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    La Route sauvage : portrait d'un ado cherchant l'amour par le réalisateur de 45 ans
    Corentin Palanchini
    Passionné par le cinéma hollywoodien des années 10 à 70, il suit avec intérêt l’évolution actuelle de l’industrie du 7e Art, et regarde tout ce qui lui passe devant les yeux : comédie française, polar des années 90, Palme d’or oubliée ou films du moment. Et avec le temps qu’il lui reste, des séries.

    Fort de ses nombreux prix remportés au festival des Arcs, le drame "La Route sauvage (Lean on Pete)" sort enfin en salles ce mercredi, porté par le jeune acteur Charlie Plummer, âgé de seulement 18 ans.

    Ad Vitam

    La Route sauvage (Lean on Pete) sort en salles ce mercredi, réalisé par Andrew Haigh à qui l'on doit déjà 45 ans ou des épisodes de la série Looking.

    L'histoire est celle de Charley Thompson qui a quinze ans, a appris à vivre seul avec un père inconstant. Tout juste arrivé dans l’Oregon, le garçon se trouve un petit boulot chez un entraîneur de chevaux et se prend d’affection pour Lean on Pete, un pur-sang en fin de carrière. Le jour où Charley se retrouve totalement livré à lui-même, il décide de s’enfuir avec Lean on Pete, à la recherche de sa tante dont il n'a qu’un lointain souvenir...

    Adapté d'un roman, La Route sauvage a immédiatement intéressé Andrew Haigh, le réalisateur : "Pour moi, l'intérêt du film est la solitude de ce gamin. Il cherche quelque chose qui le ferait se sentir en sécurité. C'est ce qui m'a séduit dans le livre [de Willy Vlautin, NdlR] c'est que cet enfant gentil, qui veut vivre une vie normale, subit des événements (…) qui vont le faire passer "de l'autre côté" (…) mais il continue à se battre et de se chercher une maison. J'ai trouvé ça incroyable".

    Steve Buscemi, qui interprète un dresseur de chevaux un peu escroc s'est lui aussi appuyé sur le livre de Vlautin : "J'ai lu le livre après le scénario et il m'a bien aidé. C'était intéressant de voir ce qu'Andrew avait fait comme travail d'adaptation en coupant des passages ou en changeant les dialogues pour les placer dans la bouche d'un autre personnage".

    Ad Vitam

    Le jeune héros est interprété par Charlie Plummer, qui a débuté dans Boardwalk Empire (avec d'ailleurs Steve Buscemi) et était récemment le jeune John Paul Getty III dans Tout l'argent du monde de Ridley Scott. Originaire de New York, Plummer a envoyé son audition vidéo à l'équipe du film, a tourné quelques scènes de plus dans une vidéo supplémentaire, avant de décrocher un sujet qui lui tenait particulièrement à cœur.

    Plummer explique : "C'est une histoire d'amour. Ça peut sonner comme une blague mais je le pense vraiment. C'est une histoire d'amour évidemment non romantique entre Charley et le cheval (rires) ! C'est intéressant d'avoir un personnage en recherche constante d'amour (…), et l'amour que lui apporte son cheval lui procure la même sensation que lorsqu'on est aimé par n'importe quelle créature, votre chien ou n'importe qui, c'est une sensation si gratifiante".

    La quête de l'amour est au centre du film, mais aussi celle de la contestation du rêve américain. "Nous connaissons mal la philosophie du rêve américain en Europe, je la trouve fascinante", raconte Haigh. "Elle a échoué à aider celles et ceux qu'elle devait aider, mais a insinué l'espoir chez ces gens. Et l'espoir qui anime Charley fait partie de ce rêve américain et lui aussi, l'a déçu. Je trouve ça fascinant".

    Ad Vitam

    Celle qui va un temps faire office de confidente au personnage de Charley, Bonnie, est jouée par Chloë Sevigny, mais l'actrice n'avait pas forcément ce rôle en tête en lisant le scénario : "je me voyais bien dans le rôle de la tante, qui [apparaît peu] dans le film, mais mon agent m'a conseillé de le relire en ayant en tête le rôle de Bonnie. Puis j'ai repensé aux scènes avec les chevaux, que c'était une histoire de passage à la maturité, aux précédents travaux d'Andrew, que j'adore (…) et j'ai aimé la relation [de Bonnie] avec Charley".

    Malgré une bonne ambiance sur le tournage, ce dernier n'a cependant pas été de tout repos pour Andrew Haigh : "En termes de logistique, les courses de chevaux ont été compliquées. Je n'en avais jamais filmé, on ne peut en réaliser que quelques-unes à la suite, donc c'est un vrai risque : il faut [réussir à les filmer] du premier coup !"

    Ad Vitam

    En tant que réalisateur pour le cinéma ou la télévision, Steve Buscemi s'est mis en retrait de toute question de mise en scène et pour une bonne raison : "je me sens chanceux de travailler avec des metteurs en scène talentueux. Avoir réalisé moi-même m'a rendu plus accommodant comme acteur. J'essaye de comprendre la façon de penser du cinéaste et j'essaye alors de lui être le plus utile possible. Avec un peu de chance, je ne refais pas la scène dans ma tête, je préfère apprendre des autres pour pouvoir me resservir [de leur méthode] plus tard". A 60 ans, quatre films et près de quinze épisodes de série réalisés, Buscemi continue d'apprendre.

    Au festival des Arcs où il était présenté à la fin de l'année dernière, La Route sauvage a été récompensé par la plus haute distinction du festival (la Flèche de Cristal), mais aussi le prix d’interprétation masculine pour Charlie Plummer, le prix de la meilleure musique originale, et le prix de la meilleure photographie. Découvrez-le dès à présent en salles :

     

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