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    Yesterday : "Les gens ne réalisent pas l'impact que les Beatles ont pu avoir"

    Star de la comédie romantique en Grande-Bretagne ("Quatre mariages et un enterrement", "Love Actually"), Richard Curtis reste dans ce registre avec un soupçon de musique grâce à "Yesterday", où il fait disparaître les Beatles pour Danny Boyle.

    Il a organisé Quatre mariages et un enterrement. Signé l'un des films de Noël les plus appréciés (Love Actually). Ou permis à un jeune homme de remonter le temps. Aujourd'hui, Richard Curtis fait disparaître les Beatles de notre univers pour les besoins de Yesterday, nouveau long métrage de Danny Boyle, comédie musicale et romantique qui se penche sur la place de la pop culture dans nos vie. Et c'est dans un bus anglais que nous le rencontrons, à Paris.

    AlloCiné : Comment en arrive-t-on à l'idée folle de faire disparaître les Beatles de notre société ?

    Richard Curtis : Cette idée folle ne vient pas de moi mais de quelqu'un d'autre [Jack Barth, ndlr]. Et comme le héros de Yesterday, j'en ai entendu parler et j'ai demandé si je pouvais la développer et en tirer un scénario car je trouvais que c'était l'une des meilleures que j'avais entendues. J'ai toujours été très passionné par les Beatles, depuis que j'ai 7 ans et jusqu'à mon dernier anniversaire, que j'ai célébré avec une fête autour des Beatles.

    Vous est-il alors difficile d'imaginer un monde sans eux ?

    Il serait très proche du nôtre. À ceci près qu'il serait pire (rires) C'était amusant de partir de ce postulat. Il y a tellement de super chansons que si vous voulez surprendre avec quelqu'un qui participe à un concours d'écriture, vous avez de quoi faire. En fait c'était comme écrire un film avec une vitrine pleine de cadeaux dans la pièce à côté : quand je manquais d'inspiration, je pouvais piocher parmi certaines des meilleures chansons de tous les temps et les mettre dans le scénario.

    Comment avez-vous choisi les chansons à mettre dans le scénario ? Comment avez-vous tranché parmi toute la matière que vous aviez à votre disposition ?

    Il nous a fallu choisir parmi les plus connues. Prenez par exemple la scène au cour de laquelle Jack joue une chanson pour ses parents, qui le lui ont demandé. Dans le film, il joue "Let It Be". Mais s'il avait joué "Not A Second Time", "This Boy" ou d'autres des chansons que j'aime, la blague n'aurait pas aussi bien fonctionné. Nous nous sommes majoritairement tournés vers les plus célèbres, à savoir "Hey Jude", "The Long And Winding Road", "I Wanna Hold Your Hand"..., au lieu de titres qui étaient tout aussi géniaux, mais moins connus.

    Danny Boyle a-t-il su reconnaître les chansons des Beatles à l'envers ?

    Au-delà des chansons, le film va plus loin que les simples Beatles, en nous laissant imaginer le même film avec d'autres grandes figures de la pop culture qui n'auraient jamais existé.

    La pop culture est sans doute la chose la plus importante de ma vie par bien des aspects. Et parfois, les gens ne réalisent tout simplement pas l'impact psychologique que les Beatles ont pu avoir sur la jeunesse, la joie et l'amitié. J'ai essayé de le montrer en les faisant revenir doucement dans la société.

    Quelles sont les commandements à suivre lorsque vous écrivez une comédie mâtinée de romance comme celle-ci ?

    Il faut d'abord essayer d'être drôle, et nous avons quelques personnages dans le film dont c'est le rôle : l'agent terrible de Jack joué par Kate McKinnon, ou son ami très stupide. Ensuite, je pense qu'il faut vraiment s'intéresser à l'histoire d'amour. C'est le sujet sur lequel j'ai le plus écrit et, maintenant que je suis plus âgé, je m'interroge sur la manière dont je devrais passer le temps : dois-je travailler aussi dur ou passer plus de temps avec ceux que j'aime ? Et c'est un peu ce dont parle Yesterday, en se demandant si Jack doit tout consacrer au travail et au succès, ou s'il devrait prendre du recul et se focaliser sur Ellie, jouée par Lily James. Ce sujet compte beaucoup pour moi et il faut être convaincu que ce que vous avez écrit est solide, plutôt que de se dire que cela plaira sans doute à quelqu'un d'autre et ne pas s'en soucier davantage.

    La pop culture est sans doute la chose la plus importante de ma vie par bien des aspects

    On note quelques similitudes entre "Yesterday" et le dernier film que vous avez réalisé, "Il était temps", à travers la façon dont vous jouez avec la notion de temps et le côté "Et si... ?", qui renvoient aux interrogations actuelles dont vous parlez.

    Je suis très intéressé par la texture de la vie : ce qui peut vous rendre heureux, ce à quoi vous devriez consacrer votre temps... Nous devrions tous nous pencher là-dessus d'ailleurs (rires) Car j'espère que les gens seront heureux pendant les deux heures que dure le film. Puis ils devraient passer du temps avec les personnes qu'ils aiment.

    Au vu des thèmes, c'est un film que vous auriez pu diriger vous-même. Pourquoi Danny Boyle était-il le meilleur pour le mettre en scène ?

    Tout d'abord, je sais qu'il aime autant la musique que moi. Et il y a quelque chose comme quinze chansons dans le film, et je voulais un réalisateur assez doué pour que chacune paraisse un peu différente des autres, sans quoi elles s'enchaîneraient mécaniquement. Alors qu'en fait, l'une d'elle correspond à ce à quoi Ellie pense, une autre aux pensées de la foule, une autre à ce que Jack pense... Danny est capable de rendre les choses stimulantes, mais également différentes.

    S'il vous fallait choisir une chanson des Beatles pour résumer votre carrière, laquelle prendriez-vous ?

    "And I Love Her" ! C'est ma préférée. Elle provient de l'album "A Hard Day's Night", elle est très délicate et belle. Pas très drôle, mais elle contient de drôles de petites percussions.

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