Connue pour traiter régulièrement de nombreux sujets en lien avec l'actualité et l'évolution de la société, comme la mariage homosexuel, la grossesse chez les ados, l'utilisation du poppers dans les pratiques sexuelles, le VIH, ou encore l'usage du cannabis chez les jeunes, Plus belle la vie s'apprête à s'attaquer à la question de la transidentité, qui reste encore bien trop tabou dans la fiction française.
En effet, à partir de son 3490ème épisode, diffusé ce vendredi 9 mars, le feuilleton quotidien à succès de France 3 va débuter une nouvelle arche narrative qui va s'étendre sur plusieurs semaines et développer une intrigue autour du personnage de Clara Bommel (Enola Righi), une adolescente de 15 ans récemment arrivée dans la série, qui vit dans l'ombre de son grand frère, et souffre d'un profond mal-être à cause d'une certitude qui la ronge : elle n'est pas née dans le bon corps. "Je reste jour après jour prisonnière d’un corps qui n’est pas le mien. Et quand je pense à l’avenir, je sais que je ne peux pas devenir cette femme que vous attendez, ni même une femme tout court", avoue à sa famille Clara - qui souhaite désormais qu'on l'appelle Antoine - dans un extrait mis en ligne par France 3 et visible ci-dessous.
"On est toujours en veille de ce qui se raconte dans la société", confie le producteur de Plus belle la vie Sébastien Charbit à Libération. "Et ce sujet me semble beaucoup plus actuel que le mari qui trompe sa femme". L'occasion pour les scénaristes de la série d'aborder le sujet de la "dysphorie de genre" et de mettre en scène divers points de vue, regards, et réaction des proches de Clara. "Je pense qu’on va tous avoir à un moment ou à un autre dans notre entourage un ami dont l’enfant ne se sentira pas né dans le bon corps", explique la scénariste Mélusine Raynaud. "On a voulu mettre en scène une kyrielle de regards sur cette question, à travers sa famille et son entourage, avec le moins de fantasmes, de clichés et de projections possibles. Avec, en toile de fond, cette question : l’amour de nos proches est-il inconditionnel ?".
Un sujet fort, traité avec beaucoup de pédagogie selon Libération, et que les auteurs de la série n'ont pas pris à la légère puisqu'ils se sont beaucoup documentés et ont fait appel à des associations. "On ne pouvait pas se lancer sur un tel sujet sans être précis", confie à nos confrères Marc Roux, en charge des dialogues des épisodes. Mais Plus belle la vie frappe également plus fort en faisant appel à un acteur transgenre - une première pour le feuilleton de France 3 - chose que TF1 n'avait par exemple pas su faire avec la série Louis(e), ce qui avait valu bon nombre de critiques à la première chaîne à l'époque. En effet, au cours de cette arche narrative centrée sur la souffrance et le besoin de vérité d'Antoine, les téléspectateurs de Plus belle la vie vont faire la connaissance de Dimitri, le responsable d'une association locale qui va tenter d'aider l'adolescent, et qui sera incarné par le comédien transgenre Jonas Ben Ahmed.
"Quand j’ai vu circuler l’annonce pour le casting dans un groupe Facebook privé, je me souviens avoir été heurté par certains termes", raconte Jonas Ben Ahmed à Libération. "Il y était notamment question d’un acteur ayant "fini sa transformation", ce qui ne se dit absolument pas. (...) Les termes maladroits de l’annonce m’ont agacé… Et puis je me suis dit: "Passe ce casting et va informer les gens au lieu de râler dans ton coin !". (...) Il y a des gens dans mon cas qui se sentent complètement isolés, peut-être qu’ils pourront s’identifier. J’ai connu des périodes difficiles, mais aujourd’hui je me sens profondément apaisé".
Un bel appel à la tolérance de la part de Plus belle la vie, qui on l'espère permettra de créer le débat au sein des foyers français fidèles chaque soir aux aventures des habitants du Mistral, et saura faire avancer les mentalités. Et pour aller plus loin, France 3 a également développé une web-série, "Appelez-moi Antoine Bommel", en collaboration avec le MAG LGBT.