ATTENTION - L'article ci-dessous contient des spoilers, dans la mesure où il revient en détails sur les scènes post-générique de "Spider-Man Far From Home" et ce qu'elles pourraient impliquer pour la suite du Marvel Cinematic Universe. Veuillez donc passer votre chemin si vous n'avez pas encore vu la nouvelle aventure de l'Homme-Araignée, et revenir quand ce sera fait. Pour les autres, rendez-vous après la bande-annonce de la rencontre entre Mysterio et le héros.
À la surprise générale des spectateurs qui l'ont découvert au printemps, Avengers Endgame ne contenait aucune scène post-générique, ce qui constituait une grande première dans l'Histoire du Marvel Cinematic Universe depuis son lancement, en 2008, avec Iron Man (en considérant que celle de L'Incroyable Hulk se situait juste avant les crédits). C'est donc un retour à la normale qui s'opère avec Spider-Man Far From Home, en deux étapes et de bien belle manière : le long métrage de Jon Watts reprend tout d'abord là où il nous avait laissés quelques minutes plus tôt, alors que MJ (Zendaya) effectue, non sans peur, son baptême de l'air entre les gratte-ciel de New York et dans les bras d'un Peter Parker (Tom Holland) en costume.
Alors que les deux tourtereaux viennent de se poser près du Madison Square Garden, l'adolescente n'a pas le temps de reprendre complètement son souffle qu'une vidéo en forme de "Breaking News" apparaît sur l'un des écrans à proximité et prouve que même mort (jusqu'à preuve du contraire du moins), Quentin 'Mysterio' Beck (Jake Gyllenhaal) n'a pas dit son dernier mot : l'un de ses associés a en effet réussi à détourner les images des drones dont il se servait pour créer des illusions plus vraies que nature, pour faire croire que l'Homme-Araignée est responsable de la mort du grand méchant de l'histoire, qui se faisait passer pour un gentil tout au long du récit afin de s'affirmer comme le successeur de Tony Stark, son ex-patron dont il voulait en réalité se venger, l'accusant de s'être attribué l'une de ses idées, vue brièvement au début dans Civil War.
BIENVENUE DANS LE SPIDER-VERSE ?
Pire : dans la seconde moitié de la vidéo, Mysterio révèle que le vrai nom de Spider-Man est Peter Parker, photo d'identité à l'appui, suscitant un "What the f... ?!" du héros en guise de réaction, et en écho à celui de sa Tante May (Marisa Tomei) dans l'ultime réplique d'Homecoming. Tout porte donc à croire que l'Homme-Araignée ne sera pas franchement en odeur de sainteté dans la Phase IV du Marvel Cinematic Universe, et une personne toute particulière va faire attention à ce que l'opinion publique soit contre lui : J. Jonah Jameson, rédacteur en chef du tabloïd The Daily Bugle qui apparaît, en chair et en os, sous les traits de... J.K. Simmons, déjà interprète du personnage dans la trilogie de Sam Raimi, auquel ce film rend donc hommage. Mais pas que.
Dans n'importe quel autre rôle, son apparition n'aurait rien été d'autre qu'un simple hommage. Mais lui confier celui-ci ne peut pas avoir été fait de façon anodine. Est-ce une façon de sous-entendre que les aventures de Tom Holland sont la suite de celles de Tobey Maguire ? Sans doute pas, car la cohérence du MCU en serait chamboulée. Mais le fait d'avoir un Jameson arborant un look différent de celui qu'il avait chez Sam Raimi (la moustache est toujours là mais un crâne massivement dégarni remplace son iconique coupe en brosse) relance l'option du multivers, teasée dans la bande-annonce de Far From Home avant d'être démentie par le récit. Ou peut-être pas totalement.
