AlloCiné : Il y a un vrai esprit d'équipe, un esprit collaboratif, qui se dégage de votre film, Nous les coyotes. Comment avez-vous travaillé ensemble ?
Morgan Saylor, comédienne : Oui, c'est ça, on a formé une vraie équipe. Dès que McCaul Lombardi et moi avons été attachés au film, on a tout de suite commencé les répétitions. Nous n’avions que quelques semaines qui nous séparaient du début du tournage. Et de travailler avec un duo de réalisateurs était agréable, de voir leur façon de communiquer, d’être ensemble, cela a beaucoup aidé, y compris pour comprendre la relation de nos personnages. Les répétitions étaient intéressantes et bizarres à la fois. On a essayé plein de choses. On refaisait les scènes de différentes façons. Ils les filmaient et on recommençait. Ils ajustaient l’histoire ou les dialogues, en se basant sur ce qu’ils trouvaient intéressant de ce que McCaul et moi avions fait. Oui, ils étaient prêts à tout ! C’était très fun !
Marco La Via, réalisateur : Je crois que Richard Linklater a dit une fois qu’il ne laisserait jamais un acteur prononcer une réplique à laquelle il ne croit pas vraiment ou ne peut pas se référer. C’était notre philosophie lorsque nous faisions ces sessions de travail. Avec les autres acteurs également, nous voulions vraiment qu’ils s’emparent de notre scénario, y croient et qu’on travaille ensemble sur les dialogues car on voulait que tout sonne très vrai. Nous avons fait des allers-retours pour travailler les personnages, réécrire.
Morgan Saylor : Il y avait aussi de la musique que vous aviez sélectionné. Ils nous avaient fait une longue playlist. Il y avait aussi des références de films que nous avons regardé tous les deux. Cela nous a aidé à trouver la tonalité.
Hanna Ladoul, réalisatrice : Le fait d’avoir une équipe moitié américaine, moitié française nous a permis de nous entourer d’amis très professionnels. Nous n’aurions pas pu faire le film sans eux.
Quel a été le point de départ du film ?
Marco La Via : Je crois que l’histoire a commencé à grandir en nous lorsque nous avons emménagé aux Etats-Unis. Le film raconte l’histoire sur 24 heures d’un jeune couple qui arrive à los Angeles et qui lutte pour réussir à s’implanter. Il y a plein de petites anecdotes dans ce film qui nous sont réellement arrivées. Mais bien sûr à l’époque nous n’avions pas encore ce projet de film. Puis en août 2016, nous avons commencé à écrire et c’est là que tout a commencé. Puis, quand nous avons eu Morgan et McCaul attachés au projet, il y avait un parallèle possible entre leurs personnages et leur vraie vie.
Morgan Saylor : Oui, c’est vrai. La première fois que l’on s’est rencontrés, après avoir lu le scénario bien sûr, je leur ai dit : « mais vous saviez que je déménageais de Chicago à Los Angeles ? » car c’était le cas. Et c’est le cas des personnages. Le personnage vient de finir ses études et c’était mon cas aussi à Chicago. Donc s’il y avait un bon moment pour jouer ce personnage d’Amanda, c’était là, c'était comme si je la connaissais. Nous avons réellement fait ce déménagement et appris à nous connaître. Ces expériences nous ont beaucoup influencé. Même dans les dialogues, il y en a certains qui semblent provenir de ce vrai voyage. C’est drôle. Et en revoyant le film, ça me frappe de plus en plus.
Hanna Ladoul : Quand vous êtes revenus de ce voyage, l’alchimie était palpable.
Il y a un petit rôle, dans Nous les coyotes, pour la comédienne Lorelei Linklater, fille du réalisateur Richard Linklater, à qui l'on doit la trilogie Before. Est-ce que justement ce réalisateur a eu une influence sur le film ? Quelles sont vos autres influences ?
Hanna Ladoul : Oui, Richard Linklater nous a influencé pour le côté histoire d’amour, couple…
Morgan Saylor : J’ai toujours adoré Richard Linklater, ça fait partie de mes films favoris. D’ailleurs, c’est quelque chose dont nous avions parlé lors de notre premier rendez-vous.
Hanna Ladoul : Oui, exactement, et nous adorons les films dont l’histoire se passe sur une journée. C’est assurément une référence pour nous. C’est aussi la raison pour laquelle nous avons casté sa fille. C’était comme un clin d’œil.
Marco La Via : A propos des références, il y a toutes celles en terme de narration, ces films qui ont également une unité de temps. Mais il y a aussi des références plus philosophiques, des réalisateurs comme Cassavetes, ou ceux que l’on considère comme les nouveaux Cassavettes comme Sean Baker ou les frères Safdie.
Hanna Ladoul : Oui, des gens qui font des films avec très peu d’argent !
Marco La Via : Oui des gens qui ont beaucoup d’énergie pour produire, faire un film avec un sentiment d’urgence. Quant au style, nous avions des références comme Andrea Arnold, la réalisatrice d’American Honey. Il y a aussi Abdellatif Kechiche. Nous voulions explorer des plans serrés, être proches de nos personnages. Nous avions un certain nombre de règles pour la caméra et la mise en scène que nous essayions de suivre.
Hanna Ladoul : Nous avions beaucoup de liberté sur le plateau car nous filmions caméra au poing. Nous pouvions brandir la caméra à n’importe quel moment, grâce à notre chef opérateur.
Un dernier mot. Pourquoi ce titre ?
Hanna Ladoul : Les coyotes sont des animaux importants à Los Angeles car ils vivent avec les humains. C’est un animal qui lutte pour sa survie. Ca nous a fait penser à nos personnages.
Marco La Via : Nous avons pensé qu’Amanda et Jake sont comme des coyotes, et nous aussi sommes des coyotes. Les coyotes sont aussi nos amis, toutes ces jeunes personnes qui cherchent à se lancer. On a tous l’impression à un moment que toutes les portes sont fermées et c’est très difficile d’accéder à quoi que ce soit donc c’était l’idée derrière ce mot.
La bande-annonce de Nous les coyotes, à l'affiche ce mercredi :
Propos recueillis au Festival de Cannes 2018