AlloCiné : A quels défis avez-vous dû faire face sur "Rampage - Hors de contrôle" ? Qu’est-ce qui est différent par rapport aux autres films sur lesquels vous avez travaillé ?
Jason Liles : Le principe de motion capture est sensiblement le même, mais lorsque l’on doit jouer un gorille et apprendre leurs mouvements tout en se propulsant à l’aide de deux "béquilles" soudées aux avant-bras rien n’est simple ! C’est épuisant et malgré l’illusion de l’aisance avec laquelle je me déplace, je suis totalement vidé à chaque fin de journée. Pour arriver à ce résultat réaliste, j’ai dû étudier pendant des mois les gorilles en captivité au zoo de Los Angeles. Et bien sûr, j’ai regardé toutes les vidéos de gorilles que je pouvais trouver sur YouTube... et j'ai épluché de près le making-of du King Kong de Peter Jackson. Sans oublier de long moments à me replonger dans l’univers de La Planète des Singes avec la performance magistrale d’Andy Serkis.
Pendant le tournage, j’ai eu la change d’être également aidé par le chorégraphe Terry Notary. Terry a fait l’école du Cirque du Soleil et il a travaillé sur Avatar et Le Hobbit : c’est sans doute l’homme le plus incroyable que j’ai rencontré durant ma carrière, il sait mettre en place une chorégraphie réaliste et précise pour ce type de grosses productions. Ce qui est incroyable avec lui, c’est qu’il arrive à imiter parfaitement tout mouvement d’animal ou d’être humain. C’est comme un musicien à l’oreille parfaite qui arrive à reproduire une mélodie sans jamais l’avoir jouée, juste en l’écoutant. Tous les jours, Terry est comme moi, à quatre pattes, pour me montrer les séries de mouvements qu’il a crées pour telle ou telle scène. Parfois il s'agit juste de rester tranquille dans un coin, centré sur soi-même, à même le sol, comme le font les gorilles la plupart du temps. Ce sont des animaux très économes quant à leur dépense d’énergie et de mouvements. Ils ne se lancent dans la "danse" que si un besoin urgent se fait ressentir, comme un danger ou la recherche de nourriture.
Terry Notary : de La Planète des Singes à The Square
Lorsque George est en mutation, est-ce que la chorégraphie évolue ?
Oui car il devient de plus en plus agressif. George est une boule d’énergie prête à exploser à tout moment, pour n’importe quelle raison. C’est comme s’il faisait une overdose de stréoïdes et qu’il perdait le contrôle de lui-même. La chorégraphie est donc constituée de mouvements plus amples, de coups de poings et de pieds dans les airs ou sur n’importe quelle surface où George se tient. C’est une sorte de danse infernale qui se met à l’habiter. L’emprise du mal s’empare de son être et il devient véritablement un monstre sanguinaire. J’aime l’évolution de mon personnage car je n’ai pas un moment pour m’ennuyer. Il me faut toujours être en perpétuelle création. George a été le moment le plus fort de ma carrière jusqu’à présent. Ça va être dur de faire mieux !
Rampage - Hors de contrôle : "Mettre dans un même film trois créatures mutantes donne un film totalement fou !"Qu’est-ce qui vous a surpris le plus en étudiant les gorilles ?
Ils sont très proches de nous, sauf qu’ils sont muets. Etre un gorille, c’est comme si on vous place dans une grosse combinaison étouffante et poilue et que l’on vous enlève la parole ! Lorsque je regarde dans les yeux d’un gorille, ce qui n’est pas une chose évidente car ils ont horreur d’être fixé du regard, je vois tout l’amour, toutes les peurs, toutes les joies et envies qu’un être humain porte en lui. Il y a vraiment un humain en eux ! Les gorilles n’ont juste pas les outils nécessaires pour communiquer avec nous efficacement. Même si depuis peu on a développé un langage des signes afin d’avoir un contact plus rapproché.... Et c’est d’ailleurs ce qui est utilisé entre George et Dwayne Johnson dans le film afin que l’on comprenne leur amitié, leur complicité. Ça a d’ailleurs l’autre défi de Rampage : apprendre et même d’élaborer ce langage.
