De quoi ça parle ?
Tom, 23 ans, est sur le point de réaliser son rêve : adopter un enfant. Mais lorsqu'il rencontre Miguel, un petit garçon de 5 ans têtu, la réalité de l'adoption le frappe en plein visage. Il doit alors faire face à la fois à cet enfant mais aussi à l'enfant qu'il a lui-même été, abandonné et solitaire. 16 ans plus tard, Miguel part au Guatemala à la recherche de ses racines. Mais Tom va faire tout ce qui est en son pouvoir de l'empêcher de découvrir le secret qu'il lui cache depuis toutes ces années...
6 épisodes diffusés les vendredis 5 et 12 avril sur Canal + Séries à partir de 21h
Lors de la première édition du festival CANNESÉRIES en avril 2018, la série israélienne Miguel nous avait tapé dans l'oeil et s’était vue remettre le prix spécial d'interprétation pour l'ensemble du cast, réunissant Raul Mendez (Sense8, Narcos), Ran Danker, star dans son pays, ou encore Aviv Carmi. Nous avions pu rencontrer l'équipe à l'époque.
Inspirée de l'histoire vraie du créateur...
Si Miguel est si touchante, c'est peut-être d'abord parce qu'elle est inspirée d'une histoire vraie, celle du créateur Tom Salama, qui a véritablement vécu une histoire similaire lorsqu'il a voyagé en Amérique Centrale au début de sa vingtaine pour adopter un enfant. "C'est émotionnellement et visuellement très proche de ce que j'ai vécu" nous confiait-il. "Mais c'est vrai qu'au début je voulais absolument que tout soit exactement pareil, et j'ai dû me résoudre à changer des choses pour des raisons dramatiques, ou pratriques." Ainsi, la fin de l'histoire, surprenante, ne correspond pas tout à fait à la réalité. Un récit peu banal en tous les cas, qui justifiait assurément à lui seul d'en faire une série.
"C'est une petite série, mais sur un grand sujet, universel, où il est question de l'amour qui unit les parents à leurs enfants. A une époque où les grands succès sont surtout tournés vers l'action, comme Game Of Thrones, je pense que c'est important qu'il y ait aussi des séries comme la nôtre, fortes mais plus simples." expliquait-il. L'atmosphère, très intimiste, n'est pas sans rappeler This Is Us, d'autant que l'histoire se situe à deux périodes différentes de la vie des héros comme dans le drama familial. On y retrouve ce même accent de vérité, en particulier chez les personnages qui ne sont pas épargnés dans le portrait qui est fait d'eux, mais avec moins de lyrisme et plus d'âpreté.
Miguel aborde ainsi le sujet de l'adoption, en l'occurrence par un jeune homme homosexuel, sous un angle neuf, sans concession et avec une sincérité désarmante, loin des clichés hollywoodiens. On y découvre avec précision le processus compliqué auquel le héros doit faire face avant de pouvoir partir avec son enfant. On y comprend aussi à quel point devenir parent et aimer son enfant, en particulier dans ce contexte, n'est pas une chose aussi simple et naturelle qu'on voudrait bien nous le faire croire. Tom est assailli par les doutes, il se demande même si le petit Miguel, turbulent et colérique, est bel et bien "le bon".
Ces questionnements nourrissent une réflexion riche, auxquels s'ajoute notamment le thème du trafic d'enfants, toujours très développés dans plusieurs régions du monde, la difficulté d'être homosexuel dans un pays comme le Guatemala, et la difficulté d'être un père homosexuel tout court : "On est toujours testé, observé quand on est un père gay, on attend toujours le moment où vous allez faire une bêtise. Vous devez sans cesse prouver que vous êtes capable."
Propos recueillis en avril 2018 à Cannes