Selon une étude commandée par The Entertainment Industry Trade Group à la MPAA, qui est pour mémoire la Motion Picture Association of America, c'est-à-dire l'organisme de classification des films aux Etats-Unis, les résultats du Box Office US pour l'année 2018 ne sont pas mirobolants, mais plutôt en demi-teinte. Ainsi, le BO US a surtout profité d'un rebond alimenté par des blockbusters comme Black Panther ou les Indestructibles 2, permettant aux ventes de tickets de bondir de 7% et rapporter 11,9 milliards $. Le business (global) de l'Entertainment a enregistré une hausse de 16%, qui a permis de rapporter l'an dernier aux Etats-Unis 55,7 milliards $. Mais c'est une hausse qui s'explique selon l'étude grâce au marché du digital, que ce soit les locations, ventes, ou les services de streaming comme Netflix.
Ainsi, le marché domestique du digital a grimpé de 24% pour atteindre 17,5 milliards $. Au niveau international souligne l'étude, ces ventes s'élèvent à 25,1 milliards $. Des chiffres qui semblent compenser le très net déclin de la consommation sur supports physiques comme les DVD ou Blu-ray. Car aux Etats-Unis, les ventes sont en chute libre : -15%. Il y a quatre ans, les ventes physiques pesaient encore 10,3 milliards $ aux Etats-Unis, là où elles ne pèsent désormais plus que 5,8 milliards $. Au cours de cette même période, les dépenses des consommateurs pour le digital ont augmentées de 170% globalement. Cette impressionnante augmentation est principalement le fait de plateformes comme Netflix, Amazon Prime ou d'autres services. Pour la première fois note l'étude, le nombre de souscriptions pour les abonnements en ligne à ces plateformes a dépassé les abonnements aux chaînes du Câble.
Avec l'écroulement des ventes des supports physiques, les Majors ont cherché à encourager les consommateurs à acheter les films en version digitale. A ceci près que ces derniers n'ont pas vraiment appliqué la consigne à la lettre... Selon l'étude, ils préfèrent nettement picorer les contenus diffusés en streaming via Netflix, plutôt que de pratiquer l'acte d'achat "à la carte" d'un film. Un chiffre qui ne trompe pas : le nombre de souscriptions a bondi de 28% en 2018, pour rapporter 13,3 milliards $, là où les achats et locations à l'acte ont chuté de 5%, pour rapporter (quand même) 10 milliards $.
Dans tous les cas des résultats qui ne tombent pas franchement à point pour Disney, la nouvelle entité WarnerMedia et Comcast, qui préparent dans leurs tuyaux justement de nouvelles plateformes de VOD pour tenter de contrer le géant Netflix. On pourra rappeler à ce titre les récents propos de Barry Diller, ancien PDG des studios Fox et Paramount. Invité en février dernier dans un Podcast intitulé Recode Decode, l'intéressé livrait un diagnostic lapidaire : "Ceux qui courent après Netflix sont stupides. Netflix a gagné la bataille. Je crois que personne ne peut désormais rivaliser avec leur parc d'abonnés, qui leur assure une énorme domination". Et cette remarque vaut aussi selon Diller pour le concurrent de Netflix, Amazon Prime, "qui n'a pas été conçu pour enchérir de manière aussi agressive que Netflix concernant les stars de demain".