Adapté du roman de David Lagercrantz - qui a poursuivi la saga littéraire de Stieg Larson après le décès de ce dernier - Millenium: Ce qui ne me tue pas revient sur les origines de la désormais célèbre hackeuse et défenseuse des femmes Lisbeth Salander. C'est la comédienne Claire Foy, récemment récompensé aux Emmy Awards pour sa prestation dans la série The Crown, et bientôt à l'affiche de First Man de Damien Chazelle, qui se glisse dans la peau du personnage après Noomi Rapace en 2009 et Rooney Mara en 2011. Mis en scène par Fede Alvarez à qui l'on doit notamment le remake réussi d'Evil dead et le thriller Don't breathe, ce nouvel opus est indépendant des autres films de la saga.
C'est dans un Berlin enneigé que nous nous sommes rendus sur le tournage de Millenium: Ce qui ne me tue pas, en mars dernier. Après avoir fait un rapide tour des mythiques studios Babelsberg (où furent notamment tournés : Nosferatu le vampire en 1922, Metropolis de Fritz Lang,Stanlingrad ou encore Le Pianiste de Polanski), nous avons rencontré les membres de l'équipe technique et artistique du film de Fede Alvarez.
Découvrez la première partie de notre set visit.
A notre arrivée nous avons rencontré la productrice américaine Elizabeth Cantillon. Cette dernière, nous a avoué être très heureuse de travailler sur ce nouveau volet avec une équipe internationale, surnommée en interne les "Avengers européens". Et ce choix de comédiens venus de différents pays (Grande-Bretagne, Suède, Danemark, Etats-Unis...) n'est pas anodin puisqu'il permet à la production de s'assurer un minimum d'entrées dans chacun de ces pays.
Un mélange des nationalités qui n'est par ailleurs pas pour déplaire à l'équipe puisque les acteurs du film Claire Foy, Sylvia Hoeks et Sverrir Gudnason nous ont tous cité le barbecue urugayen organisé par le réalisateur Fede Alvarez dans leur meilleur souvenir de tournage.
Après avoir assisté à une première scène - en retour caméra - dans laquelle Claire Foy court se mettre à l'abri dans une baignoire pour se protéger d'une explosion (scène qui se trouve dans la bande-annonce ci-dessus), nous nous sommes longuement entretenus avec le costumier Carlos Rosario dans son atelier.
AlloCiné : Vous êtes vous inspiré des précédents films pour les costumes de "Millenium : Ce qui ne me tue pas" ?
Carlos Rosario: Absolument pas. Nous avons tout recommencé depuis le début, comme s'il n’y avait pas de versions précédentes. Nous avons donc créé un monde différent des autres, avec de nouveaux décors et de nouveaux costumes.
Les précédents volets étaient parfaits, mais nous voulions vraiment que notre film se distingue et se suffise à lui-même, nous avons donc tout repensé et tout imaginé depuis le début. Ce qui est fait n’est plus à faire, comme on dit. L’univers est plus graphique, les couleurs sont plus froides, les protagonistes sont plus accessibles. J’ai eu l’opportunité de travailler sur des personnages très différents alors qu’ils font tous partie d’un même film, c’est fantastique.
Comment avez-vous fait pour distinguer la Lisbeth de 2018 des précédentes versions?
Lisbeth est le personnage central de ce film, et donc le plus important. On se doit de ne pas décevoir les fans, d'autant plus que c'est un personnage mystérieux et intrigant qui est déjà connu du public grâce aux romans et aux premiers films. Chacun s'est donc fait sa propre idée de qui elle est et les lecteurs / spectateurs n'en ont pas nécessairement tous la même vision et donc les mêmes attentes.
Lors de nos réunions nous sommes tous tombés d'accord sur le fait qu'il fallait rendre le personnage le plus accessible possible, lui donner de la profondeur. Nous ne voulions pas qu'elle ne soit qu'une silhouette monochromatique, tout en noir. Nous avons donc laissé de côté le style gothique qui avait été utilisé précédemment et qui était incompatible avec le côté plus abordable que nous souhaitions. Nous sommes donc parti sur le look motard, car elle est toujours à moto. Dans ce film on en découvre plus sur le personnage et son passé, il était donc primordial que nous créions des éléments permettant de comprendre visuellement qui elle est.
« Lisbeth est une héroïne de la vraie vie »
Ce que j'aime chez Lisbeth, c'est qu'elle est réelle et c’est rare aujourd’hui avec tous ces super-héros inhumains qui sont "bigger than life". Lisbeth est une héroïne de la vraie vie, elle utilise des compétences humaines pour rétablir la justice et défendre les plus fragiles. Elle fait face à des problématiques qu’on rencontre chaque jour dans notre société. Et c’est précisément cela qui rend ce personnage aussi excitant selon moi.
Pour le dernier costume du film, Fede Alvarez voulait quelque chose de simple mais de très graphique, un peu dans le style de celui d’Uma Thurman dans Kill Bill. Nous sommes donc parti sur un pantalon et une veste en cuir noir sur lesquelles nous avons ajouté du cuir rouge. Le rouge est très important dans le film, il relie les personnages entre eux. Il y a soit du rouge, soit du cuir dans les tenues des différents acteurs. Ça permet de relier visuellement les personnages de cet univers les uns aux autres, car si ils sont tous très différents ils font tous partie du même monde.
Comment s’est passé le processus de création des costumes ? Avez-vous travaillé avec les acteurs ?
Je travaille beaucoup sur les personnages avec les acteurs et le metteur en scène afin que le public puisse identifier de quel type de personne il s'agit simplement en regardant la tenue vestimentaire.
Ce que j’aime particulièrement sur ce projet c’est qu’il s’agit de personnages féminins forts, qu’il s’agisse de Lisbeth, de Camilla (Sylvia Hoeks) ou de Erika (Vicky Krieps). C’est rare d’avoir autant de rôles importants tenus par des actrices dans un même film. Elles sont toutes indépendantes et agissent chacune différemment, il était donc primordial pour moi qu’elles aient toutes un style bien distinct.
Claire Foy s'est beaucoup impliquée dans la création. Elle voulait comprendre pourquoi Lisbeth portait tel vêtement, ou ce piercing... Quand on lui faisait essayer quelque chose elle voulait en connaître la raison et son histoire. Nous devions donc être précis sur ce que nous créions pour elle.
The Crown, Paranoïa, le prochain Millenium... Claire Foy, une étoile montante ?Souvent les gens oublient tout le travail qu’il y a derrière chaque détails, même si c’est un film d’action et que le public ne vient pas pour voir les costumes, il faut savoir qu’on a réfléchi à tout. Pour que les costumes soient beaux mais également pratiques et confortables pour les comédiens. Précédemment, j'ai travaillé sur Don't breathe de Fede Alvarez, et le costume de notre héroïne était sombre, mais évoluait au fur et à mesure du tournage. Quand mes parents ont vu le film ils m'ont dit "tu as travaillé des mois pour simplement l'habiller en noir ?". (rires) Donc je sais qu'il s'agit de détails, mais ils permettent de se rendre compte en un coup d'oeil à qui on a affaire.
Propos recuillis le 20 mars 2018 à Berlin par Laëtitia Forhan