Alors que la chaîne câblée HBO, qui offre du très grand cru cette année (True Detective, Game of Thrones, Chernobyl, Big Little Lies et bientôt Watchmen), a lancé sa première – et incroyable – série pour ados Euphoria avec Zendaya, Netflix a mis en ligne Trinkets ("bibelots", en français) le 14 juin dernier. Cette nouvelle série pour ados tire son épingle du jeu parmi le large éventail de teen dramas disponible sur la plateforme : Elite, The Order, Baby, Quicksand, The Society, Jinn, entre autres qui usent et abusent des mêmes ingrédients qui font de ces shows de parfaits plaisirs coupables qui manquent souvent de pertinence.
De son côté, Trinkets est une série de 10 épisodes de 30 minutes adaptée du roman pour jeunes adultes de Kirsten Smith publié en 2013. Trois adolescentes totalement différentes, Elodie (Brianna Hildebrand), Tabitha (Quintessa Swindell) et Moe (Kiana Madeira), sont forcées de participer à un groupe de Cleptomanes Anonymes pour les aider à résoudre leur problème de vol à l’étalage. Ce lieu va rapprocher les lycéennes plus qu’elles ne le croient et une forte amitié va lier les jeunes femmes alors qu’elles traversent différentes épreuves : deuil, rejet familial, violence conjugale mais aussi les premières fois et les expériences de l’adolescence.
ENTRE NOSTALGIE ET MODERNITÉ
Si Trinkets se binge facilement et ne révolutionne pas le petit écran, elle a le mérite d’offrir une voix rafraîchissante à une génération décidément maladroitement représentée dans les séries télé depuis quelques années. Le temps où Buffy, Angela 15 ans, Dawson, Skins, Friday Night Lights ou Freaks and Geeks berçaient nos adolescences semble bien loin et pourtant Trinkets réussit à piocher dans chacune d’elles. On y retrouve aussi des airs de films pour ados culte comme Breakfast Club. La série créée par Amy Andelson, Emily Meyer et Kirsten Smith réussit à trouver un bel équilibre entre humour et justesse avec une pointe de nostalgie.
Avec Trinkets, la plateforme américaine semble vouloir étendre sa stratégie de cibler les young adults en lorgnant du côté du style indé, en témoigne aussi la mise en ligne du premier film de l’actrice Olivia Wilde, Booksmart. Ce dernier, porté par le duo pétillant Beanie Feldstein (Lady Bird) et Kaitlyn Dever (My Beautiful Boy), a été vivement acclamé par le public qui loue l’intelligence du propos et la force des personnages. Ces efforts pour représenter une jeunesse bien plus complexe qu’elle n’y paraît et plus mature qu’on ne veut bien le croire sont entrepris par des femmes à l’écriture, à la réalisation et à la production.
La révolution passera peut-être par leurs voix sur la plateforme américaine qui doit renouveler ses contenus étant donné que les créations Warner/CW et Disney vont peu à peu disparaître de la plateforme, conséquence de la fin des partenariats. Il ne reste plus qu’à attendre de voir ce que proposera Netflix dans les mois à venir pour ses 149 millions d’abonnés dans le monde, le géant américain ayant considérablement accéléré la production de contenus originaux ces derniers temps.