Après les jambes représentées par trois bolides consécutifs (Reverse-Flash, Zoom et Savitar), c'est avec sa tête que Barry Allen a dû sauver Central City et le reste du monde, en tentant de venir à bout de Clifford DeVoe, grand méchant de la saison 4 de Flash qui s'est achevée ce mardi 22 mai sur la CW, après avoir grandement déçu. Le final a-t-il changé la donne ? Le super-vilain a-t-il été battu ? À quoi peut-on s'attendre pour la suite ? Éléments de réponse ci-dessous, avec des spoilers bien sûr.
LE PENSEUR A-T-IL ÉTÉ VAINCU ?
Oui, bien sûr. Et quand bien même il annonçait, très sûr de lui, que "le méchant ne serait pas défait cette année", alors que Barry s'était infiltré dans son esprit en se servant de son fauteuil high-tech et du casque qui lui permettait d'être imbattable, façon Inception, pour tenter de trouver le bon qu'il restait en lui. Si la vitesse joue un petit rôle, l'affrontement se joue davantage sur le terrain de la psychologie. Et grâce notamment à Ralph Dibny (Hartley Sawyer), méta-humain protéiforme qui a joué les héros sous le nom d'Elongated Man et que l'on croyait mort dans l'épisode 18, lorsque DeVoe était parvenu à mettre la main sur lui pour lui voler ses pouvoirs.
Le détective privé était en réalité prisonnier de l'esprit du Penseur, qui avait pris contrôle de son corps et des capacités de transformation qui vont avec. Après avoir constaté qu'il n'y avait plus une once de Bien chez Clifford DeVoe, plus décidé que jamais à absorber l'intelligence de chaque être humain et tuer tous ceux qui se dresseront sur la voie de son Illumination programmée, les deux héros affrontent une armée de clones de leur ennemi, tel Néo face à la multitude de versions de l'Agent Smith dans Matrix Reloaded (mais avec des effets spéciaux moins réussis qu'en 2003), pour se frayer un chemin jusqu'au trou de ver qui leur permet de sortir de la tête de l'ex-professeur. Et de le vaincre.
Revenu dans le monde réel, Barry assiste à l'effrondrement de Clifford qui, furieux d'avoir été battu, convulse alors que Ralph lutte pour reprendre l'apparence de son interprète, et non plus celle de Neil Sandilands, qui a prêté ses traits au grand méchant de la saison 4. Lequel abat sa dernière cartouche via une réincarnation technologique sous forme d'hologramme que sa femme Marlize (Kim Engelbrecht) croit pouvoir faire disparaître en arrachant le coeur de son fauteuil. Une stratégie qui fonctionne... mais provoque la chute d'un satellite sur la ville.
Aidé par les vortex de Cisco (Carlos Valdes) et l'élasticité de Ralph, Barry parvient à éviter la catastrophe et met sa vitesse à profit pour expédier le gros des débris au plus loin. Mais en deux fois car, alors qu'il s'apprête à toucher l'appareil, le temps se fige et rembobine, pour ensuite reprendre son cours avec un petit plus : ces éclairs blancs, jaunes et violets qui accompagnent Flash, et ce poing qui l'aide à détruire le satellite, sauvant sans doute le héros d'une mort certaine. Et pour que le bilan soit totalement positif, l'esprit d'Harrison Wells (Tom Cavanagh), en dégradation depuis qu'il a essayé de se mesurer au Penseur, est restauré grâce à Marlize, alors que Cecile (Danielle Nicolet) donne naissance à une petite Jenna.
QUEL BILAN POUR LA SAISON ?
Ce final, et l'heureux événement qu'il contient en son sein, réhausse-t-il pour autant le bilan de la saison 4 ? Oui et non. L'épisode a le mérite d'être de meilleure facture et bien mieux rythmé que bon nombre de ceux qui l'ont précédé cette année, et il faut reconnaître que les scénaristes ont utilisé tout ce qu'ils avaient introduit au cours des derniers mois, qu'il s'agisse de la Force Véloce, du bus dans lequel tout a commencé ou des pouvoirs de télépathie conférés à Cecile pendant sa grossesse par son futur enfant, qui ont enfin servi pour de bon, en permettant de faire le lien entre le monde réel et l'esprit de DeVoe lorsque Barry y est enfermé.