Lorsqu'il se présente à Peter, Quentin Beck affirme venir d'une réalité parallèle, la Terre-833 (où réside la version britannique de Spider-Man dans les comic books). Le twist qui nous confirme que Mysterio est bien un méchant et que son histoire a été inventée de toutes pièces, grâce notamment à l'idée de l'un de ses complices. Mais se pourrait-il que ce dernier, un scientifique, se soit basé sur des faits que peu de gens connaissent, pour rendre le mensonge un poil crédible ? Entre le retour de J.K. Simmons en Jameson et le fait que la MJ de cette saga ne s'appelle pas Mary Jane mais Michelle Jones, plusieurs éléments sous-entendent que la théorie du multivers n'est finalement pas à exclure et que Marvel a préféré semer quelques graines et conserver la grosse révélation pour la Phase IV et au-delà, où le studio pourra plus facilement intégrer ses nouveaux jouets (les X-Men, 4 Fantastiques et consorts) dans son univers cinématographique, tout en justifiant leur absence jusqu'ici.
À travers cette scène post-générique, Marvel et Disney laissent donc entendre que le MCU est bien un multivers et que toutes les adaptations qui ont vu le jour sont liées d'une façon ou d'une autre, qu'il s'agisse des Avengers, de Blade ou des Ghost Rider avec Nicolas Cage. Et dans une optique de clore la Phase III, cette idée est encore plus stimulante que la possibilité d'un teasing des Sinister Six auquel beaucoup s'attendaient, les retours de Michael Keaton en Vautour et Michael Mando en Scorpion ayant été annoncés il y a quelques mois. Au final, les deux méchants brillent par leur absence, et peut-être qu'il n'a jamais été question de les faire revenir, ce que traduirait la réplique disant qu'il ne faut pas se fier à ce que l'on lit sur internet entendue pendant le film.
Ça n'est peut-être que partie remise, alors que Norman Osborn est de plus en plus évoqué comme l'un des grands méchants potentiels pour la Phase IV du MCU (et pas seulement les opus arachnéens), ou que Kraven le Chasseur pourrait être un antagoniste tout trouvé si la scène post-générique devait faire de Peter Parker un fugitif à l'avenir. Mais peut-être que Marvel a préféré jouer la carte du teasing d'un univers encore plus étendu avec cet épilogue de la Phase III, plutôt que de rester circonscrit aux seules aventures de l'Homme-Araignée. Comme une porte entrouverte sur ce que la Maison des Idées nous réserve à partir de 2020, et qu'elle pourrait officiellement annoncer sous peu.
Quelques minutes après cette énorme surprise, une deuxième scène post-générique se lance. Et, comme souvent chez Marvel, il s'agit davantage d'un gag que d'une manière de faire avancer l'histoire. Mais elle fait écho aux propos de Kevin Feige sur le fait que nous reverrons les Skrulls apparus sur grand écran dans Captain Marvel. La preuve : il nous est ici révélé que deux d'entre eux avaient pris la place de Maria Hill et Nick Fury depuis le début du récit, dont Talos, incarné par Ben Mendelsohn dans le film d'Anna Boden et Ryan Fleck. Pas à des fins diaboliques mais en accord avec l'ex-directeur du S.H.I.E.L.D., qui s'est octroyé quelques vacances à bord de leur vaisseau en même temps qu'il supervise une mission secrète dont nous ne saurons absolument rien. Y a-t-il un lien avec les agents dormants Kree évoqués, un peu plus tôt, au détour d'un dialogue entre Cobie Smulders et Samuel L. Jackson ?
À moins qu'il ne s'agisse d'un clin-d'oeil à l'arc narratif "Secret Invasion", dans lequel il est révélé que des Skrulls ont pris la place de plusieurs héros, et que beaucoup de lecteurs rêvent de voir au coeur de la Phase IV ? L'option n'est pas encore à écarter, même si les extra-terrestres métamorphes ne sont pas les méchants qu'ils sont dans les comic books. Comme pour la première scène post-générique, il pourrait s'agir d'une volonté de faire référénce aux théories de fans les plus en vogue sur la Toile, tout en suggérant qu'elles pourraient se concrétiser à l'avenir. Reste à savoir quand et, surtout, à quel moment Marvel communiquera officiellement sur ses prochains longs métrages. Et de quelle façon Spider-Man va gérer son nouveau statut de successeur de Tony Stark et de cible de J. Jonah Jameson.