour que l'on ait envie d'aller plus loin, vu la façon dont l'ensemble promet de monter en puissance. Et parce que cela pourrait, peut-être, permettre de lancer dans la réalité le restaurant de Kai : Kung Foodie.