De quoi ça parle ?
Hélène Barizet est une musicienne prodige devenue chef d’orchestre. Nommée à la tête du Philharmonia contre l’avis de la Direction et des musiciens, elle est la première femme à diriger un orchestre permanent. Son audace et sa conduite nourrissent les rancœurs tout autant qu’elles forcent l’admiration. Le Maestro a une saison pour faire sa place et sauver l’orchestre. Elle peut compter sur Selena Rivière, une jeune violoniste virtuose pour l’y aider. Hélène l’a nommée premier violon, bien décidée à lui transmettre sa passion et son génie musical. Mais comment transmettre quand tout ce que l’on souhaite, c’est rompre avec le passé ?
Philharmonia (6x52 min.), créée par Marine Gacem et réalisée par Louis Choquette
Chaque mercredi à 21h sur France 2 à partir du 23 janvier
À quoi ça ressemble ?
C'est avec qui ?
Pour incarner Hélène Barizet, la chef d'orchestre au centre de la série, Marine Gacem, la productrice Rose Brandford Griffith, et France 2 ont choisi l'étonnante Marie-Sophie Ferdane, comédienne de théâtre ayant notamment été pensionnaire de la Comédie-Française de 2007 à 2013, et que l'on a pu voir récemment à l'écran dans le film Netflix Je ne suis pas un homme facile. Elle apporte quelque chose de très théâtral et d'intense à cette héroïne mystérieuse et passionnée et se retrouve en terrain quelque peu familier puisqu'elle est diplômée de violon du conservatoire de Grenoble.
Face à elle c'est Lina El Arabi, remarquée dans le téléfilm Ne m'abandonne pas en 2016 et dans Noces l'année suivante, qui campe Selena Rivière, jeune prodige qu'Hélène va nommer premier violon et en qui elle va voir une sorte de fille spirituelle. François Vincentelli (Les Chamois, J'ai deux amours), Tomer Sisley (Balthazar), Charlie Bruneau (En Famille), Tom Novembre, Jacques Weber, Véronique Jannot, Laurent Bateau (Disparue, Les Grands), et Audran Cattin (Les Bracelets rouges), davantage connus du grand public, complètent quant à eux la distribution de cette série prestigieuse.
Ça vaut le coup d'oeil ?
Avec Philharmonia, qui débute ce mercredi 23 janvier, France 2 fait un pari osé : proposer un vrai drame haut de gamme, qui soit tout sauf policier (un genre vu et revu adoré des chaînes et des téléspectateurs), et qui nous emmène dans un univers pas forcément très "grand public" de prime abord : celui de la musique classique, à travers le quotidien d'un grand orchestre philharmonique.
Et force est de constater, après avoir visionné l'intégralité des six épisodes de la série, que l'audace peut payer tant Philharmonia, et sa partition proche du sans faute, s'impose comme un vrai mélange réussi entre série musicale, thriller psychologique, et soap à la Shonda Rhimes (on pense forcément un peu à Murder devant les mésaventures d'Hélène Barizet), tout en se payant le luxe d'être une vraie série de service public, qui parvient à démocratiser la musique classique, à la rendre envoûtante et accessible à tous, et à faire de l'arène d'un lieu comme la Philharmonie de Paris un vraie ruche d'intrigues, de coups bas, de trahisons, et de drames en tous genres. À tel point qu'on en vient à se demander pourquoi cet univers (traité sous un angle un peu différent aux États-Unis avec Mozart in the Jungle) a si peu intéressé le cinéma et la télévision française jusqu'à présent.
Outre la réalisation soignée de Louis Choquette (Versailles) et le scénario inventif de Marine Gacem (Cherif), qui nous tient en haleine tout du long de la série avec notamment deux "mystères" assez excitants qui n'offrent pas toujours les réponses que l'on voyait venir, Philharmonia doit sa réussite à son casting au diapason, porté par la magnétique Marie-Sophie Ferdane, qui fait preuve d'un jeu atypique déstabilisant durant les premières minutes puis finalement totalement jouissif, et la bluffante Lina El Arabi, qui se révèle peu à peu et opère une vraie montée en puissance jusqu'au final dont on ne dira évidemment rien si ce n'est qu'il s'achève en apothéose, musicale comme dramatique. Chacun, de François Vincentelli à Audran Cattin, la révélation des Bracelets rouges, en passant par Charlie Bruneau, a droit à son moment pour briller, faisant de Philharmonia une vraie belle série de comédiens, où tout le monde joue juste.
Tout n'est évidemment pas parfait - on regrette un peu la direction que prend l'aspect thriller psychologique dans les deux derniers épisodes et on aurait aimé que l'orchestre et ses codes soient encore plus explorés en terme de microsociété - mais France 2 réussit en tout cas un très joli coup avec Philharmonia, qui se différencie totalement de ce que l'on a l'habitude de voir en France en matière de séries, met en avant des actrices formidables et des personnages de femmes comme on aimerait en voir plus souvent, et prouve que l'on peut faire du vrai divertissement populaire intelligent, dans la veine de certains dramas de networks américains, avec un univers pourtant "exigeant" comme celui de la musique classique, rendu ici totalement accessible. Faisant oublier ainsi les nouveautés un peu ratées de la chaîne l'an dernier, comme Le Chalet ou Les Rivières pourpres.
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