Notons également la volonté de creuser les alliés du héros, Cisco, Caitilin (Danielle Panabaker) et Harrison en tête, qui ont eu droit à des épisodes pratiquement centrés sur eux-mêmes ; ou du ton, globalement optimiste et positif. Bien plus que dans la 3, où le héros menaçait de devenir de plus en plus sombre, et de perdre la légéreté qui le caractérise et le différencie d'un héros comme Arrow. Mais la série flirte un peu trop souvent avec la frontière qui sépare bons sentiments et niaiserie, comme lorsque Barry découvre, dans l'avant-dernier épisode, que DeVoe compte supprimer les émotions de chacun, qu'il juge responsable de l'état du monde et des différents conflits, et lui rétorque que c'est justement ça la force des êtres humains.
Avec ce genre de répliques, où lorsqu'il est affirmé que "la force sans foi n'est rien" (Joe West, incroyablement sous-exploité cette année) ou que "c'est la famille qui compte" (Harrison), la série n'est pas loin de rejoindre le club des mauvais shows familiaux, et on craint le pire quand la mission du jour est de partir à la recherche des restes de bonté dans l'esprit du méchant. Ce final s'en sort plutôt bien sur ce plan, car l'idée n'est pas trop appuyée. Mais la rapidité avec laquelle DeVoe disparaît rappelle que c'est bien de son côté qu'il faut chercher le point négatif de cette saison 4.
Il faut cependant louer les bonnes intentions des scénaristes, qui ont cherché à casser la routine en ne confrontant pas Flash à un énième bolide qui demanderait au héros de se surpasser physiquement pour le vaincre. Avec un surnom qui évoque avant tout une statue de Rodin, le Penseur promettait de déplacer l'action sur un autre terrain, plus cérébral, et de proposer un vrai nouveau défi. Mais non. Les premiers épisodes étaient quand même intrigants, avec ce fameux plan du méchant qui avait pensé à tout, comme il le répète dans ce final, et le mystère autour des douze méta-humains auxquels il a donné naissance dans le season premiere, et dont les pouvoirs se révèlent au fur et à mesure.
Le problème, c'est que les indices se font rares, pour ne pas dire inexistants par moments, à tel point que l'on finit par s'en désintéresser et croire que les scénaristes eux-même ne l'avaient pas vraiment défini au moment d'attaquer l'écriture. Il faut attendre le dernier quart de la saison pour découvrir que Clifford DeVoe avait besoin des pouvoirs de méta-humains qu'il a créés pour être invincible et ainsi dérober des satellites lui permettant de lancer son Âge de l'Illumination... qui débute par une exinction totale des lumières de Central City, ce qui n'est pas sans prêter à sourire. Intéressant dans l'épisode 7, qui se penche sur sa vie et rebat quelque peu les cartes du show, le Penseur n'avait finalement pas la stature pour occuper le premier plan d'une saison entière, et son arc narratif aurait dû être réduit, pour donner plus d'impact aux rares rebondissements intéressants tel celui où, accusé de l'avoir tué, Barry est envoyé en prison.
Un héros qui, en-dehors de ce passage derrière les barreaux, évolue assez peu. Sans sa relation amoureuse avec Iris (Candice Patton) et de mentor vis-à-vis de Ralph, nous pourrions presqu'oublier qu'il s'agit de la quatrième saison de la série, tant l'homme le personnage incarné par Grant Gustin paraît revenir au point de départ à chaque décès et obstacle, là où Oliver 'Arrow' Queen porte les blessures d'un passé dont il sait tirer profit. Comme son héros, Flash est beaucoup plus efficace lorsqu'elle remet la vitesse au coeur du jeu. Et joue la carte de l'humour.
Beaucoup plus présent que les années précédentes, celui-ci fonctionne même plutôt bien, avec des références à la pop culture toujours aussi efficaces, le meilleur exemple étant ce moment où, sorti de la Force Véloce où il a passé un bon de temps, Barry binge-watche quelques séries à vitesse grand V et découvre, en l'espace d'une seconde, que Jon Snow est mort dans Game of Thrones, et que finalement non. Un peu plus balourd lorsque Ralph fait ses premiers pas, le show marque des points grâce à Cisco, une fois de plus en charge de l'aspect méta et grâce auquel les scénaristes pointent du doigt leurs propres défauts, à commencer par son "méchant de James Bond" ou l'incroyable bazar que représente le Multivers et le statut du personnage de Black Canary, morte et remplacée par sa soeur, elle-même tuée avant que son double d'une autre Terre ne lui succède.
