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    Frères Ennemis - Matthias Schoenaerts : "Les gangsters ont un côté mythique qui attire les gens"
    Vincent Formica
    Vincent Formica
    -Journaliste cinéma
    Bercé dès son plus jeune âge par le cinéma du Nouvel Hollywood, Vincent découvre très tôt les œuvres de Martin Scorsese, Coppola, De Palma ou Steven Spielberg. Grâce à ces parrains du cinéma, il va apprendre à aimer profondément le 7ème art, se forgeant une cinéphilie éclectique.

    Reda Kateb et Matthias Schoenaerts s'affrontent dans Frères Ennemis, polar sec et nerveux signé par le réalisateur de Loin des hommes, David Oelhoffen. Pour l'occasion, AlloCiné a rencontré les deux comédiens.

    AlloCiné : Vous avez en commun avec Matthias Schoenaerts cet héritage « Jacques Audiard » ; est-ce que vous avez trouvé que le scénario de Frères Ennemis de David Oelhoffen s'inscrivait dans le style du cinéaste d'Un Prophète ?

    Reda Kateb : Pas du tout, on n'a jamais parlé en termes de références cinéma avec David. Il y a cette même ambition de trouver un point d'équilibre entre le genre, le divertissement, et la rencontre avec les gens, avec les personnages, sans bouder un vrai plaisir de cinéma.

    S'il y a une chose en commun, c'est celle-là. David Oelhoffen est parti vraiment de la crédibilité la plus forte, du réalisme le plus fort du milieu pour ensuite raconter une histoire qui lui est propre, sans influences de cinéma.

    Comment était l'ambiance sur le tournage ?

    Reda : Je ne dirais que c'était cool car on avait un plan de travail très serré.

    Matthias Schoenaerts : On l'a tourné en 7 semaines. C'était chargé.

    Reda : On courait après le temps,

    Matthias : Mais on a pris plein de plaisir même si les scènes sont tendues.

    Reda : On avait une troupe aussi, une belle équipe. J'ai retrouvé celle du film précédent que j'ai fait avec David, Loin des hommes. C'est des gens qui se connaissaient déjà avec lesquels on avait fait un voyage assez puissant.

    Vous avez effectué une préparation spéciale dans la police pour le rôle de Driss ?

    Reda : Il y a des fois où on a le temps et des fois où on ne l'a pas. Les calendriers font que l'on doit rentrer dans le costume très vite. J'aime les préparations mais je ne sais pas si c'est toujours nécessaire. Pour Frères Ennemis, j'ai eu du temps pour préparer. David Oelhoffen m'a proposé le rôle un an avant le tournage, on a passé du temps ensemble à lire le scénario, à se poser des questions sur les scènes. Il était très ouvert à ce que je fasse des suggestions.

    Je ne voulais pas faire un flic qui se nourrit d'images de flics de cinéma.

    J'ai aussi passé du temps au 36 Quai des Orfèvres avec un flic de la crim' et un capitaine des stups, qui a le même statut que mon personnage dans le film, pour essayer de comprendre leur travail. J'ai posé plein de questions et ils ont répondu avec beaucoup de générosité. Ils nous ont fait visiter les lieux… Je ne voulais pas faire un flic qui se nourrit d'images de flics de cinéma… et Dieu sait si on en a des tonnes. Je voulais partir du réel.

    Est-ce que vous mettre dans le costume de votre personnage vous aide à mieux entrer dans sa peau ?

    Reda : Ça fait partie de la préparation d'un rôle ; la première fois qu'on se met dans la peau des personnages, c'est pendant les séances d'essayage de costumes. C'est là qu'on sent si c'est adéquat ou pas, où l'on commence à dessiner la silhouette du personnage.

    Matthias : C'est chouette, c'est un processus que j'aime beaucoup. C'est créer la physionomie du personnage, sa façon de bouger, de parler… ça aide à définir une grande partie du personnage. J'adore ça ! On choisit les costumes nous-mêmes en dialogue avec le réalisateur mais j'aime bien être autonome à ce niveau-là, que l'on ne nous impose pas de mettre telle ou telle fringue, qu'on nous laisse chercher.

    Reda : On fait plusieurs séances d'essayage avec les costumières et jamais elles ne nous imposeront tel ou tel costume. C'est un dessin qui se fait à plusieurs.

    Bac Films

    Le style du film est très réaliste, jusque dans les dialogues… C'était très écrit ou vous avez apporté votre propre langage aux personnages ?

    Reda : On a assez peu improvisé en termes de dialogue ; souvent, on enlève plus de dialogues qu'on en rajoute en fait. Une fois qu'on répète et qu'on travaille avec la caméra, on se rend compte qu'un simple regard raconte quelque chose, un mouvement du corps… il n'y a pas besoin de l'appuyer par le dialogue.

    J'essaye de faire des films où on ne sent pas que les dialogues ont été écrits. J'ai pas de plaisir en tant que spectateur à voir des films où je me dis « ah, c'est du dialogue », j'ai besoin d'oublier ça. Du coup j'essaye de choisir des films que j'aimerais bien voir.

    Le cinéma peut nous emporter vers des endroits où l'on n'est jamais allés et on s'y pose le temps d'un film pour rencontrer les gens.

    Comment expliquez-vous cette fascination du public pour le monde des gangsters ?

    Matthias : C'est un univers de mystère, de danger. Il y a un côté mythique qui attire les gens. C'est aussi le cas dans la littérature ou la musique, pas que dans le cinéma. On a toujours été fascinés par l'interdit, le danger, l'aventure…

    Vous avez des films, séries que vous aimez, dans le genre du polar ?

    Reda : J'ai beaucoup aimé Gomorra, autant le film que la série. Le film est tout de même à un autre niveau mais je suis malgré tout un bon spectateur de la série. Il y a aussi True Detective, les polars coréens… en fait j'aime les films qui font voyager, même si c'est à deux pas de chez soi.

    Le cinéma peut nous emporter vers des endroits où l'on n'est jamais allés et on s'y pose le temps d'un film pour rencontrer les gens. Frères Ennemis c'est justement l'occasion de se poser à la cité Gagarine aux Lilas, en proche périphérie de Paris. C'est un endroit proche où l'on n'a pas l'habitude d'aller et c'est vraiment l'occasion de rencontrer des gens.

    LA BANDE-ANNONCE DE FRERES ENNEMIS

     

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