De nouveaux héros font leur apparition
La déception a été à la hauteur des attentes éprouvées pour cette seconde saison de Star Trek Discovery. Centré sur le passé de Michael Burnham (Sonequa Martin-Green) – et plus particulièrement sur ses relations avec son frère adoptif Spock (Ethan Peck), ce nouveau chapitre de la série n’est pas parvenu à tenir toutes ses promesses.
L’objectif de cette saison 2 était clair : intégrer comme il se doit les aventures de l’U.S.S. Discovery dans le canon officiel de la franchise, d’où les présences de Spock donc, mais également de Christopher Pike, le capitaine de l’Enterprise. L’introduction de ce dernier est sans nul la plus grosse réussite de cette nouvelle saison, un élément toutefois à double-tranchant : interprété avec brio par Anson Mount, le prédécesseur du capitaine Kirk a occupé contre toute-attente une place centrale dans ces épisodes, au point d’éclipser les héros de la série.
Ainsi, à l’exception de Burnham et de Saru, la plupart des membres de l’équipage du Discovery n’ont guère su tirer leur épingle du jeu, à commencer par Paul Stamets (Anthony Rapp), privé de ses déplacements sporadiques, et dont les retrouvailles avec son compagnon Hugh Culber (Wilson Cruz) n’ont pas apporté la touche d’émotion attendue. Pire, cette sous-intrigue n’a jamais joué la moindre importance dans l’action principale de la saison, si ce n’est pour ressusciter un personnage dont on se demande si les scénaristes n’ont juste pas regretté de l’avoir tué trop tôt.
Quelques personnages secondaires ont toutefois su briller : Philippa Georgiou (Michelle Yeoh) tout d’abord, une nouvelle de bonne augure pour le futur spin-off sur la Section 31 dont elle sera l'héroïne; mais aussi la nouvelle venue Jett Reno (Tig Notaro), une sorte de version ingénieure du Dr. McCoy de la série originale qui débite des punchlines à la vitesse de la lumière.
A la recherche de Spock
L’autre déception de cette saison 2 est son intrigue. Proposer un jeu de piste à travers la galaxie pour retrouver la trace de Spock n’était pas inintéressant sur le papier, mais très vite l’intérêt de cette quête est retombé et l’introduction du semi-Vulcain à mi-saison a finalement été plus anecdotique que prévue ; l’interprétation d’Ethan Peck n’est pourtant pas en cause, la faute reviendrait plutôt aux scénaristes, coupables d’avoir dénué le personnage de sa substance, de sa prestance intellectuelle (il est ici un scientifique parmi les autres) et de ses pointes d’humour (le plus souvent à son encontre).
Après l’univers miroir dans la première, cette seconde saison s’est donc intéressée au voyage dans le temps, alors que les aventures de Michael Burnham l’ont amené à former une boucle temporelle pour visiter son propre passé. Force est de constater qu’à trop vouloir en faire, la série semble abattre ses cartes trop vite, au point de se demander dans quelle surenchère risque de tomber la prochaine saison, d’ores et déjà commandée par la plate-forme américaine CBS All Access.
Pire, l’objectif principal de cette seconde saison, lever le voile sur les relations entre Michael et Spock, n’a pas été mené avec succès. Certes, cet épisode final a apporté la réponse sur les raisons pour lesquelles le semi-vulcain n’a jamais mentionné l’existence de sa sœur adoptive dans la série originale, ni dans les films Star Trek .
Projeté dans un Trou de ver, l'équipage du Discovery va désormais poursuivre ses aventures dans le futur. Pour protéger leur secret, et les données de haute valeur dont ils disposent, Spock décide de mentir à Starfleet lors de son débriefing en prétendant que le vaisseau et ses occupants ont été détruits et qu’il serait avisé d’interdire toute mention du Discovery, et par extension de Michael Burnham. S’il n’a jamais mentionné l’existence de sa sœur au capitaine Kirk, c’est donc parce que cela lui était interdit par la Fédération.
Une astuce scénaristique un brin décevante et surtout incohérente, car quand bien même Spock est un personnage respectueux des réglementations, rien ne l’aurait empêché de dire que sa sœur adoptive est morte en mission.
Un nouveau départ pour la saison 3
Nul doute que la prochaine saison de Star Trek Discovery sera en quelque sorte un "reboot" de la série, en cela que les héros seront livrés à eux-mêmes dans un futur inconnu, sans espoir d’y recroiser l’Enterprise ou les membres de la Section 31. Une bonne nouvelle donc qui permettra aux personnages de retrouver la place centrale qu’aurait dû être la leur cette saison, et qui leur ouvre de nouvelles perspectives puisqu’il ne sera désormais plus question de devoir suivre à la lettre le canon officiel de la franchise.
En somme, cette saison 3 qui permettra à l’équipage du Discovery "d’aller là où aucune série Star Trek n’était encore jamais allée".