Dans le biopic Rocketman, en salles le 29 mai prochain, l'acteur Taron Egerton se glisse dans la peau de la rock-star Elton John. Un défi "terrifiant" pour l'acteur de la saga Kingsman, qui s'est exprimé sur le sujet le 18 mars dernier après la projection de 15 minutes du film dans la légendaire salle du Troubadour, à Los Angeles. L'endroit même où Elton John donna son tout premier concert. Morceaux choisis.
Un biopic pas comme les autres
L'objectif a toujours été que Rocketman ne soit pas un biopic linéaire. Il fallait que le film nous embarque vers ces éléments fantastiques dont vous avez dû avoir un aperçu avec la scène du Troubadour. Sinon, structurellement, le film débute avec l'entrée d'Elton en cure de désintoxication. A titre personnel, j'ai toujours trouvé ça très excitant. Je suis excité à l'idée que les gens voient ce genre de scènes, car je pense que voir quelqu'un comme Elton John, si universellement connu, dans une situation si intime, si vulnérable, est très inhabituel. Ca dit quelque chose sur lui, sur combien il est une personne candide et résiliente.
Ce qui se passe essentiellement avec Rocketman, c'est Elton John qui se remémore sa vie alors qu'il est en cure. On apprend son histoire à partir de son enfance et du moment où il entre à la Royal Academy of Music et on se dirige, essentiellement, jusqu'au moment où il entre en cure.
Incarner Elton John à l'écran ? Un défi "terrifiant" ! "
C'était terrifiant. Comme il s'agit d'une comédie musicale et qu'il y a des éléments fantastiques, c'était une obligation que les comédiens chantent. Donc, c'est délicat, surtout après un film comme Bohemian Rhapsody qui montre indubitablement qui est Freddie Mercury. Pour moi, l'idée, c'était donc juste de chanter les chansons du mieux que je pouvais. Nous avions de la chance dans le sens où Elton John et Bernie Taupin sont très impliqués sur le projet. L'aventure a commencé avec eux, et Elton a été fantastique. Il m'a franchement laissé être une partie de sa vie durant quelques années.
Une première rencontre autour d'un... curry !
Pour moi, le déclic a vraiment été quand je me suis assis la première fois aux côtés d'Elton John et que nous avons partagé un curry. Je ne sais pas si je devrais vous dire ça. On a pris un curry à emporter pour manger chez lui, on a discuté durant 2 heures et demi et voilà, c'est juste quelque chose de difficile à décrire. Quand vous avez l'honneur d'incarner à l'écran quelqu'un qui est l'une des personnes les plus adorées et célèbres au monde, ça s'accompagne de lourdes responsabilités. Et quand vous rencontrez cette personne, que vous vous "connectez" vraiment à elle, je ne sais pas... Ca apparaît juste comme l'une des plus importantes choses qu'il m'ait jamais été donnée de faire, je ne peux pas vraiment décrire la sensation d'avoir vécu toute cette aventure.
Elton John : une vie faite de joie, de fun et d'excès...
Une partie du voyage vers la réhabilitation est de se confronter à toutes les erreurs qu'on a faites, toutes les mauvaises décisions qu'on a prises. Il faut également être en paix avec la personne qu'on est devenue et apprendre à s'aimer de nouveau. Et on ne peut pas faire ça tant qu'on aime pas tous les aspects de notre personne. (...) La relation d'Elton avec certaines substances était extrêmement corrosive et mauvaise pour sa santé, ça lui a presque tout coûté. C'était une partie importante de l'histoire pour moi. Et en parallèle, il fallait trouver un équilibre avec quelque chose de joyeux, une célébration, quelque chose de fun à regarder. C'est cet équilibre, sur le fil du rasoir, qu'on a eu en tête durant toute cette aventure, et j'espère que lorsque les gens verront le film, ils sentiront qu'on a fait un bon job à ce niveau.
Comment Taron est devenu Elton...
J'ai regardé beaucoup d'images d'époque de lui. Pourtant, jouer Elton John âgé était plus facile, certainement parce que j'ai passé du temps avec lui aujourd'hui. En fait, dans Rocketman, je devais incarner quatre Elton à des âges différents : le premier, adolescent avec une coupe au bol et de grosses lunettes bien larges, le deuxième vers l'âge de 20 ans avec les cheveux long, quand il habitait Los Angeles, etc...
Mettre de moi dans le personnage ne m'a pas vraiment aidé, donc j'ai créé une sorte d'hybride entre Elton John et moi. Il y a une chose que j'ai ressenti en apprenant à le connaître, c'est que j'ai l'impression d'avoir des points communs avec lui. Je ne suis pas un génie, bien sûr, je parle plutôt en terme de névroses et de sentiment d'insécurité. J'avais parfois l'impression de me reconnaître en lui, sur ce qui touche à mon instabilité émotionnelle, par exemple. Car je suis quelqu'un qui vit les choses à fond et qui a parfois de vives réactions. Et je pense qu'Elton John est pareil. Il s'agissait donc de composer avec ce genre de choses.
Des costumes fidèles et innovants
Nous avons travaillé avec Julian Day, un incroyable costumier. Il n'a pas seulement créé des looks très fidèles à la manière dont Elton John s'habillait, il a également créé de nouvelles choses innovantes. Je pense que c'était quelque chose que le réalisateur Dexter Fletcher souhaitait vraiment avec ce film : nous accorder quelques libertés pour prendre possession du personnage.
La sexualité d'Elton John à l'écran
Je suis un comédien hétérosexuel qui joue une icône gay, donc j'avais le vif sentiment que si je jouais ce personnage, j'avais l'obligation d'honorer cette facette de l'histoire. Au début du film, il y a cette scène d'amour entre Richard Madden et moi. J'en suis suis très fier. Non seulement c'est la première scène de sexe que j'ai jamais tournée, mais en plus, c'est une scène entre deux jeunes hommes qui tombent amoureux à une époque où ce n'était pas acceptable sociablement. Nous avions la responsabilité d'honorer cette partie de l'histoire. C'était fantastique de travailler avec les studios Paramount, qui ont tout de suite compris qu'il fallait la pousser, l'honorer, et la voir refletée dans le film. J'en suis vraiment ravi.
La bande-annonce de "Rocketman" :