Il ne serait d'ailleurs pas étonnant que la saison 5, d'ores et déjà commandée, ne se moque gentiment de celle-ci, qui s'achève sur une note un peu plus positive alors que l'ensemble laisse un goût plus mitigé. Bien plus qu'avec la 3, qui avait trop rapidement expédié son adaptation de l'arc "Flashpoint" (qui voit le héros remonter le temps pour tenter de sauver sa mère et bouleverse tout son univers) avant de trébucher à plusieurs reprises mais de retomber sur ses pieds presqu'à chaque fois.
QU'ATTENDRE DE LA SAISON 5 ?
Comme Arrow, qui s'est reprise lorsqu'elle a abandonné, autant que faire se peut, le surnaturel pour revenir à ses fondamentaux, Flash doit peut-être se recentrer sur sa vitesse et des défis à même de le challenger sur ce plan. Et c'est peut-être ce que nous réserve la série avec son ultime révélation, assez peu surprenante : la jeune femme apparue à diverses reprises au cours de la saison 4 et dotée d'une grande vitesse n'est autre que Nora West-Allen (Jessica Parker Kennedy). Oui, la fille de Barry et Iris, venue du futur et qui annonce avoir "fait une très, très grosse bêtise". Dans la mesure où il est évident que c'est elle qui a prêté main forte à son père pour détuire le satellite à la fin de cette épisode, il n'est pas difficile de comprendre où a été son erreur.
Nous sommes même prêts à prendre les paris : comme l'indique la réplique de Marlize alors qu'il prend son élan, la masse de l'appareil combinée à la vitesse de sa chute ont plus de chances de détruire Flash que l'inverse. Et c'est même ce qui s'est produit dans la réalité, qui s'arrête en même temps que l'image se fige avant de revenir en arrière. Endeuillée par la perte de son mari, Iris aurait alors appris sa grossesse (à moins qu'elle ne l'ait déjà su mais manqué de temps pour l'annoncer à Barry) et elevé une fille appelée Nora, en hommage à la mère du défunt héros, à qui elle aurait raconté les exploits de son père. Dotée des mêmes pouvoirs que ce dernier, la jeune femme décide alors de voyager dans le passé pour le sauver... sans penser aux conséquences de ses actes.
La série conserverait ainsi la notion de famille au coeur de son récit, sur l'air de "Tel père, telle fille", et pourrait même rejouer l'arc "Flashpoint" qu'elle avait un peu raté en 2016/2017. Contrairement à la saison 1, qui nous montrait le futur par flashes, où la 3 dans laquelle DeVoe était mentionné, nous n'avons aucune autre indication sur l'avenir du show, ni sur le méchant auquel le héros sera confronté (peut-être parce qu'il aura assez à faire avec les bêtises de sa fille pour affronter une autre menace XXL en parallèle). Le mystère est pour l'instant quasi-total, mais il y a fort à parier que des annonces seront faites sous peu, et que des images seront présentées au Comic-Con de San Diego en juillet, pour nous permettre d'y voir plus clair.
Outre un retour en meilleure forme, nous espérons que deux éléments seront au programme : une plongée approfondie dans le passé de Caitlin, puisqu'il a été révélé que Killer Frost faisait partie d'elle avant qu'une bonne partie de Central City ne soit transformée en méta-humains ; et le retour du Flash Time, concept introduit dans l'excellent épisode 15 (le meilleur de la saison et l'un des plus réussis de la série) et qui permet à d'autres personnages de se déplacer à la même vitesse que le héros, en vibrant sur la même fréquence. Une manière efficace de jouer avec le temps et le suspense, tout en bouleversant ce qui a été établi auparavant. Au sein d'une saison où la temporalité jouera sans aucun doute un grand rôle, on ne peut que demander de revoir cette notion à l'oeuvre.